Gottesmann Pascal Bien sous tous rapports Où est elle ?

Où est elle ?


Au début de sa période violente, le père de famille était honteux et ne se reconnaissait même plus dans cet homme brutal. Il passait son temps à s’excuser et promettait sans cesse d’aller voir un psychologue, ce qu’il n’a d’ailleurs jamais fait. Pourtant sa sœur, qui est devenue psychiatre, aurait pu lui en conseiller. Lionel comblait aussi Clotilde de cadeaux de plus en plus onéreux pour lui faire oublier qu’elle avait un mari violent. Mais, avec le temps, il a considéré que sa brutalité était un moyen de résister face au pouvoir que Clotilde tentait d’imposer dans leur couple. D’ailleurs, les réconciliations sur l’oreiller ont, elles aussi, vite disparu. Après ses premières crises de colère, Lionel tenait à montrer à Clotilde qu’il la désirait. En lui faisant l’amour le mieux possible il pensait aussi l’empêcher d’aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte et les hommes plus compréhensifs. Mais, en se sentant aimée, l’estime d’elle même de Clotilde remontait en flèche et elle devenait encore moins malléable.


Le père de famille s’est réellement inquiété il y a un peu plus d’un an quand il s’est rendu compte que Marianne n’avait pas hérité que du physique enchanteur de sa mère. Sa fille était le portrait craché de Clotilde en ce qui concerne le caractère. Il s’en est pleinement rendu compte en début d’année lorsqu’il avait surpris sa fille travaillant dans sa chambre avec un camarade de classe sur un exposé d’anglais qu’ils devaient préparer. Ils devaient choisir une pièce de Shakespeare. Son camarade voulait présenter Hamlet puisqu’il s’identifiait au héros tourmenté, elle Roméo et Juliette qu’elle connaissait bien pour l’avoir lu et vu au théâtre. Il a fallu moins de deux minutes à sa fille pour convaincre son camarade de délaisser le Danemark pour faire un tour du côté des amants de Vérone. La force de persuasion de Marianne était aussi impressionnante que celle de Clotilde…et aussi dangereuse. C’est à ce moment qu’il s’est dit qu’il fallait qu’il se montre plus ferme avec sa fille avant qu’elle ne devienne ingérable. L’altercation de la veille au soir prouve d’ailleurs qu’il avait eu mille fois raison de se méfier d’elle. Marianne est pire que Clotilde parce que son caractère est, déjà, bien plus affirmé.


Les réflexions maussades de Lionel sont interrompues, vers neuf heures du matin, par un appel sur son portable. Il s’attend à avoir des nouvelles de sa femme ou de sa fille mais découvre le prénom d’Aminata, une employée de Clotilde qui a toute sa confiance et est, avec le temps, devenue son bras droit.


— Allo oui, dit Lionel de sa belle voix bien timbrée en parvenant parfaitement à masquer son énervement et son stress.


— Bonjour monsieur Jonquier de Frissac dit Aminata avec son inimitable voix de contralto. Comment allez vous ?


— Très bien, et vous même Aminata.


— Très bien aussi merci. J’essaye de joindre votre femme mais elle ne répond pas sur son portable.


— Oui, elle est un peu souffrante et se repose. Rassurez vous ce n’est pas le Covid. Mais la maladie l’oblige à rester au lit et elle a coupé son téléphone. Je lui dirai que vous avez appelé.


— Merci beaucoup Monsieur Jonquier de Frissac, je vous souhaite une bonne journée. J’espère que votre épouse va bientôt aller mieux. C’est pas urgent mais dites lui de me rappeler quand elle ira mieux. Et souhaitez un bon anniversaire à ma petite Marianne avec une journée de retard.


Lionel fait la grimace en raccrochant, ma petite Marianne, il n’aurait jamais toléré qu’un de ses employés se montre aussi familier avec l’un de ses enfants. Mais Clotilde a tenu à lier des liens proches avec les femmes qu’elle emploie, particulièrement avec Aminata qui travaille pour elle depuis cinq ans, soit le début de l’aventure commerciale. Au moins une chose est certaine, contrairement à ce qu’il pensait, sa femme ne se trouve pas chez une de ses employées, sinon Aminata aurait forcément été au courant. Il en vient même à se demander si Clotilde n’a pas réellement un amant alors qu’il ne l’a jamais pensé sérieusement et n’y faisait constamment référence que pour la provoquer. Ce qui marchait d’ailleurs toujours très bien. Sa piété aidant, la mère de ses enfants n’a jamais supporté de se voir accusée d’adultère et ça la faisait toujours réagir au quart de tour.


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19 commentaires

La Plume d'Ellen

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Il y a 16 jours

Il n'y a pas à dire, ce mec est vraiment un connard !

Gottesmann Pascal

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Il y a 16 jours

Un pervers oui, dont il faut se protéger.

SOLANE

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Il y a un mois

Ce chapitre montre bien l'engrenage, avec la perte de contrôle de sa fille aussi, ce qui ne fait que renforcer sa violence...

Gottesmann Pascal

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Il y a un mois

Il espère une réconciliation avec Clotilde mais avec Marianne c'est même pas la peine.

Leo Degal

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Il y a un mois

Il n'a donc pas encore deviné où elle se trouvait, c'est une chance. Il a l'air finaud, en tout cas.

Gottesmann Pascal

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Il y a un mois

Il est très intelligent oui. Ça le rend encore plus horrible.

Eva Boh & Le Mas de Gaïa

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Il y a 2 mois

On se demande qui est le plus manipulateur des deux.

Gottesmann Pascal

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Il y a 2 mois

La réponse se trouve facilement.
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