Gottesmann Pascal Bien sous tous rapports Agression

Agression


Il est pas loin de 11 h du matin à Lisognan et Viviane, avec son énergie habituelle, va trouver Marianne qui étudie dans le salon


— Ma chérie, tu peux me rendre un service ?


— Bien sûr tata, qu’est ce que tu veux ?


— Que tu ailles pour moi à la supérette à cinq minutes à pied, j’ai presque plus rien dans le frigo alors si on veut manger à midi il faut y aller tout de suite. Et, dans dix minutes, je dois retrouver mes élèves en visio pour une heure. Ils sont pas aussi sérieux que toi ma chérie et faut qu’ils voient la maitresse de temps en temps pour pas perdre totalement pied. Et, comme ton petit frère est du même niveau qu’eux, il va profiter lui aussi.


— Bien sûr tata, je vais chercher un blouson et un masque. Et ça va faire du bien à Valentin d’avoir ce cours, ça lui manquait de voir sa maitresse et ses copains en visio.


— Merci Marianne. Tu vas voir, ça va te faire du bien de prendre un peu l’air. En plus il fait un temps superbe. Tu sais où est la supérette ?


— Bien sûr, j’y suis allé des dizaines de fois. Tu n’as qu’à me faire une liste.


— Et accessoirement te passer de l’argent.


— Trois bouches de plus à nourrir ça doit vous couter cher. Il faut qu’on paye notre quote part. D’autant plus que vous nous logez.


— T’inquiète pas pour ça ma chérie, ta mère et ton oncle se sont déjà arrangés. Et puis on ne va pas vous laisser à la rue sans manger.


Marianne est agréablement surprise quand elle sort. Il fait doux en cette mi avril et le blouson en jean est presque de trop. Une petite brise légère vient lui chatouiller la partie du visage non recouverte par le masque. Elle a son attestation en poche, avec une adresse qui est nouvelle pour elle. Ça pourrait être une belle journée de printemps ordinaire. Comme on est samedi, elle aurait même pu se promener main dans la main avec Diego s’il était resté son chéri. Mais elle souvient que le Covid n’y est pour rien dans leur séparation. Ne plus être la querida de personne est une raison suffisante, à ses yeux, d’en vouloir à son géniteur.


Vu la liste conséquente , les courses n’étaient pas un luxe et Marianne parcourt la supérette à la recherche de viande, légumes et autres paquets de pâte ou bouteille d’huile. Elle est admirative des talents de sa tante en calcul mental puisque, à trois euros près, Viviane a donné le compte parfait pour les courses.


C’est tout sourire que Marianne sort de la supérette quand elle entend une voix masculine particulièrement agressive juste à côté d’elle.


— Ho mon pote regarde, y a la blondasse juste là.


Il y a deux solutions, ou bien presser le pas et s’en aller ou bien affronter l’agresseur…ou plutôt les agresseurs puisque le mec s’adressait à un copain. L’ancienne Marianne n’aurait pas fait de vague mais, à présent, elle est décidée à ne pas baisser la tête.


— C’est de moi que tu parles ? demande t’elle en se retournant.


Les deux mecs, sans masque, ont l’air d’avoir son âge plus ou moins, des lycéens. Il n’y a pas de témoins dans ces rues vidées en temps de pandémie. C’est vraiment entre elle et eux.


— Ouais c’est de toi la petite princesse de mes couilles sort son copain. Tu fais l’intéressante en mettant le masque alors que tu te fous du confinement.


— Vous savez rien alors fermez la. J’ai sauvé la vie de ma mère.


— Ta mère a mérité les baffes de ton père et si tu continues de faire la maligne on va t’apprendre à respecter les hommes.


— Putain mais je le crois pas. Je pensais que les jeunes mecs avaient compris.


— Ouais, on a très bien que les meufs ont trop pris la confiance depuis mee too. On peut plus rien faire, même pas draguer.


— Bien sûr qu’on peut draguer, à condition de rester respectueux.


