Amara Kline Belong Together Chapitre trois 1/3

Chapitre trois 1/3

Helena


Lorsque j’ai annoncé à ma mère mon choix de revenir à l’UT, elle a d’abord été contre cette envie qui l’inquiétait plus qu’autre chose. Mon père s’est donc chargé de lui faire changer de décision ; chose qu’il a réussi. Alors, durant deux mois entiers, je me suis imaginée mon retour dans ces longs couloirs à travers lesquels je déambulerais aux côtés de Maxine. Toutefois, à aucun moment, je n’avais songé qu’on me déclarerait une guerre. Si l’on me l’avait dit, j’aurais parié sur tout et n’importe qui, mais probablement pas Trevor Prieto, l’homme pour qui j’avais une grande estime dans mon cœur. Chef de fraternité la plus importante de l’État, il a derrière lui une armée qui n’hésitera pas à suivre ses ordres s’il l’exige. Il est le loup et eux les moutons, c’est ainsi qu’une bergerie fonctionne.

Le prédateur et la proie.


Je me dois de dénicher les meilleures vengeances que je pourrais trouver, cependant, pour celles-ci, il me faudrait faire marcher mes neurones. Ça n’a jamais été mon point fort et pour cause, à neuf ans, j’ai réussi à foirer mes représailles contre cette Phoebe. Une bombe de crème au chocolat en main, le remplissage de ses ballerines s'est déroulé bien assez vite. Le couac, c’est que j’ai tout bonnement glissé sur une petite flaque – par manque de précision – avant de plonger en avant, les paumes dans les chaussures. Ce sont mes deux meilleurs amis qui m’ont entendu pousser un râlement terrible. Quelle ne fut pas leur surprise de me découvrir dans une position des plus honteuses ? Quelques secondes plus tard, Phoebe effectuait son entrée. Il serait faux de prétendre que la punition n’a pas gâché mes vacances d’été. J’ai eu le privilège – ironiquement parlant – de rester à la maison au lieu de les accompagner au Mexique.


Plus jamais cette erreur.


La pointe de mon crayon à papier se percute contre le verre de la table. Les cliquetis produisent un vacarme qui agace bien trop Maxine. Depuis sa kitchenette américaine, elle m’assassine de son regard émeraude par-dessus son épaule.


— Est-ce que tu as tout raconté à Dori, à propos de mon inscription pour ce cours ? Surtout que tu as fricoté avec lui tout l’été à Vegas.


Elle se retourne en me montrant sa bouche remplie de pain perdu. Elle mime qu'elle est incapable de me répondre, mais ce n'est pas à moi qu'elle va la faire à l'envers. Je m’enfonce dans ma chaise, croise les bras et fixe mes yeux dans les siens. Si elle s'attend à esquiver la question, elle se trompe lourdement. Même si entre eux, il n'y a rien de sérieux et que c'était l'histoire d'un plaisir de vacances, je comprends pertinemment qu'elle ne peut pas s'empêcher de parler. Il suffit qu'il lui donne un orgasme, pour qu'elle confie certains secrets.


— Maxine, grondé-je, tu sais que je serai capable de te vider la bouche pour que tu me répondes enfin.


Elle finit d'avaler son morceau, soupire puis s'accoude sur le comptoir. Quelques mèches cuivrées retombent sur son visage et s'arrêtent contre sa clavicule. Le rouge qui parsème ses joues me montre clairement qu’elle est honteuse pour les prochains aveux qui vont quitter ses lèvres.


— Il se pourrait qu’entre deux cunis, je lui ai soufflé à l'oreille que tu deviendrais une scientifique.


J'arque un sourcil, un peu surprise que ses précisions soient justement bien trop détaillées.


— Et oui, continue-t-elle, les paupières élargies, j'ai peut-être spécifié que tu t'étais inscrite à un cours entre deux fellations.


— Maxine ! m’offusqué-je, choquée. Tu n'es pas obligée de me dire ce que tu pratiquais avec lui. Je te signale que je suis aussi son amie, je n'ai donc pas envie de le regarder et de m'imaginer ta bouche autour de sa queue.


