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Ravi, Valentin offre à sa mère l’un des sourires éclatants dont il a le secret et qui feraient fondre n’importe qui. Je parie que, dans moins de dix ans, des filles vont se crêper le chignon pour les beaux yeux de mon petit frère, pense Marianne en observant la scène. Mais elle aimerait aussi savoir ce que sa mère et sa tante paternelle se sont dit.
— Et avec tatie Nathalie ? Qu’est ce que vous vous êtes dit ?
— Oh la conversation a été très intéressante, dit Clotilde avec dérision. Vu que j’ai refusé de retirer ma plainte ton père estime que la guerre est déclarée. Tu te souviens quand j’ai eu ma période dépressive juste après la naissance de Valentin ?
— T’étais triste parce que j’étais né maman ? demande le petit d’une voix incrédule.
— Mais non mon grand, ta naissance a été un magnifique évènement. J’étais triste pour d’autres raisons et j’avais vu un collègue de tatie Nathalie pour aller mieux. Ça a d’ailleurs très bien marché.
— Et moi, même si j’étais petite, je me souviens très bien de cette période ajoute Marianne. Mais, à l’époque tu as prouvé que tu étais forte.
— Merci ma fille chérie mais ton père veut utiliser ce passage à vide pour à son avantage pour me faire passer pour une femme instable. Il voulait que sa sœur lui transmette mon dossier médical de l’époque. Heureusement que Nathalie a été solidaire avec moi et a refusé à votre père de lui apporter l’aide qu’il demandait.
— Visiblement je ne suis pas la seule tante a être super dans cette famille réagit Viviane qui a entendu la fin de la conversation. Ça fait du bien un peu de solidarité féminine dans cette affaire.
L’après midi se passe paisiblement jusqu’à dix-sept heures, Marianne, qui était en train de profiter de la vaste bibliothèque de Viviane et Stanislas voit débarquer sa mère en trombe.
— Qu’est ce que tu as raconté ce matin à la journaliste espèce de petite inconsciente.
— La vérité répond l’adolescente surprise par la réaction maternelle. Notre vérité, la tienne comme la mienne. L’interview s’est d’ailleurs très bien passée je t’assure.
— Je confirme, dit Viviane en arrivant essoufflée derrière sa belle-sœur. J’ai assisté à l’interview puisque j’étais dans la même pièce et Marianne a été parfaite. C’est cette fouille merde de journaliste qui a complètement déformé les propos de ta fille.
— Fouille merde ? Pour que tata Viviane s’oublie à ce point il faut que l’article soit horrible.
— Je te préviens ma chérie, répond la tante, il va falloir te boucher le nez pendant la lecture et que tu te désinfecte les mains après. Je t’apporte du gel hydroalcoolique.
Prévenue Marianne sort son téléphone et se connecte sur le site News de Provence. En première page elle trouve son portrait avec le haut qu’elle porte toujours, visiblement Émilie Grangier a fait une capture d’écran lors de leur conversation en visio.
Marianne Jonquier de Frissac, l’adolescente conductrice, avait été assez peu satisfaite de l’article que j’avais rédigé hier. Effectivement il aurait mieux valu, pour cette jeune fille bourgeoise et sa mère que leurs turpitudes restent secrètes. Je lui ai donc laissé la possibilité de me donner sa version des faits que je vous livre.
D’après elle son attitude irresponsable était un geste de survie puisque son père risquait de tuer sa mère d’un jour ou l’autre. Bien évidemment il était impossible de partir avant puisque, par un horrible coup du destin, les coups réguliers ont précisément commencé au début du confinement. Ce qui est certain c’est que Marianne Jonquier de Frissac a des comptes à régler avec son père et qu’elle se complait à le présenter comme un tyran domestique. C’est normal à son âge et on appelle ça une crise d’adolescence. Sauf que, habituellement, les ados en crise se contentent de claquer les portes et ne font pas des centaines de kilomètres en voiture sans le permis en mettant en péril la vie des autres.
Une autre chose est sûre, c’est que Marianne Jonquier de Frissac est déjà très consciente de ses privilèges et ne se considère pas comme une citoyenne ordinaire et ne s’est pas gênée pour réutiliser le nom de famille Belkacem, trouvé dans un commentaires de mon article de la veille. Elle m’a très sérieusement expliqué que l’épouse maghrébine vivant en HLM aurait eu des dizaines de témoignages en cas de violence domestique alors que sa pauvre mère a son premier voisin a des centaines de mètres. C’est sûr que les pauvres qui vivent entassés avec leurs familles nombreuses dans des cages à lapin ne connaissent pas leur bonheur. Ils devraient se réjouir au lieu de se plaindre bêtement.
En somme, cette jeune fille et sa mère utilisent honteusement ce fait divers pour laver publiquement leur linge sale et présenter leur mari et père comme un monstre sans lui laisser l’occasion de se défendre. Voilà une belle conception de la justice comme elle doit exister en Corée du Nord.
Au fur et à mesure que Marianne lit l’article, sa colère augmente. Émilie Grangier avait fait semblant d’être aimable avec elle pour mieux lui tendre un piège dans lequel elle est tombée comme une idiote.
— Mais quelle connasse cette journaliste, se met elle à gronder. PUTE, SALOPE, POUFIASSE.
— Marianne, tu dois quatre euros, dit Valentin à la porte.
— Et même beaucoup plus. Je te rappelle que quand les gros mots se suivaient je doublais pour chacun. Ce qui nous fait 1+2+4+8
— 15 €, dit le petit frère après avoir calculé dans sa tête. La somme lui parait énorme, c’est presque deux mois de son argent de poche.
— Crois moi petit frère il fallait que ça sorte et je suis sûre même tata Viviane le comprend. J’ai même des envie de casser la figure à Grangier.
— Il y a encore le sac de frappe des enfants au grenier si tu veux taper dans quelques chose pour te calmer, propose la tante. Je suis sûre que les gants de Blanche et Jacinthe devraient t’aller.
Les trois enfants Pellegrin ont fait de la boxe française à l’adolescence et, effectivement, Marianne préfère frapper dans un punching ball plutôt que dans un mur ou sur quelqu’un. Elle suit donc Viviane au tout dernier étage de la maison où elle ne s’était jamais rendue.
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Leo Degal
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Gottesmann Pascal
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Eva Boh & Le Mas de Gaïa
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Gottesmann Pascal
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Marie Andree
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Carl K. Lawson
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Il y a 2 mois