Fyctia

Putain de soirée de merde.

Je regarde Hakim disparaître au bout de la rue, les poings serrés. Ma mâchoire est crispée, ma respiration lente, contrôlée. J’essaie d’éteindre la colère qui me brûle encore les veines.

Ce mec refait surface après des années et prononce son prénom comme s’il en avait encore le droit. Et leur mère, malade. Comme si ça effaçait tout le reste.

J’inspire profondément. Pas ici. Pas maintenant.

Autour de moi, mes frères attendent. Travis garde les bras croisés, fixant l’endroit où Hakim a disparu. Toni, encore plus tendu, a une clope coincée entre ses doigts. Un seul mot de moi, et il part après lui. Matt, impassible, calcule déjà les alibis et les failles légales qui nous blanchiraient si ça tournait mal. Oliver, lui, reste légèrement en retrait, prêt à exécuter mes ordres. Il va être déçu.

- Tu gères le reste. On plie tout. Je veux que ce soit nettoyé avant l’aube.

- Ça marche, Sam.

Il hoche la tête sans discuter. Il est le moins gradé ici, alors il prend les corvées. C’est comme ça.

Un problème en moins. Parmi des milliers.

Je cherche Samia du regard. Elle est là, à quelques pas. Figée. Elle fixe le vide, complètement ailleurs.

Ses yeux d’habitude si vifs, sont éteints. Elle n’est plus là. Pas vraiment.

Je m’approche, mais elle ne réagit pas.

- Samia.

Rien.

Un muscle se tend dans ma mâchoire. J’ai horreur de la voir comme ça.

J’effleure ses doigts, les serre doucement dans les miens.

Elle sursaute légèrement. Son regard retrouve enfin le présent, mais il reste voilé.

- Viens.

Je ne lui laisse pas le choix. Je l’entraîne vers sa voiture, son silence me pèse, mais je le respecte. Pour l’instant.

J’ouvre la portière passager. Elle hésite. Un instant de trop. Je referme la porte, fais le tour, prenant place derrière le volant.

Silence.

Elle fixe le pare-brise, perdue dans ce putain de gouffre où je ne peux pas la rejoindre.

Je tape du bout des doigts sur le volant, jetant un coup d’œil dans sa direction.

- Tu veux parler ?

Rien. Pas un regard.

Putain.

Je tourne la clé. Le moteur ronronne doucement.

Je la fixe une dernière fois. Elle est là, juste à côté, et pourtant… à des kilomètres.

Je serre les dents.

La nuit va être longue.

Blacksilverstone est une ville qui mêle le fric et la crasse, la misère et le luxe, la vie et la mort. Un équilibre malsain, toujours à deux doigts de basculer. Je la connais par cœur. Elle ne change pas, elle s’adapte. Comme un prédateur. Ceux qui n’ont pas les épaules se font broyer. Les autres… finissent par faire partie du système, d’une façon ou d’une autre.

Moi, je ne suis pas né ici. Travis m’a ramené après l’armée, à une époque où j’avais plus de cicatrices que de projets. J’ai saigné pour ma place, j’ai bâti mon royaume.

Mais ce soir, alors que je roule vers les hauteurs, loin du vacarme des bas-fonds, ce n’est pas la ville qui occupe mes pensées.

C’est elle. Samia.

Assise à côté de moi. Ailleurs.

Dans cette putain de soirée de merde. Dans l’ombre d’un frère qu’elle croyait mort. Dans l’image qu’elle s’est faite de moi et Jade.

Blacksilverstone défile sous nos yeux. Ses lumières artificielles clignotent comme des vérités qu’on trafique.

J’accélère.

Là-haut, sur les hauteurs, on pourra peut-être enfin parler. Mettre les choses à plat.

La route serpente entre les collines. Le silence s’installe. Samia fixe le pare-brise, les bras croisés, enfermée dans ses pensées. Je la connais assez pour savoir que ce n’est pas bon signe.

Le SUV grimpe lentement. De là-haut, Blacksilverstone s'étale sous nos yeux, un chaos d’immeubles et de lumières vacillantes. La ville ne va pas tarder à s’endormir, mais ici, loin du bruit, tout semble figé.

Je coupe le moteur.

Samia ne bouge pas tout de suite. Son regard glisse sur l’horizon, puis elle tourne la tête vers moi, interrogative.

- Pourquoi tu m’as emmenée ici ?

Je hausse les épaules.

- J’avais envie de prendre un peu d’altitude.

Elle ne répond pas, mais son expression se détend légèrement.

J’ouvre la portière et sors du véhicule. L’air est plus frais ici, chargé d’une odeur de pin et de terre humide. Je fais le tour pour ouvrir la sienne. Elle hésite, puis finit par me suivre.

Je contourne la voiture et ouvre le coffre.

- Viens.

Elle fronce les sourcils, mais je vois la curiosité remplacer l’agacement dans ses yeux.

D’un geste, je rabattis les sièges arrière du SUV. L’espace se transforma en un coin d’observation improvisé, avec le toit panoramique offrant une vue dégagée sur l’immensité du ciel.

Samia hésite un instant, puis monte à l’arrière et s’installe sur le plaid que j’ai sorti. Je la rejoins, allongé à côté d’elle, les mains croisées derrière la tête.

Moins de 48h avant la fin du concours ! ⏳ Si tu veux plus de Blacksilverstone, lâche un like et montre-moi que tu es là ! 🖤🔥 Et bien sûr, je passe te lire et te soutenir en retour, parce qu’ici, on avance ensemble ! 😉📖