s'may Blacksilverstone Prologue : Samir

Prologue : Samir

Il y a douze ans de cela.


Blacksilverstone. Ce nom claque comme une promesse. Une promesse de ténèbres et de désolation. Cette ville, gangrenée par sa propre violence, s’effrite lentement sous le poids de sa corruption. Une violence si enracinée qu’elle semble battre au rythme de son cœur pourri.

Mais ce soir, Blacksilverstone allait enfin trembler pour de bon. Nous n’étions pas là pour parlementer, ni pour négocier. Nous étions là pour frapper fort, pour trancher la tête du serpent. Rien ni personne ne pourrait nous arrêter. Pas même la loi.


Le rugissement des moteurs de nos bécanes résonnait encore dans le lointain, comme une note finale de défiance. À travers le casque, j’entendais Alexandre fredonner un vieux tube des années 80, complètement décalé avec l’ambiance.

— Eye of the Tiger... Sérieusement ? grognai-je, agacé mais amusé.

Il haussa les épaules en riant.

— Faut bien détendre l’atmosphère, non ?

— Vous avez fini vos conneries ? Ce soir, c’est sérieux, intervint Joseph, notre Président.

Travis se racla la gorge, adoptant une expression faussement solennelle. David, notre vice-président, toujours impassible, marmonna quelque chose sur le professionnalisme. Nous étions unis, malgré nos différences, malgré nos désaccords. Joseph, David, Toni, Travis, Matt, Alexandre, les trente-cinq autres Lords Riders et moi. Unis par un code que seuls nous comprenions.


Ce soir, c’était une mission. Une nécessité. Nous allions abattre ces ordures de White Domination, ces suprémacistes qui empoisonnaient notre ville depuis bien trop longtemps.

La bâtisse se dressait à l’extérieur de Blacksilverstone, imposante et sinistre. Une véritable forteresse. Les néons rouges sur la façade ajoutaient une touche grotesque, comme si ces monstres se prenaient pour des seigneurs du mal.


— On y est presque, dis-je. On descend ici et on continue à pied. Pas un bruit.

Joseph acquiesça et transmit l’ordre. La tension dans l’air était palpable. Bien que Joseph soit notre Président, il m’avait confié les rênes pour cette mission en raison de mon expérience militaire. Un honneur que je ne prenais pas à la légère.

— Ce bâtiment ressemble à un putain de mausolée, murmura Alexandre, incapable de se taire.

— On ne fait pas de tourisme, répliquai-je sèchement.

Les rires s’estompèrent alors que nous avancions, silencieux comme des ombres. La porte métallique céda sous un coup sec de Joseph. L’écho résonna, sinistre. Une forteresse, mon cul.

— Et voilà, on est officiellement annoncés, marmonna Alexandre.

L’air était lourd, saturé de moisissure et de fumée de cannabis. Chaque pas révélait un peu plus l’immondice de ce lieu. Des cris étouffés et des rires gras résonnaient dans les couloirs.


Soudain, un coup de feu. Puis un deuxième. Le chaos éclata. Ces chiens de la casse déboulèrent, armés jusqu’aux dents : battes, couteaux, armes et fusils semi-automatiques.

— On se sépare ! Trois groupes ! hurlai-je. Pas de pitié.

Le combat fut brutal, chaotique. Chaque coup porté était guidé par une rage froide. Toni se battait avec une précision chirurgicale, tandis qu’Alexandre usait de son expérience dans les forces de l’ordre pour neutraliser rapidement ses adversaires. Travis, fidèle à lui-même, fonçait tête baissée, tranchant et brisant tout sur son passage.

Je me retrouvai face à un colosse tatoué de croix gammées. Il riait, sûr de sa victoire, mais il perdit vite son sourire quand mon couteau effleura son flanc.

- Tu vas payer pour ça, grogna-t-il.

- Pas aussi cher que toi, répondis-je avec un sourire glacial.


Les minutes s’étiraient, semblables à des heures. Le sang coulait en ruisseaux, les cris résonnaient à travers le bâtiment, et l’air s’emplissait d’une odeur métallique insupportable. Un hurlement soudain me tira de mes pensées. Je me retournai juste à temps pour voir David s’effondrer au sol, une balle logée en plein cœur.

- NON ! rugit Joseph, sa voix brisée par la douleur.