Elle s'esclaffe dans un rire franc, en récupérant un nouveau morceau de son pain perdu, puis elle s'assoit sur la chaise libre sur ma droite.


— Ce n'est pas pour le défendre, mais je ne pense pas qu'il aurait été capable de le lui raconter. Après tout, l’année dernière, Trevor a couché avec la leader du club de science. Je ne serais pas étonnée qu'elle lui ait balancé.


Je ne peux réprimer le pincement au cœur qui émane dans ma poitrine en ayant l'image de lui nu avec elle, alors que je souffrais. Il ne me doit rien, c'est vrai, néanmoins, j'aurais préféré qu'il ne me montre pas un manque d'empathie totale. C'est en tout point l'une des choses les plus terribles que l'on puisse me faire endurer.


— Et entre vous ? tenté-je de changer de sujet. Dans quelle étape de votre relation vous situez-vous ?


Le haut de son corps s'étale sur le verre, les bras tendus, et une lamentation s'extrait de ses fines lèvres rougeâtres.


— Il est bien trop préoccupé par le basket, souffle Maxine. Une simple amourette d'été, rien de plus. Maintenant, nous sommes revenus au stade de la bande de potes, sans aucun privilège.


Bizarrement, j'ai la sensation qu'elle ne me dit pas tout. Ma meilleure amie retient certaines paroles qu'elle se refuse le droit de prononcer. Nos années d'amitié ont forgé ma capacité à lire en elle comme dans un livre ouvert. Je sais pertinemment que quelque chose la touche et voyant que je ne cesse de la fixer, elle s'empresse d'ajouter :


— Non, mais ne t'inquiète pas, je m'en fiche. De toute façon, les mecs ce n’est pas ce qu'ils manquent. C'était juste un coup comme ça, tout va bien, je te le jure.


Elle se redresse sur sa chaise, en replaçant sa courte chevelure derrière ses oreilles. Elle me montre son petit doigt, une manière à nous de certifier que nos propos sont la véracité des faits. Je ne perds pas de temps pour attraper le mien et le serrer en guise de promesse.


— Je suis tout de même étonnée que tu ne sois pas tombée amoureuse, toi qui t'attaches rapidement.


Un rire nasal lui échappe, tandis qu'elle s'empare de ma feuille et de mon crayon à papier.


— Je te signale qu'on est amis de base, somme-t-elle. Si j'avais dû en tomber amoureuse, ça aurait été déjà le cas bien avant.


Je suis si fière qu’elle ne laisse pas son cœur divaguer avec lui. Bien qu’il soit un homme bon et rempli de valeurs, il n’est pas ouvert à une quelconque relation ; un inconvénient qui pourrait blesser ma belle Max. Elle est bien trop jolie pour ne pas retrouver quelqu’un.


— Bon, moi, je te conseillerais de le rendre jaloux.


J’arque un sourcil, la tête penchée. Ses deux billes verdâtre se relèvent dans ma direction, avant qu’elle ne m’explique :


— On sait pertinemment qu’il ne laissait aucun homme t’approcher, donc…


— Avant ou après qu’il a muté, comme un Pokémon, en gros tocard de première ?


Elle se mord la lèvre inférieure, en raillant sa proposition stupide.


— Du poisson pourri dans son casier ?


— Note-moi toutes tes idées, lui dis-je en m’emparant de mon téléphone.


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7 commentaires

Chloé Hazel

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Il y a 3 mois

Les complotistes la, j’adore 😏

Lexa Kane

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Il y a 4 mois

J'adore les complots et ce genre de vengeance 😎

Ashley_Parker

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Il y a 4 mois

Helena et Maxine complotent contre Trevor. Le passé douloureux de Helena refait surface. Une vengeance est en préparation, mais quels seront les conséquences ? Suspens !!! Et aussi… ce petit extrait "petit doigt" pour sceller une promesse entre amies est un élément touchant qui renforce la connexion entre Helena et Maxine. Je trouve ça trop chouuuuu 😍
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