— Mec respectueux ? C’est comme ça que t’appelles les lopettes ? Un mec avec des couilles sait se faire respecter par les nanas. Et il n’attend pas qu’elles disent oui.


C’est toujours le même qui parle, celui qui avait reconnu Marianne. Son copain se contente de rigoler bêtement. Marianne, bien décidée à ne prouver qu’elle n’est pas courageuse que dans les interviews décide de lui faire face. L’adversaire est plutôt petit, à peine plus grand qu’elle mais solidement bâti. Mais Marianne n’a pas peur et, lâchant ses paquets elle serre les poings. Le masque recouvre toujours son visage mais elle pense que les yeux sont assez expressifs.


— Mais c’est qu’elle s’engraine la petite bourgeoise dit son adversaire d’un ton moqueur. Elle pense me faire peur.


À force de se concentrer sur le même mec, Marianne en oublie qu’ils sont deux. L’autre en profite et, passant dans son dos, fait voltiger son masque. Ensuite tout va trop vite. Le jeune derrière elle plaque son corps contre le sien et la tient par la taille. L’autre se jette sur elle et lui vole un baiser violent. Marianne sent une odeur inconnue dans l’haleine de son agresseur. Elle ne sait pas ce que c’est mais se doute qu’il s’agit de cannabis. Ce mec est complètement déshinibé mais ça n’excuse rien. Ce moment cent fois pire que le baiser forcé d’Enzo en novembre dernier. Il avait à peine duré plus d’une seconde alors que celui ci lui parait interminable.


Marianne essaye de crier et se tortille comme une anguille pour se libérer mais n’y arrive pas. Elle n’est pas faible mais le mec derrière elle doit faire une fois et demi son poids et elle se trouve prisonnière. Le baiser dure beaucoup trop longtemps. Peut être vingt ou trente secondes. Jusqu’à ce qu’elle ait l’idée de mordre cette langue brutale qui s’immisce dans sa bouche. Un cri aigu se fait entendre et l’agresseur recule immédiatement.


— Pour un mec si fier d’avoir des couilles tu couines comme une gonzesse, ne peut pas s’empêcher de commenter Marianne avant d’éclater de rire.


— Lâchez la espèces de petits cons, lâche alors une voix féminine puissante dans le dos des jeunes. Marianne se doute qu’il s’agit de la caissière qu’elle avait quitté il y a moins de cinq minutes.


La quadragénaire grande et musclée est assez impressionnante pour que les jeunes détalent et Marianne reprend peu à peu sa respiration.


— Ça va ? Qu’est ce qu’ils t’ont fait ? s’inquiète la caissière.


— On s’est juste violemment engueulés avant qu’un des deux ne m’embrasse de force mais c’aurait été bien pire si vous n’étiez pas intervenue, merci.


— Quand j’avais ton âge, au milieu des années 90 il fallait la fermer et faire profil bas devant les garçons mais, heureusement, c’est fini.


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26 commentaires

Leo Degal

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Il y a 7 jours

Elle n'a vraiment pas de chance, Marianne, de tomber justement sur des abrutis. Mais elle s'en est bien sortie.

Gottesmann Pascal

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Il y a 7 jours

Pour le moment elle d'en sort bien grâce à la caissière.

SOLANE

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Il y a 19 jours

Je trouve que ce chapitre décrit et montre très bien comment certains, malheureusement, interprètent à leur façon bien tordue le mouvement "me too".

Gottesmann Pascal

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Il y a 19 jours

Ben il y a eu un contre mouvement masculiniste suite à mee too c'est notoire.

Eva Boh & Le Mas de Gaïa

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Il y a 24 jours

Rho mais les arriérés !!!

Gottesmann Pascal

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Il y a 19 jours

À ce niveau ce sont des Cro magnons. Pardon aux Cro magnon.

Marie Andree

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Il y a 25 jours

Ah la fameuse scène... Quels affreux ceux-là... 😢

Gottesmann Pascal

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Il y a 25 jours

Et c'est pas fini.

Carl K. Lawson

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Il y a 25 jours

😉👌🏾
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