s'may Blacksilverstone Chapitre 7 : Samir (1/3)

Chapitre 7 : Samir (1/3)

Je la regarde s’éloigner sans un mot, sans un regard, comme si je n’existais pas. Comme si tout ce qui vient de se passer n’avait été qu’une parenthèse creuse dans sa nuit.


Un frisson me traverse, et ce n’est pas le froid. C’est autre chose. Une putain de sensation que je déteste. L’impuissance. Le doute. Cette impression que quelque chose m’échappe, que je la perds et que je ne peux rien y faire. Elle n’a pas pleuré, elle n’a pas crié, elle n’a rien dit. Et c’est bien ça qui me fait flipper.


Je reste planté là quelques secondes, passant une main dans mes cheveux. J’ai envie de cogner dans quelque chose, d’expulser ce bordel qui me bouffe de l’intérieur. Il n’y a que Samia qui peut me faire ressentir ces émotions, et pourtant, elle est la seule avec qui je ne peux pas me permettre d’exploser. Mais je sais que ça ne changerait rien. Pas cette fois.


Alors je sors.


L’air glacial me fouette le visage. On est partis tellement vite de la fête qu’on n’a même pas pris nos vestes. Je referme la portière du SUV et cherche Samia du regard. Elle est assise sur un banc, genoux relevés, bras enroulés autour d’eux, regard perdu dans les lumières de la ville.


Blacksilverstone. Son enfer. Son pire cauchemar. Et pourtant, elle est toujours là.


Avant de refermer le coffre, mon regard se pose sur le plaid oublié là. Je l’attrape sans réfléchir et m’approche.


Elle ne bouge pas, ne réagit pas quand je pose le tissu sur ses épaules. Ses doigts viennent juste agripper le bord, comme un automatisme. C’est presque imperceptible, mais je le vois. Elle accepte.


Sans un mot, je m’assieds à côté d’elle.


Le silence s’installe, lourd. Mais je le préfère à un mensonge. J’attends. Je ne sais pas combien de temps passe avant qu’elle souffle enfin, d’une voix presque inaudible :


- J’aurais jamais dû revenir ici.


Son ton n’est pas colérique. Juste vide. Et ça me serre la gorge.


Je me passe une main sur la nuque, cherchant quoi dire, mais au fond, je sais que ce n’est pas de mots dont elle a besoin. Juste de quelqu’un qui reste. Quelqu’un qui ne partira pas. Alors je reste, là.


Et les souvenirs reviennent.


Plus de dix ans plus tôt


L’odeur aseptisée de l’hôpital m’a frappé dès que j’ai franchi les portes. Un mélange de désinfectant et de souffrance contenue. Mes baskets faisaient un bruit étrange sur le sol trop propre, comme si elles n’avaient rien à faire là, tout comme moi. Je traversais les couloirs, les mâchoires serrées, encore imprégné de la rage et de l’adrénaline accumulées ces derniers jours. Cinq jours s’étaient écoulés depuis l’assaut contre les White Domination, et pourtant, tout était encore vif dans mon esprit.

Les ambulanciers avaient emmené Samia loin de Blacksilverstone, dans sa ville d’origine.


Officiellement, c’était pour la rapprocher de sa famille. Officieusement, je doutais que quiconque se soit vraiment soucié d’elle là-bas.


La raclée qu’on avait infligée aux White Domination n’avait pas suffi à effacer les images gravées dans mon crâne : des corps brisés, des visages marqués par l’horreur… et elle. Samia. Recroquevillée sur ce lit crasseux, le gamin dans un carton, vêtu d’une simple couche, tremblant.


J’ai poussé un soupir en arrivant à l’étage des soins intensifs, cherchant une infirmière pour me guider. Près du poste de garde, une femme s’affairait, le chignon défait, quelques mèches blondes s’échappant en désordre. Elle paraissait fatiguée, dépassée, mais quand j’ai demandé la chambre de Samia, son regard s’est immédiatement braqué sur moi. Pour une fois, je étais vêtu de ma chemise blanche et de mon jean, et que je ne portais aucun signe distinctif d’appartenance à qui que ce soit.


