Fyctia
Infos télévisées
À huit heures du soir, la morne journée de Lionel touche à sa fin et il s’installe confortablement devant son écran de télévision pour regarder les infos, ne s’attendant certainement pas à y trouver des nouvelles de sa femme et ses enfants. Et pourtant, peu de temps après le traditionnel et morbide décompte des hospitalisés et des morts du jour, le père de famille voit apparaitre, sur l’écran, des photos de Clotilde, de Marianne et de Valentin. Lui qui était surtout concentré sur son repas solitaire a l’attention entièrement happée par l’écran de télévision et ce que raconte le journaliste.
Un fait divers insensé en ces temps de pandémie est arrivé ce matin aux petites heures de la matinée dans la commune de Lisognan à une vingtaine de kilomètres au nord d’Aix en Provence.
Une voiture immatriculée dans le département du Rhône a été appréhendée par un gendarme qui n’a pas été au bout de ses surprises en constatant que la conductrice, la jeune Marianne Jonquier de Frissac, venait tout juste de fêter ses 16 ans. À bord de la voiture se trouvaient également sa mère, Clotilde, et Valentin, son petit frère de sept ans.
N’imitez surtout pas ce comportement inconscient et restez chez vous. Surtout, et ce même après le déconfinement et la disparition du Covid 19, ne prenez le volant qu’après vos 18 ans et l’obtention du permis de conduire. Ça parait naturel mais il est, apparemment, bon de le rappeler parfois.
Lisognan, bien sûr, se dit Lionel. Pourquoi je n’y avait il pas pensé plus tôt ? Ça lui paraissait tellement logique. Clotilde et les enfants sont tout simplement allés chez le vieux qui reprend son rôle éternel de grand frère protecteur. Clotilde est allé pleurer dans ses bras. Du fait de ses quinze années de plus par rapport à lui, Lionel a toujours surnommé Stanislas le vieux avec assez peu d’affection. Les deux beaux-frères ont tout fait pour avoir des relations cordiales mais ne se sont jamais vraiment entendus, surtout les premières années.
En fait Lionel a toujours un peu méprisé Stanislas, qui, élément brillant lors de ses études médecines, aurait pu devenir un grand chirurgien. Pourquoi a t’il préféré se perdre dans ce petit village provençal et passer ses journées à soigner des petits vieux à longueur de journée. Sa vie de médecin généraliste lui apparait comme un énorme manque d’ambition. Surtout, l’époux était jaloux, et l’est toujours, de la relation privilégiée entre frère et sœur, particulièrement après les disparitions de leurs parents survenues quand Clotilde avait 16 et 19 ans. Il sait que Stanislas et son épouse se disent tout et que le grand frère la connait mieux que lui.
Lionel ne peut s’empêcher de trépigner de joie devant son poste de télévision. Sa femme, qui veut se présenter comme une victime et était prête à tout pour lui donner le mauvais rôle passe maintenant pour une inconsciente. Et ne parlons pas de cette peste de Marianne présentée une véritable criminelle. Il avait bien raison, la veille au soir, en voulant l’envoyer dans un centre spécialisé afin de la recadrer. Si elles pensaient pouvoir librement recommencer une nouvelle vie elles se trompent lourdement.
Le modeste plateau repas que Lionel mange devant la télévision prend des allures de diner de gala et il imagine, dans les semaines qui viennent, sa femme revenant à la maison. Il retrouverait une Clotilde repentante et obéissante qui le laisserait élever Valentin comme il l’entendrait. Quant à Marianne, elle peut bien rester chez son oncle dans le sud de la France ou bien aller au diable parce qu’il ne la veut plus chez lui.
Ce qu’il apprend des évènements de la nuit lui confirme ce dont il s’était douté depuis ce matin. Sans l’influence de sa fille, Clotilde n’aurait jamais osé s’en aller brutalement comme elle l’a fait. Pour quel genre d’hommes les femmes l’ont elles pris ? Pour un bourreau contre lequel elles devaient se défendre ou le geôlier d’une prison dorée dont il fallait s’échapper ? Il reste pourtant leur mari et père, qu’elles le veuillent ou non. Lionel se souvient d’ailleurs de, rares, scènes violentes de disputes entre ses parents lorsqu’il était enfant et adolescent. Ces épisodes se terminaient invariablement par un retour à l’ordre des choses c’est à dire par sa mère reconnaissant ses torts et s’excusant d’avoir mis son père en colère.
Il sait que, si Clotilde se repent et exprime le désir de vivre à nouveau avec lui, son affection pour elle reviendra très vite. Qu’elle le veuille ou non, aucun homme ne pourra l’aimer comme il l’a fait depuis vingt ans et elle s’en rendra vite compte. Quant à Marianne, il faudra qu’elle donne les meilleurs gages de bonne conduite si elle ne veut pas qu’il rompe totalement les ponts avec elle. Il en vient à espérer, puisque Clotilde est encore en âge de procréer, d’avoir une deuxième fille qui saura se montrer douce, obéissante et respectueuse des hommes. Pour cela il faudra surtout éloigner la future petite de sa grande sœur pour éviter qu’elle prenne le mauvais exemple.
9 commentaires
Leo Degal
-
Il y a un mois
Gottesmann Pascal
-
Il y a un mois
Eva Boh & Le Mas de Gaïa
-
Il y a 2 mois
Gottesmann Pascal
-
Il y a 2 mois
Marie Andree
-
Il y a 2 mois
Gottesmann Pascal
-
Il y a 2 mois