Gottesmann Pascal Bien sous tous rapports Dans la chambre

Dans la chambre

Les deux gifles ne tardent pas et rougissent la peau de blonde de Marianne. L’adolescente parait un peu sonnée et même assourdie pendant quelques secondes mais la colère prend vite le pas sur la douleur. Elle a même une seule envie, rendre les coups. Si ça avait été un mec du lycée, elle l’aurait déjà fait et aurait même frappé la première.


— NE T’EN PREND PAS À NOTRE FILLE LIONEL ! hurle alors Clotilde d’une voix stridente en se dressant entre les deux et écartant les bras au maximum. Quant à toi Marianne tu ferais bien d’aller dans ta chambre et d’accompagner Valentin dans la sienne. C’est une affaire entre ton père et moi et t’as pas à t’en mêler comme tu viens de le faire.


Marianne obéit à contrecœur et entraine son frère vers l’étage de la vaste demeure familiale. La dispute est encore plus violente que d’habitude et le niveau sonore est tellement élevé que l’adolescente peut tout entendre comme si elle se trouvait dans la pièce. Les cris et les insultes de son père, les pleurs de sa mère. Elle entend même son prénom à de nombreuses reprises ainsi que des Ta fille, lancés rageusement par la voix masculine. « Si tu ne me veux plus comme fille, ça tombe bien, je ne te veux plus comme père, » se dit elle.  Elle entend aussi que Lionel fait pression pour qu’elle parte en pension à l’autre bout de la France, voire même à l’étranger, afin d’être recadrée comme il faut. Clotilde s’y oppose fermement et tient bon. Manquerait plus que je sois virée de chez moi et privée de voir ma mère et mon petit frère, pense alors Marianne.


L’adolescente entend aussi, beaucoup plus discrètement, des petits coups frappés à la porte de sa chambre et sait très bien qu’il s’agit de Valentin qui a besoin d’être réconforté. Le garçon le fait régulièrement quand il a besoin d’être rassuré lors des disputes les plus violentes. La porte s’entrouvre timidement et Marianne voit apparaitre la tête de son petit frère.


— Je peux venir près de toi demande t’il ?


— Bien sûr, petit frère, viens-là répond sa sœur en se poussant pour lui faire de la place dans le lit.


— J’aime pas quand papa est méchant, dit il une fois lové dans les bras protecteurs.


— Moi non plus, j’aime pas ça du tout. Mais c’est la vie et, surtout, ce n’est pas parce que les parents se disputent qu’ils ne nous aiment plus. Je te le dis à chaque fois mais il faut te le répéter.


— Papa est pourtant énervé contre toi. J’ai très bien entendu ce que les parents ont dit. Je veux pas que tu partes en pension et qu’on puisse se voir que pour les vacances.


— Ne t’en fais pas, c’est pas demain que ça va arriver. Maman va tenir bon et tu vas devoir me supporter encore longtemps.


— Papa t’a pas fait trop mal tout à l’heure


— Non, je ne sens presque plus rien à part de la colère. Heureusement que maman s’est interposée sinon je lui aurai rendu les gifles et ça aurait été la bagarre générale.


— T’as été courageuse en essayant de prendre la défense de maman mais, moi, quand je serai grand et fort, je saurai vous protéger toutes les deux.


— Bien sûr, Valentin Jonquier de Frissac, chevalier sans peur et sans reproche prêt à défendre la veuve et l’orphelin. Ça claque vraiment comme blase tu ne trouves pas.


Mais, pour le moment, le chevalier sans peur et sans reproche tremble de tout son petit corps. Le frère et la sœur savent d’ailleurs, d’expérience. que ce n’est pas fini. Bientôt, les hurlements vont céder la place aux coups.


Les claques retentissantes et les coups de poing plus sourds ne tardent pas, toujours ponctués des hurlements de douleur de sa mère. Bientôt, ce qui est nouveau, elle n’entend plus que les hurlements maternels, plus aigus que d’habitude. Ça veut dire que Lionel fait mal à Clotilde autrement qu’en la frappant. Marianne est obligée de plaquer le plus fort possible ses mains sur les oreilles de Valentin mais se doute qu’il entend quand même. L’adolescente se met soudain à imaginer le pire. Un jour il sera encore plus violent que les autres fois et il va la blesser gravement, voire la tuer. Ce jour là est peut être même arrivé.


Au bout de plusieurs minutes insupportables les hurlements font place au silence. Marianne se doute que son père est calmé et, comme à son habitude après les scènes violentes, regarde la télé dans le salon comme si rien ne s’était passé pendant que sa mère pleure quelque part dans la maison. Après une demi-heure alors qu’elle est dans un demi sommeil et que Valentin dort complètement, Marianne entend la porte de sa chambre qui s’ouvre. Si c’est mon père je vais lui dire ce que je pense et il n’est pas prêt à l’entendre, se dit elle, je m’en fous de prendre des claques supplémentaires. La rupture entre Lionel et sa fille est, à présent, complètement consommée.


