Fyctia

Helena

Je scrute un instant mes messages. Certains viennent de mes parents, d’autres d’Omar ou bien de Chad qui me demande si je vais bien, et comment se sont déroulées les retrouvailles. Il n’y a que Dori qui ne manque pas de m’envoyer son GIF qui représente un homme giflant un autre. Je ne peux m’empêcher de sourire. Bien qu’il soit son meilleur ami, nous avons une grande amitié ensemble. Il m’a aidé dans mes plans foireux pour ruiner les rencards de Trevor. Dori m’a également soutenu lorsque j’ai décidé de saccager la voiture de l’ex-petite amie d’Omar qui avait osé le tromper sans aucun remords. Dolorès, si je me souviens bien de son prénom, avait accusé leur frère de l’avoir délaissé – jusqu’à dire que Chad l’avait chauffé – ainsi, elle passait pour la victime. Sauf qu’on sait tous que Chad est comme un chihuahua : il aboie beaucoup pour rien. Il pourrait même draguer la vieille d’à côté, sans jamais poser un doigt sur elle. C’est une manière à lui de s’amuser.

Le dernier vient de Bianca sur Messenger et ce que j’y lis me rend hilare au plus haut point.

• Alors ta journée ? On doit débarquer ? Abuela a enfilé son bandana en mode Rambo. Elle est prête à tirer des oreilles.

Elle joint la photo montage de sa grand-mère avec un attirail de mercenaire.

• RAS, mission annulée. Aucune oreille ne sera maltraitée.

Connectée, elle ouvre immédiatement mon message, puis réplique par le GIF d’une petite fille plutôt agacée. Je préfère ne rien lui répondre, car je sais pertinemment que ça pourrait durer des heures à base de GIF à tout-va.

— Tu te souviens de l’époque où j’adorais confectionner des bombes de peinture ?

Je dépose mon portable sur la table, puis reporte toute mon attention sur elle.

— Je pourrais en faire d’autres pour toi.

La dernière avec laquelle elle a tenté le coup lui a explosé à la figure. Une tonne de teinture rose s’est retrouvée sur le mobilier, en plus des murs et de ses vêtements. Nous avons dû passer tout un week-end à nettoyer, avant que ses parents ne rentrent de voyage. Ce fut tout de même très drôle. Une barbe-à-mama, plutôt… Une idée soudaine débarque dans mon esprit.

— Et si les scientifiques se faisaient pardonner !? m’exclamé-je avec un peu trop d’enthousiasme.

Elle cesse de gribouiller d’innombrables phrases pour s’intéresser à la vengeance qui germe dans ma tête. S’il y a bien quelqu’un qui puisse créer ma demande, ce sont eux. Après avoir merdé, et m’avoir annulé mon inscription sans raison, ils me doivent tous une faveur.

— On va garder la bombe, mais on va exiger aux professionnels de s’en occuper.

Telle une gamine, elle frappe des mains plus excitée que jamais.

Nous écoulons l'heure qui suit à programmer la première vengeance, bien qu'elle mettra sûrement du temps à s’introduire en place, le résultat ne sera que festif. Le plan est simple, la bombe sera logée dans son casier et lorsqu'il ouvrira, boom, un barbe-à-papa comme on aime. Nous garderons tout de même son idée du poisson pourri. Pourquoi ne pas tester sa jalousie ? Même dans cette guerre, il est possible que quelque chose de l’ancien Trevor refasse surface en lui. Si j'arrive à trouver un garçon, même dans sa fraternité, je pourrai le conduire à bout. S'il peut éprouver l'identique colère que j'ai ressentie à son égard, alors j'aurais gagné une bataille. C'est certainement la pire des idées, mais au point où j'en suis… autant tout tester.

Je me souviens qu'autrefois, j'adorais l'énerver avec les mecs. C’était à ce moment-là que j’aimais le pousser dans ses retranchements ; il appréciait que je fasse semblant de lui tenir tête, alors qu’il les rejetait de ma vie. J'ignorais totalement que j’éprouvais des sentiments pour lui et qu'il n'était pas une question du chat et de la souris entre nous. C'est seulement lorsque j'ai embrassé un certain Gary, sans rien ressentir, que mon cœur a senti la présence de Trevor et personne d'autre. Je n'ai pourtant jamais eu le courage de le lui avouer. Ce temps-là est révolu, et surtout loin derrière nous.

— J'ai oublié de te dire, prononce Maxine en terminant d’écrire une énième idée, il y a El día de los Muertos en novembre. Ce serait bien qu’on y aille tous ensemble.

Je grimace rien qu'en m'imaginant dans le même véhicule que Trevor.

— On a tous l'intention d'y aller comme chaque année, mais j'aimerais beaucoup que tu nous accompagnes. S'il te plaît.

La moue qu’elle me lance est digne d’une petite fille qui espère que sa mère acceptera de lui acheter sa poupée. Nous n'avons jamais manqué une seule année, mais celle-ci est bien différente des autres. Je ne suis pas sûre que ce soit une excellente idée, toutefois, comment suis-je censée refuser devant son minois angélique qui réussirait à fondre n'importe quel cœur ?