Ses yeux m’ont évalué avec un mélange de méfiance et de défi. Comme si j’étais un intrus.


- Vous êtes de la famille ? Dans ce cas, vous n’êtes pas le bienvenu, a-t-elle dit d’une voix tranchante.


- Non, mais….


- Si vous êtes un journaliste, je vous préviens, je fais appeler la sécurité sur-le-champ.


J’ai plissé les yeux, agacé. Les vautours de la presse s’étaient déjà jetés sur cette histoire ? Ils cherchaient à faire de l’argent sur la souffrance d’une gamine brisée ? Pas étonnant qu’elle soit sur la défensive. Mais ce n’était pas ça qui m’énervait le plus.


- Pourquoi sa famille n’est pas la bienvenue ?


L’infirmière a hésité une fraction de seconde, puis son visage s’est refermé comme une huître.


- Si vous n’êtes pas de la famille, vous n’avez rien à faire ici.


J’ai pris une inspiration pour contenir mon agacement. Je n’étais pas venu pour me battre, juste pour m’assurer qu’ils allaient bien.


- Je m’appelle Samuel. Je fais partie de ceux qui l’ont sortie de cet enfer. Je veux juste savoir si elle est en état de parler… si elle veut bien me voir.


Elle m’a encore détaillé du regard, cherchant à lire en moi. Finalement, elle a soupiré et croisé les bras.


- Jo, s’est-elle présentée brièvement. Je suis son infirmière attitrée.


J’ai hoché la tête, soulagé d’avoir au moins une ouverture.


- Alors, Jo… comment elle va ?

Jo me scrutait encore, mais cette fois, il n’y avait plus cette méfiance froide. Plutôt une sorte d’évaluation silencieuse, comme si elle essayait de voir au-delà de mon apparence.


- Venez.


Elle s’est détournée, m’invitant à la suivre à travers le couloir. On a marché quelques mètres avant qu’elle ouvre une porte sur la gauche et me fasse signe d’entrer.


C’était une petite salle de repos, à peine éclairée, avec une machine à café poussive dans un coin, un canapé défraîchi et une table encombrée de dossiers. L’odeur du café froid et du désinfectant flottait dans l’air. Elle referma la porte derrière puis elle s’appuyer contre un casier métallique.


- Samia ne va pas bien.


Je me suis raidi.


- Qu’est-ce que ça veut dire ?


- Depuis deux jours, elle fait crise sur crise. Des crises de panique, de détresse… Parfois, elle ne parle plus du tout, elle se recroqueville comme si elle voulait disparaître.


Un nœud s’est formé dans ma gorge.


- Pourquoi sa famille n’est pas là ?


Jo a hésité. Elle avait ce regard que les gens ont quand ils savent quelque chose mais qu’ils ne peuvent pas le dire.


- Écoutez, je… Je ne peux pas entrer dans les détails. Secret médical.


- Jo, s’il vous plaît.


Moins de 3h avant la fin du concours ! ⏳ Si tu veux plus de Blacksilverstone, lâche un like et montre-moi que tu es là ! 🖤🔥 Chaque soutien compte et me motive à fond ! Et bien sûr, je passe vous lire et vous soutenir en retour, parce qu’ici, on avance ensemble ! 😉📖💪


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4 commentaires

Christy the poet

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Il y a 2 mois

Soutien 🌹

Salma Rose

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Il y a 2 mois

Petit like de soutien, n'hésite pas à liker. J'ai besoin de débloquer mon dernier chapitre, s'il te plaît. Merci d'avance. 🌹🌹

s'may

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Il y a 2 mois

Félicitations encore pour ton parcours ! 🎉 J’ai déjà tout liké et suivi ton histoire avec plaisir, et je continuerai à te soutenir même après le concours. Hâte de voir ce que tu nous réserves pour la suite ! ✨📖🔥

Salma Rose

-

Il y a 2 mois

Bravo à toi aussi et Merci également pour ton soutien qui fait chaud au coeur et à bientôt pour la suite de l'aventure. 🌹🥰
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