Fyctia

Helena

Je leur souffle un simple merci puis me dépêche de sortir. Ma meilleure amie sur mes talons, je remonte le couloir alors qu'elle tente par tous les moyens de me raisonner. Elle sait que la colère peut me pousser à réaliser des choses bien stupides. Mais comment faire différemment quand la personne qui comptait le plus pour vous dans la vie, vous la pourrit sans aucune justification ? Malgré toutes les embrouilles que nous avons pu avoir, durant toutes les années d'amitié, jamais, il n'avait fait preuve d'un aussi grand manque de respect. Nous avons toujours été soudés l'un à l'autre, même à travers les orages qui grondaient. J'ai envie de croire que ce n'est pas le Trevor que je connais, qui foule le sol de cette université. Néanmoins, je sais pertinemment que je me voile la face, qu'il est celui qui m'a asséné le dernier coup de poignard pour m’anéantir.

— Il veut la guerre ? Il va l'avoir, c'est moi qui te le dis Max, garantis-je, le souffle court et le pouls battant à tout rompre. Je ne me laisserai pas marcher dessus, pas par un abruti comme lui.

— Si tu comptes le tuer, enchérit-elle en tâchant de garder le rythme de nos foulées, je déclarerais que j'ai tenté de t'en empêcher. Je ne veux pas finir derrière les barreaux. Sauf si tu attends qu'il s'endorme ! Là, je pourrais t'aider à enterrer son corps.

— Oh non, Maxine, la mort sera bien trop douce comme châtiment et j'ai bien l'intention d'agir en conséquence.

— Oh, dios mios.

D'un signe de main, je lui ordonne de rester dans le couloir. Je lui confie mon sac afin de ne pas l'abîmer, si jamais j'ai l'idée de l'utiliser comme arme d'attaque. J'entre ensuite dans le gymnase et découvre plusieurs garçons, accompagnés de trois filles, dans des tenues de sport. Chacun d'eux porte le maillot de basket de l'équipe – Glorious Alphas – dont la couleur est un rouge pâle. Je balaie l'horizon jusqu'à visser mes yeux sur ma cible qui se trouve dos à moi. Je le reconnais immédiatement grâce à ses tatouages. Son bras gauche en est pourvu de spirales formant des labyrinthes de son épaule à son poignet. Celui-ci est accompagné de divers motifs que l'on retrouve entre deux coups de lignes noires. El día de los Muertos* y est représenté dans différentes zones ; un art qui m’a sans cesse fasciné chez lui.

Son meilleur ami, Dori, ce traître de première, se trouve à ses côtés juste avant de fuir le plus rapidement possible. Trevor se remue pour voir ma fureur qui se dirige droit vers lui, prête à l’écraser comme un misérable insecte. Ses iris sombres me scrutent avec cette même intensité qu’il a toujours exercé sur ma personne, alors, pour éviter qu’il ne parvienne à retourner la situation à son avantage, je déconnecte mon cerveau pour ne me focaliser que sur l’abandon ; c’est l’unique manière de maintenir ma colère.

Arrivée à sa hauteur, j’abats sans plus attendre ma paume sur son visage qui dérive sur le côté. Son attention revient tout de suite vers moi, tandis qu’il ancre sa noirceur dans mes pupilles ; la main plaquée sur sa joue.

— T’es rien d’autre qu’un putain de tocard, Trevor ! hurlé-je. Si tu crois que je vais me laisser faire, tu as tort. Je te promets que tu vas me le payer.

Il sourit avec malice.

— Oh, je vois que tu t’es rendu à ce cours, qui a malencontreusement été annulé par ton frère.

Les dents serrées, les phalanges contractées au point où mes ongles s'enfoncent dans ma chair, je relève le menton pour lui tenir tête ; bien que je doive me briser le cou pour ne pas perdre une miette de ses expressions. Toutes sortes de façons de le torturer, pour son manque de respect, me traversent l'esprit.

— Écoute-moi bien, Trevor Prieto, menacé-je en pointant mon index contre son torse. Tu viens de déclencher une guerre et sache qu'il n'y aura qu'un vaincu dans l'histoire ! Ce n'est bien évidemment pas moi, je t'en fais la promesse.

Lassée de ce sourire insultant qu'il me lance, et découvrant que tous les élèves, ainsi que le coach, ont stoppé leurs activités pour nous fixer, je tourne le dos pour quitter le gymnase.

— J'ai tellement hâte de voir ce que tu me réserves, Helena, réplique-t-il assez fort pour que je puisse l’entendre.

Je lève mon bras sans me retourner et lui montre mon majeur.

Dès ce soir, une liste sur toutes les crasses que je m'apprête à lui faire endurer sera dressée. Et bien évidemment, Maxine sera ma meilleure alliée dans cette guerre qui risque d'être explosive.