Nos regards se croisèrent. Il n’avait pas besoin de parler pour que je comprenne ce qu’il attendait de moi. Sans hésiter, j’empoignai mon couteau, l’enfonçai dans le flanc de mon adversaire, puis dans son cœur. D’un geste rapide, je laissai Alexandre et Travis couvrir nos arrières et me lançai à la poursuite de Joseph.

Nous atteignîmes le bureau du chef des White Domination, Michael Declane. Il nous attendait, assis derrière son bureau, les mains croisées et un sourire narquois étirant ses lèvres.

- Alors, on dirait que ton vice-président n’était pas si invincible que ça, ricana-t-il.

Joseph, tremblant de rage, serra son arme.

- Répète ça, gronda-t-il.

Un coup. Puis un deuxième.

Declane s’écroula, son sourire effacé pour de bon. Pourtant, le goût de la victoire était âcre, empoisonné par la perte de David.

Sans un mot, Joseph attrapa Declane par la cheville et traîna son corps sans vie jusqu’à la grande salle où le combat faisait encore rage. Il jeta le cadavre aux pieds des derniers membres des White Domination. Face à la carcasse de leur leader, même les plus récalcitrants baissèrent leurs armes.

— On les regroupe dehors, grogna Joseph. Pas question qu’un seul d’entre eux nous échappe.


Avec Travis, Toni et quelques autres frères, nous ratissions le bâtiment. Ce que nous découvrîmes dépassait tout ce que nous avions imaginé.

Des armes, en quantité suffisante pour déclencher une guerre. Des stocks de drogues capables d’empoisonner des milliers de vies. Mais le pire nous attendait dans les sous-sols.

Une pièce lugubre, glaciale, où des corps étaient entassés à même le sol. Des femmes, brisées, marquées par des coups. Des visages tuméfiés, des regards éteints. Ces femmes étaient des esclaves sexuelles, réduites à l’état d’objets.

Matt et Alexandre se précipitèrent pour leur porter assistance pendant que nous continuions à explorer. Dans les pièces adjacentes, d’autres horreurs nous attendaient.

Des hommes, battus jusqu’à ce que leur volonté soit brisée. Certains, déjà morts, gisaient dans leur sang. Les survivants, eux, portaient les stigmates de tortures innommables. Leurs yeux, vides, ne reflétaient plus rien, comme si leur humanité leur avait été arrachée.

— Mon Dieu… souffla Toni, incapable de détourner le regard.


Et puis, dans une autre pièce, ce fut encore pire.

Une jeune fille, nue, attachée sur un matelas crasseux. Elle portait sur son corps les traces de jours, de mois… peut-être même d’années de souffrance. Juste à côté d’elle, un bébé pleurait faiblement dans une boîte en carton.

Joseph entra à son tour. Son regard, dur et impénétrable, trahissait une colère qu’il contenait à grand-peine.

— C’est fini, murmura-t-il en s’agenouillant près de la jeune fille. Vous êtes en sécurité maintenant.


Je repérai un drap abandonné dans un coin de la pièce et le saisis pour couvrir son corps meurtri. Elle était si frêle, si fragile, que j’avais peur de la blesser davantage en la touchant.

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18

18 commentaires

sarahRachel777

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Il y a 2 mois

j'aime beaucoup les vocabulaire que vous utilisez, et le début es très captivent, je m'empresse de lire la suite.

Monimoni-ka

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Il y a 2 mois

Un début qui nous plonge directement dans l'univers violent des gangs. La tension est bien retranscrite et la découverte des otages est saisissante sans tomber dans le gore inutile. Je trouve que la mort de David apporte du réalisme au combat. Un bon texte 😊

Hyper Super Eby (Eby)

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Il y a 2 mois

\ Un premier chapitre tres intense. Ca plume nous fait vire les aventures de tes personnages et l'horreur qu'ils découvrir j'ai hate de vrai ce que nous réserve lasuite 😁 N'hésites pas si b coeur t'en dit à jeter un petit coup d'oeil à nor histoire ^^

s'may

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Il y a 2 mois

"Oh merci beaucoup pour ton retour, ça me fait super plaisir ! 🥰 Je suis ravie que l’intensité du premier chapitre t’ait plu, j’espère que la suite te plaira tout autant ! 😁 Avec plaisir, je passerai lire votre histoire dès que possible ! ✨📖"

Théna

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Il y a 2 mois

Excellent début, ça part sur les chapeaux de roues !

s'may

-

Il y a 2 mois

"Oh merci beaucoup ! 🥰 Ça me fait super plaisir que le début t’ait plu ! J’espère que la suite sera à la hauteur. 😁✨"
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