Fyctia
L'évasion
Marianne s’inquiète soudain pour sa mère qui se tient toujours le bras droit en grimaçant de douleur.
— Il ne te l’a quand même pas cassé
— Non ma chérie, juste tordu mais ça me fait quand même un mal de chien. Sans parler des cheveux qu’il a failli m’arracher. Tu sais que je suis prête à accepter beaucoup de choses, même les coups. Mais qu’il s’en prenne à toi et veuille t’envoyer en pension à des centaines de kilomètres comme si tu étais une délinquante, je ne peux pas l’accepter. Je souhaiterai une fille comme toi à tous les parents.
— Merci ma petite maman, répond l’adolescente d’une voix émue.
Bientôt, les larmes font leur apparition. Marianne a besoin d’évacuer toute la pression et ses sanglots bruyants réveillent Valentin.
— Pourquoi tu pleures Marianne ?
— Pour rien Valentin, c’est un trop plein d’émotions.
— Les parents ont fini la dispute ?
— Oui, répond Clotilde. Je suis là mon chaton.
La mère de famille raccompagne ensuite son fils dans sa chambre avant de retourner dans celle de sa fille.
— Essaye de dormir un peu ma grande, dit elle. Je te réveille quand ton père est endormi et on fait nos valises.
— Il va falloir être discrètes, surtout toi puisque tes vêtements sont dans votre chambre qu’il va occuper.
— T’as raison, je vais tout de suite faire ma valise. Il est dix heures et demie et il remonte généralement vers minuit.
— Je m’occuperai de mes affaires et de celles de Valentin.
Pendant que Clotilde récupère ses effets personnels, Marianne pense à ce qu’elle emporte et ce qu’elle laisse. Des nombreux livres qui garnissent sa bibliothèque elle ne peut prendre que ceux auxquels elle tient le plus. Pareil pour les vêtements et il en va de même pour les affaires du petit frère. C’est en réfléchissant à ce dilemme que l’adolescente s’endort doucement.
Pendant ce temps, Clotilde prie tous les saints du paradis que son mari ne débarque pas à l’improviste dans la chambre. Si elle était surprise dans sa tentative d’évasion elle serait vraiment dans une sale posture. Il serait même capable de la tuer. Heureusement pour elle, il n’en est rien et elle peut s’activer en toute discrétion. Vers 23 h 30, ses vêtements ainsi que les objets auxquels elle tient le plus comme les bijoux de famille sont rangés dans une grande valise qui, elle, est cachée dans le débarras où personne ne va jamais. Elle se couche ensuite mais reste attentive et attend que son mari se mette au lit et dorme assez profondément. C’est vers une heure du matin que Clotilde est rassurée sur le sommeil de Lionel. Elle s’en va réveiller Marianne qui s’active immédiatement. L’adolescente est tellement silencieuse que même Valentin n’entend pas sa sœur qui se trouve pourtant dans sa chambre, empilant les vêtements ainsi que ses jouets préférés dans la petite valise qui lui sert, normalement, aux départs en vacances.
Soudain Clotilde arrive catastrophée devant sa fille.
— Marianne, on annule tout. Je suis certaine d’avoir encore trop mal au bras pour conduire.
— Non maman, il faut qu’on parte immédiatement d’ici. S’il le faut, c’est moi qui vais vous mener à Lisognan. Tu sais que ça fait presque un an que je fais la conduite accompagnée, y compris avec toi, donc je sais un peu conduire.
— Mais t’es complètement folle ma pauvre fille régit Clotilde en faisant tout pour ne pas élever la voix. Tout ce qu’on va faire c’est rentrer dans le premier arbre au bord de la route.
— C’est vital que tu t’en ailles d’ici dès ce soir et tu t’en iras. Je te jure que je saurai te conduire chez tonton Stan.
Les valises sont ensuite transportées dans le plus grand silence avant que Marianne ne prenne Valentin, encore endormi, dans ses bras avant de le déposer et de l’attacher à sa place, sur la banquette arrière de la voiture. L’adolescente commence à conduire le plus prudemment possible, ayant effectivement peur d’un accident mais, au fil des kilomètres, elle gagne en confiance. Au bout d’une vingtaine de minutes de route, Valentin se réveille, tout étonné de se trouver dans la voiture après s’être endormi dans son lit. Il est encore plus surpris de voir sa sœur au volant.
— Où est ce qu’on va demande t’il d’une petite voix endormie ?
— Chez tonton Stan, répond Marianne, il faut mettre maman à l’abris là bas.
— Mais pourquoi c’est toi qui conduit ?
— Parce que j’ai trop mal au bras, intervient Clotilde. Mais ne t’inquiète pas, c’est rien du tout. Il faut juste prier pour que tout se passe bien.
La mère de famille est très pieuse et, en élevant ses enfants, elle leur a transmis sa foi. Tous les trois fréquentent régulièrement l’église et ont même Marianne a même fait une retraite de trois jours dans un couvent l’été dernier. Quant à Valentin, il suit assidument le catéchisme. La prière permet à Clotilde de s’apaiser et de calmer ses angoisses. Déjà le fait d’avoir réussi à s’échapper sans que Lionel ne se soit rendu compte de rien apparait comme un petit miracle. Les kilomètres défilent à mesure que s’égrènent les Notre père et les Je vous salue Marie. Mais, bientôt, la mère de famille sort le portable pour appeler son frère. Il faut quand même le mettre au courant avant de débarquer chez lui au petit matin. Stanislas tombe des nues mais promet à sa sœur et à ses neveux de les accueillir. Clotilde n’en attendait pas moins de son grand frère protecteur.
À mi chemin, les messages furieux envoyés par Lionel sur les portables de sa femme et de sa fille sonnent comme une marque de défaite de sa part. Tout se passe parfaitement bien jusqu’à la rencontre de ce gendarme à l’entrée de Lisognan.
16 commentaires
Leo Degal
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Il y a 2 mois
Gottesmann Pascal
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Il y a 2 mois
Péridot3027
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Il y a 2 mois
Gottesmann Pascal
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Il y a 2 mois
Eva Boh & Le Mas de Gaïa
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Il y a 2 mois
Gottesmann Pascal
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Il y a 2 mois