Fyctia
Punching ball
Dans les combles poussiéreuses l’adolescente blonde découvre un punching ball accroché au plafond qui semble attendre qu’elle passe ses nerfs sur lui. Elle enfile les gants ayant appartenu à ses cousines, qui lui vont parfaitement et commence à taper de toutes ses forces. Quand elle ne pense plus à Émilie Grangier elle se met à penser à son père et ça la rend encore plus violente.
Soudain, alors que Marianne est en sueur, elle entend son portable qui sonne et, le temps d’enlever ses gants, ne peut répondre à l’appel. Elle voit que celui ci provenait de Diego et rappelle son ex petit ami.
— Salut Diego. Comment ça va ?
— C’est à toi qu’il faut le demander. J’ai eu du mal à reconnaitre mon ancienne chérie dans cette fille dont on parle depuis deux jours
— Toi aussi t’as lu les articles sur le site News de Provence ? J’ai envie de trucider cette journaliste.
— Tu ne connais que les articles ? C’est loin d’être le pire. Ton nom est devenu tendance sur les réseaux sociaux.
— Et j’imagine qu’on ne dit pas que des choses sympas sur moi. Derrière leur ordi ou leur téléphone, les gens doivent être ravis de être ravis de se payer la bourgeoise.
— Comme tu dis. Même certains copains de lycée s’y mettent. Ils te connaissent pourtant.
— C’est toujours agréable à entendre. Mais j’espère que tu me crois, toi, si je te dis que j’étais obligée d’agir comme je l’ai fait.
— Oui, je te crois. Parce que, je connais ton père et je sais quel genre d’homme il peut être dans le cercle privé. Jamais de ma vie j’avais été victime de mes origines avant qu’il ne me chasse en m’interdisant de te revoir. Je pensais que, venant d’Europe, je ne serais pas victime de racisme.
— C’est pas les origines Diego, c’est la classe sociale. T’aurais fait partie de la famille royale espagnole il t’aurait déroulé le tapis rouge.
— Je sais ce qu’il me reste à faire, demander au roi Felipe de m’accepter comme neveu ou même cousin éloigné. Je peux être assez persuasif quand je veux.
Marianne sourit mais n’oublie pas l’évocation des messages sur les réseaux sociaux. Elle ne s’y était pas connectée depuis la veille alors qu’elle aurait du deviner que les cancans de Grangier y seraient largement commentés. Elle était tellement sur les nerfs, tout à l’heure qu’elle n’avait même pas songé à regarder les commentaires sous le second article, ce qu’elle avait fait après la lecture du premier.
— Et sur les réseaux ? demande t’elle.
— Je suis pas sûr que tu veuilles entendre ce qui y est écrit.
— T’inquiète, un peu énervée plus ou un peu moins ça ne fera pas une grande différence. Tu sais ce que je faisais quand tu m’as appelé ? Je me déchainais sur un sac de frappe. Quand je ne pensais plus à la journaliste je pensais à mon père et les coups devenaient encore plus violents. Le temps d’enlever les gants j’ai loupé ton appel.
— Marianne boxeuse ? J’aimerai bien voir ça. Ça doit te changer de la danse classique que tu faisais jusque là.
— C’est sûr qu’elle est un peu loin la ballerine toute jolie et gracieuse. Mais, après ce que mon père a fait à ma mère je veux me protéger et la protéger. Donc, dès le déconfinement, je compte bien apprendre à me battre.
— T’aurais du me le dire plus tôt, je fais du judo depuis dix ans, j’aurais pu t’apprendre deux ou trois trucs.
— Je pense qu’un corps à corps avec toi aurait été plus sensuel que violent. Diego…j’ai été heureuse avec toi. Et tu resteras toujours mon premier amoureux.
— Moi aussi j’ai été heureux avec toi querida, et toi aussi t’étais la première. Courage Marianne. N’hésite pas à m’appeler si tu as besoin. Et, si je comprend bien, tu vas rester dans le sud donc on ne va pas se revoir au lycée après le déconfinement.
— Tu comprends très bien, donc profite bien de la première place. De toute façon tu disais toujours que c’était moi la première pour me faire plaisir mais je sais que ta moyenne générale était meilleure que la mienne. Même Estelle me battait régulièrement.
C’est sur un petit éclat de rire que Diego raccroche. Marianne est de meilleure humeur mais veut quand même savoir ce qui est dit sur les réseaux sociaux Elle se dit qu’il va falloir qu’elle se déplace parce que la wifi ne doit pas être disponible dans le grenier. Erreur, elle l’est et l’adolescente constate que l’affaire du trajet vers Lisognan fait partie des sujets tendance du moment. Beaucoup plus que sa mère, c’est d’ailleurs elle qui est la cible des attaques des internautes.
Non mais pour qui elle se prend la petite blondasse. Qu’elle reste dans son château au lieu de tous nous mettre en danger
Ils ont sorti Barbie confinement et je risque pas de l’offrir à ma gamine.
Jamais pu supporter ce genre de meufs. Rien qu’à voir sa photo on comprend qu’elle se sent supérieure aux autres.
Le genre de petite nana post meetoo qui gueule à la tentative de féminicide dès la première baffe. Je suis sûr que la mère avait bien cherché les coups.
Marianne est dans ma classe au lycée, c’est une connasse prétentieuse qui allume tous les mecs. Bien content si je ne revois plus cette pute.
Comme Marianne s’y attendait, le dernier message vient d’Enzo, le garçon de sa classe qui avait tagué, sur les murs du lycée, qu’elle suçait aux toilettes. Si Diego tombe sur ce message, il va lui faire passer l’envie de me traiter de pute, se dit alors l’adolescente plus énervée que jamais. Quant à être une blondasse, au moins sa blondeur est naturelle contrairement à celle de cette garce de journaliste décolorée. Elle continue la lecture des messages insultants et sa rage revient encore plus forte. Enfilant à nouveau ses gants elle cogne sur le punching ball en hurlant de rage et recommence encore et encore jusqu’à perdre son souffle. Après avoir repris sa respiration elle retourne rapidement au combat contre ses ennemis réels et virtuels.
— Qui êtes vous mademoiselle, et qu’avez vous fait de ma nièce si calme et posée ?
Marianne entend, dans son dos la voix grave et profonde de Stanislas qui se trouve à l’entrée du grenier.
— Tonton ? Mais il est quelle heure ?
—Vingt heures passées. Ça fait plus une heure et demie que tu t’acharnes sur ce malheureux sac. Alors, pour passer complètement tes nerfs il va falloir que tu verbalises.
7 commentaires
Leo Degal
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Il y a un mois
Gottesmann Pascal
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Il y a un mois
Eva Boh & Le Mas de Gaïa
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Il y a 2 mois
Gottesmann Pascal
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Il y a 2 mois
Marie Andree
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Il y a 2 mois
Gottesmann Pascal
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Il y a 2 mois