Fyctia
Frère et sœur.
Ses réflexions sont interrompues par la sonnerie du portable. Lionel regarde l’appareil et constate qu’il s’agit de Nathalie, sa jeune sœur. Il se doute qu’elle vient de voir la nouvelle à la télé
— Lionel, je viens de voir les infos. Qu’est ce que c’est que cette histoire ? Clotilde et les enfants ont quitté le domicile ?
— Oui, brutalement, cette nuit. Quand je me suis réveillé pour aller aux toilettes il n’y avait plus personne. Et je viens d’apprendre, comme toi, que Marianne s’est conduite comme la dernière des inconscientes.
— J’ai vraiment du mal à comprendre un départ aussi brutal. Je connais très bien Marianne. Quant à Clotilde, je pense même la connaitre mieux que toi parce qu’elle s’est confiée sur des sujets intimes.
Sa belle-sœur étant psychiatre, la mère de famille est allée régulièrement consulter un de ses collègues pendant deux ans suite à la dépression qu’elle a fait juste après la naissance de Valentin. Elle se sentait perdue, ne savait pas quoi faire puisqu’elle renonçait à sa carrière de professeure d’université. Mais, en parallèle des séances, elle s’ouvrait aussi à sa belle-sœur en qui elle avait une entière confiance. D’ailleurs, malgré les multiples demandes de Lionel, Nathalie lui avait rien dit des conversations entre femmes. La mère de famille n’avait pas parlé des coups de son mari puisque, à l’époque, ils n’existaient pas encore. Depuis le début du comportement violent de son mari, Clotilde avait souvent voulu se confier à Nathalie en qui elle a gardé une confiance aveugle mais n’en avait jamais eu le courage. Il fallait que tout cela reste secret puisque, en public, le comportement de Lionel demeurait toujours exemplaire. Qu’allaient penser ses beaux-parents si ça venait à se savoir. À présent, c’est au père de famille d’expliquer à se sœur les raisons du départ précipité de Clotilde et des enfants.
— Clotilde et moi nous entendions moins bien ces derniers temps et, avec Marianne, je peux même dire que la guerre était déclarée. La promiscuité du confinement n’a pas été excellente pour l’ambiance familiale.
— Des disputes ça arrive à tout le monde, ce n’est pas pour ça qu’on fait ses bagages. Je suis sûre qu’il y a des choses que tu me caches alors dis les moi sinon, je te préviens, j’appelle Marianne.
La pensée de sa fille déballant toutes les scènes violentes et en rajoutant conduit Lionel à accepter de dire la vérité.
— Il y a eu quelques coups depuis quelques années. Ils sont devenus assez réguliers ces derniers temps.
— Tu t’es mis à battre ta femme ?
— Tout de suite les grands mots, juste quelques claques…un peu plus violentes hier au soir. J’en ai aussi donné une paire à ma fille. Il faut dire que Marianne avait été insupportable donc ça lui a un peu éclairci les idées.
— Je doute que ma nièce puisse être insupportable mais ce n’est pas une raison. Mon grand frère, mon modèle pendant toute mon enfance.
— Je sais, l’homme privé a été assez différent de celui que je suis en public ces derniers temps. Mais, à présent, il faut que je me défende d’une autre façon contre Clotilde.
— Si elle a porté plainte c’est bien fait pour toi mais je tu restes mon frère et je suis prête à te soutenir.
— Ça tombe bien parce que je sais que j’aurais besoin de toi. Clotilde a été suivie par un de tes collègue peu après la naissance de Valentin et, à cette époque, elle a pris des anxiolytiques.
— Tu veux la faire passer pour une femme instable ?
— C’est bien ce qu’elle est, ou du moins ce qu’elle était.
— Va te faire voir Lionel, et je reste polie. Tu peux toujours courir pour que je cautionne tes coups en t’aidant à faire passer Clotilde pour la foldingue de service.
— Solidarité féminine n’est ce pas. T’oublies comment on a été éduqués Thierry, toi et moi.
— Justement, je n’ai rien oublié. Les yeux baissés devant les hommes, toujours leur dire oui, jamais les contredire. J’ai mis des années à me défaire de cette éducation et c’est à cause d’elle que Thierry est parti à l’autre bout du monde dès qu’il en a eu l’occasion, en coupant tout lien avec nous. À présent c’est celle que tu veux donner à tes enfants ? Et bien tu sais quoi ? Je crois qu’on a plus rien à se dire.
Nathalie raccroche immédiatement et Lionel assez abasourdi de cette réaction violente, continue d’écouter la tonalité pendant une vingtaine de secondes avant de raccrocher et de poser son portable sur la table basse.
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Leo Degal
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Gottesmann Pascal
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Eva Boh & Le Mas de Gaïa
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Gottesmann Pascal
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Vana Aim
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Marie Andree
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Amphitrite
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Gottesmann Pascal
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