Gottesmann Pascal Bien sous tous rapports Chez les gendarmes

Chez les gendarmes

Une quinzaine de minutes plus tard, Marianne et Viviane se trouvent au poste de gendarmerie. C’est la brigadière Tramont, qui avait entendu Clotilde et Valentin juste après l’arrestation, qui les reçoit.


— Malgré le masque je reconnais que vous n’êtes pas Clotilde Jonquier de Frissac, dit elle à Viviane. Bonjour madame Pellegrin, contente de vous voir.


— Bonjour Mélissa, répond Viviane, moi aussi je suis contente mais ça me ferait quand même plus plaisir de te rencontrer ailleurs que dans ce commissariat.


— Vous vous connaissez ? s’étonne Marianne.


— La brigadière Tramont a été mon élève en CE2 il y a tout juste vingt ans. Depuis, elle a fait du chemin. Et, ajoute t’elle en s’adressant à la gendarme, j’accompagne ma nièce pour porter plainte.


— J’ai pas voulu inquiéter ma mère plus qu’elle ne l’est déjà, ajoute l’adolescente, mais la visite à la gendarmerie est nécessaire, continue l’adolescente. Je suis victime d’un acharnement sur les réseaux sociaux et quelqu’un a mis en ligne une vidéo humiliante de moi.


La brigadière Tramont découvre la vidéo avec consternation, et peut aussi constater le nombre de commentaires insultants. Il y a, en effet, quelque chose à faire. Déjà, au plus vite, faire retirer la vidéo des réseaux sociaux. Connaissant parfaitement l’informatique elle sait quelle opération elle a à faire pour demander le retrait d’une vidéo et promet à Marianne que ce sera fait très vite.


— Je suppose que vous voulez aussi porter plainte contre votre ancien camarade mademoiselle, ajoute t’elle en se tournant vers Marianne. Il est mineur mais bien assez âgé pour qu’on lui fasse comprendre qu’il y a des limites à ne pas dépasser en matière de harcèlement en ligne.


— Je suis bien d’accord avec vous brigadière, confirme Marianne. D’autant plus que je suis certaine qu’il s’en prendra à mes amies les plus proches et à mon ancien petit copain puisqu’ils sont tous dans sa classe. Mon harceleur s’appelle Enzo Jaronat. Je ne connais pas son adresse mais en vous adressant à madame Vitreuil qui était notre conseillère d’éducation au lycée Robert Desnos à Brangone, vous l’obtiendrez certainement.


— Et est ce que vous savez pourquoi ce camarade vous en veut personnellement ?


— Enzo m’a draguée dès qu’on s’est connu, c’est à dire à la rentrée de septembre, mais il ne m’a jamais plu. Je sentais d’instinct que c’était pas un mec bien. Je l’ai repoussé d’abord avec diplomatie puis beaucoup plus sèchement quand il est revenu à la charge en se montrant lourd. Il a été vexé, et, en novembre, a tagué des messages dégradants me concernant sur les murs du lycée. Avant d’aller le dénoncer aux surveillants je me suis fait justice moi même en le giflant devant tout le monde. Ensuite ça a été la guerre jusque fin décembre. Ça a fini par cette scène. Je pensais qu’il avait retenu la leçon en étant exclu une semaine mais, apparemment, ce n’est pas le cas.


— Comme vous dites, mademoiselle ça n’a pas été le cas. Il y a des gens qui ne comprennent que la manière la plus forte. Je peux vous jurer que je vais tout faire pour que cet ado mal élevé arrête de harceler une camarade parce qu’elle n’a pas voulu de lui. Vous êtes pas gâtée entre cet Enzo et Émilie Grangier.


— Émilie qui ? demande Viviane avec un sourire sarcastique. Ma nièce et moi ne connaissons pas cette personne.