Mais au lieu du père de famille, c’est Clotilde qui se trouve sur le pas de la porte. N’ayant pas vu Valentin dans sa chambre, elle s’est doutée qu’il se trouve dans celle de sa sœur. Quand son fils a peur, c’est Marianne qui sait le mieux le rassurer. À la lumière de la lampe de chevet, l’adolescente est horrifiée de voir les traces des coups sur le visage de sa mère. Jamais elle n’a été mise dans un tel état. Mais Clotilde se force à sourire comme si tout allait bien à présent, même si elle se tient un bras devenu douloureux.


— Il t’a tordu le bras ? demande Marianne.


— Tiré les cheveux puis tordu le bras. Ton père a décidé de ce diversifier ce soir. Je vois que tu pas un invité Marianne. Mon fils de sept ans dans le lit d’une belle fille qui vient de fêter son seizième anniversaire ? C’est pas très normal tout ça, tu ne trouves pas ? Même si la belle fille est sa grande sœur.


— C’est pas drôle maman. Tu ne te rend pas compte que Valentin est en train d’être traumatisé à vie ?


— Si, bien sûr, le pauvre chaton. Mais qu’est ce qu’on peut faire ?


—Casse toi de là maman dit Marianne en baissant la voix pour pas être entendue en bas.


— C’est pas ton habitude de me parler comme ça, répond Clotilde d’un ton froid, mais si tu veux rester seule avec ton petit frère je comprend et je vous laisse. À demain.


— T’as pas compris mais je me suis mal exprimée. Quand papa dort on en profite. On fait nos valises et on part tous les trois. Toi, Valentin et moi. On pars chez tonton Stan.


— Chez Stan ? À des centaines de kilomètres d’ici en plein confinement ? Mais tu dérailles complètement ma chérie.


— T’inquiète pas pour le confinement maman, si on se fait arrêter par les flics il leur suffira de voir l’état dans lequel tu es pour comprendre que la situation est urgente.


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40 commentaires

La Plume d'Ellen

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Il y a 17 jours

J'aime beaucoup la fille aînée.

Paul Malem

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Il y a 25 jours

Pas mal ! Je laisse mon like pour la force; on s'habitue à ton style, un peu longuet, trop formel mais agréable et puis le problème c'est on s'arrête sur le ton des persos, ça sonne creux, un peu blanc, on ne sait pas trop s'ils pensent réellement ce qu'ils disent, et surtout j'ai l'impression que ton style a du mal à se détacher de la voix des persos. En gros la narration et Marianne/Clothilde ont la même manière de s'exprimer, c'est très bizarre. Dans l'ensemble ça impact bien, merci pour cette lecture qui permet de se mettre qd même à la place des persos

Gottesmann Pascal

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Il y a 25 jours

Donc Marianne doit plus montrer son côté jeune pour que ce soit impactant. Faut que j'y travaille.

Leo Degal

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Il y a 2 mois

Cette pauvre Clotilde a l’air complètement à côté de ses pompes… le choc, je suppose. Marianne parait la plus mature, au final… même si l’idée de se battre physiquement avec son père semble complètement folle. Appeler la police, en revanche, n’aurait pas été une mauvaise idée… pour un futur maire, ça aurait fait tache ! Mais la fuite est aussi une bonne idée.

Oswine

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Il y a 2 mois

Alors, je me suis encore permise de te faire des petites rectification. En soit, le chapitre est bien ! Mais je trouve que certaines réactions de la mère ne sont pas logique. Je comprends que Marianne prenne les choses en main en donnant des idées à sa mère car la situation à trop durée, mais, la mère ne devrait pas avoir certaines de ses réactions, ça la rend totalement immature et parfois on dirait même qu'elle est "bete" alors que je ne pense pas que ça soit le cas.

Gottesmann Pascal

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Il y a 2 mois

Elle n'est pas bête du tout, on mettra ça sur le compte du choc provoqué par la scène violente.

Amphitrite

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Il y a 2 mois

C'est trop stressant ton histoire Pascal! Tu changes de registre là.

Gottesmann Pascal

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Il y a 2 mois

Ah ouais...si on est habitué à mes romances réel good c'est pas la même chose.

Amphitrite

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Il y a 2 mois

Bah oui, tu nous as trop habitués à du feelgood.

Eva Boh & Le Mas de Gaïa

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Il y a 2 mois

Marianne est maline en plus. C’est vraiment une chouette gamine.
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