— Vous n’avez pourtant pas fini d’entendre parler d’elle pourtant, commente la gendarme. Je ne suis pas dans la brigade depuis très longtemps mais ça ne m’empêche pas de commencer à bien connaitre cette journaliste. Maintenant qu’elle a trouvé le bon filon, ne comptez pas sur elle pour le lâcher.


Il est près d’une heure du matin quand la tante et sa nièce sortent de la gendarmerie. Elles ne s’attendent pas, au retour, à avoir un véritable comité d’accueil avec les trois autres occupants de la maison réunis dans le salon


— On a essayé d’être discrètes en partant, commente Viviane, mais, visiblement, on a réveillé tout le monde.


— C’est moi qui ai réveillé tout le monde, corrige Clotilde. J’ai voulu voir comment dormait ma fille, je ne l’ai pas vue dans son lit ni ailleurs et je me suis affolée.


— C’est, en bas, que j’ai vu le mot que tu as laissé Viviane, continue Stanislas, et on a été rassurés. Enfin pas complètement. Qu’est ce que vous êtes allées faire à la gendarmerie.


— Porter plainte contre un mec de ma classe qui, non content de m’insulter sur les réseaux sociaux a mis en ligne une vidéo humiliante. Heureusement qu’elle va très vite être retirée.


— Quelle vidéo ? demande alors Clotilde d’une voix blanche.


— Je ne pense pas que tu aies envie de la voir maman, répond Marianne.


— Ne surprotège pas ta mère, ma chérie, intervient Stanislas et raconte nous cette vidéo. Ou mieux, montre la nous puisqu’elle n’est certainement pas encore retirée des réseaux.


Marianne sait qu’elle va faire pleurer Clotilde mais ne se sent pas la force de s’opposer aux adultes. Elle montre donc la vidéo en question et même Valentin, dans les bras de sa mère, la voit.


— Ce merdeux avait fait filmer la scène où il humilie ma fille, lâche Clotilde dans un murmure à peine audible. Des gens du monde entier insultent ma princesse derrière leur écran. Mais quand est ce que ce cauchemar va prendre fin ? Ça ne fait que deux jours et je suis déjà en train de craquer.


La mère de famille éclate alors en sanglots et ses deux enfant l’entourent pour lui donner force et affection. Ensuite Marianne prend son frère par la main pour le mener à sa chambre à l’étage. Sentant Valentin stressé, et il y a de quoi, elle reste près de lui et le borde.


—C’est bien que tu sois allée chez les gendarmes. Faut pas te laisser insulter comme ça sans rien faire.


— Qu’est ce que tu crois petit frère, je suis une guerrière et c’est pas Enzo qui va me faire peur. Par contre, toi et moi, il va falloir qu’on prenne soin de maman.


— Elle est tout le temps triste et ça me plait pas.


— Moi non plus, ça me plait pas du tout. Mais je suis sûre que, dès demain il va enfin nous arriver des bonnes choses.


— Demain, dit Valentin en regardant son réveil, c’est tout à l’heure parce qu’il est plus d’une heure du matin.


— T’as raison, et c’est pas une heure pour être encore debout à ton âge. Allez bonne nuit petit frère. Nous deux, au moins, on va réussir à dormir. Malheureusement, ça risque de ne pas être le cas pour les adultes. Surtout pour maman.


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7 commentaires

Leo Degal

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Il y a un mois

Pauvre Clotilde... Une décision au départ bien nécessaire, et puis tout s'emballe derrière et prend des proportions absurdes. Espérons que cette petite famille va bientôt trouver des alliés.

Gottesmann Pascal

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Il y a un mois

Il le faut et ça urge parce que les nerfs de Clotilde ne vont pas tenir bien longtemps.

Marie Andree

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Il y a 2 mois

Une bonne chose de faite ! Mais c'est sûr que pour Clothilde c'est pas facile à gérer... J'espère que ça va vite se calmer...

Gottesmann Pascal

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Il y a 2 mois

Les nerfs de Clotilde vont être mis à rude épreuve.
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