Fyctia
Chapitre douze 2/3
Trevor
De ce que m'a annoncé mon meilleur pote, Maxine se trouve sur place depuis le début de la fête, et même si je ne l'ai pas vu, je me doute bien qu'elle est dans ces lieux. Alors si je veux pouvoir retrouver celle que je souhaite, je n'ai qu'à dénicher une robe rouge parmi toutes les filles qui se déhanchent. Évidemment, il me faut moins de cinq minutes pour l’apercevoir. Elle se tient aux côtés de sa meilleure amie qui semble déjà assez bien éméchée. Au moment où nos regards se croisent, elle s'arrête. Elle me scrute de ses paupières à moitié closes, comme pour me balancer des insultes silencieuses. En échange, je lui offre mon plus beau sourire ; fier d'avoir gâché son repas. Quoique, sa citronnade a rattrapé le coup.
Elle se fraie un chemin parmi les membres des Glorious Alphas. Elle tente d'en pousser un qui recule subitement sur elle pour la bloquer contre le mur. Par réflexe, j'effectue un pas afin de mettre mon poing dans la gueule de ce Andrew qui pense avoir le monopole sur ce que font les gens ou non ici. Mais je me ravise aussitôt en me rappelant que je ne dois pas intervenir. Entre nous, c'est une guerre. Je ne suis pas un héros prêt à voler à son secours. Jamais.
— Oh bah tiens, mademoiselle Brielle s’est jointe à nous en fin de compte, déclare Clarisse avec amusement. Moi qui pensais qu'elle se serait tout de même dégonflée après ce que tu lui as fait au restaurant.
Je ne lui réponds rien. Et le regard de mon pote en dit long.
— Tu lui en as parlé ? chuchote-t-il au creux de mon oreille.
Je secoue la tête.
Il se pourrait que j'aie balancé deux ou trois informations à ce sujet, mais ce n'était pas voulu. Elle devait être à côté quand je l’ai confié à Dori et elle n'a fait qu’écouter une conversation qui ne la concernait pas. Toutefois, là, ce n'est pas le plus important, parce que cette petite tornade qui ne dépasse pas le mètre soixante-dix débarque à notre emplacement.
— Héééé ! s’exclame notre jolie rousse, les bras levés. Heureux de… de voir… deux séduisantes femmes, à votre… table ?
J'ignore le nombre de verres qu’elle comptabilise, néanmoins, elle est sur le point d'atteindre sa limite. Et mes pensées se confirment lorsque je la perçois tanguer, avant qu'un gars du public ne la retienne. Dori ne peut s’empêcher d’éclater de rire.
— Ça vous dit une partie ? leur demande-t-il en se saisissant du ballon. On en a marre d’avoir des concurrents faibles.
— Bien sûr, rétorque Helena, dans un rictus des plus malicieux.
Clarisse, toujours à mes côtés, me gratifie d'un clin d'œil. Elle a une idée derrière la tête et j'ignore encore ce que c'est, mais je ne vais pas tarder à le savoir. Nos verres sont de nouveau remplis par Hamilton, l'un des membres de la fraternité, qui se fait moins discret ce soir. Une fois tout le monde en place, comme tout bon gentleman, Takao réalise une passe à sa petite amie secrète. Quand bien même, je n'ai eu aucun vent de ce qui se déroulait entre eux jusqu'à présent, quoi qu'il en dise, je conçois parfaitement qu'il y a plus que de l'amitié entre eux. Je pourrais même parier là-dessus.
— Allez, ma belle, montre à quel point tu ne sais pas marquer, se moque-t-il.
— Oh… Tu penses que je ne sais pas placer… ce… ce truc-là ? bafouille Maxine, le menton relevé. Je vais vous montrer comment on met des penaltys.
— Des paniers, Maxine. Ce sont des paniers, s’empresse de lui rappeler sa meilleure amie.
Elle pouffe sans retenue en flanquant un coup de coude à la concernée.
— Hé ! Je crois que je suis pompette.
Ses iris émeraude n’arrivent même pas à maintenir un point fixe. Et bien trop joyeuse ; chose qui amuse beaucoup notre public. Un peu moins Dori qui va devoir garder un œil sur elle.
— On risque de perdre, Helena… Excuse-moi.
Celle-ci lève les yeux au ciel et l'invite en silence à jouer. Dans une position des plus négligées, notre amie brandit les bras vers le plafond, puis tire. Le ballon s’envole et, contre toute attente, trouve sa place miraculeusement dans le filet.
— Alors ça ! s’écrit-elle, l’index pointé sur son lancer. C’est une chance de cocu ! C’est moi qui vous le dis.
Les personnes qui assistent au spectacle s’initient à applaudir tout en hurlant son prénom. Au rythme des claquements qui font écho entre ces quatre murs, elle se déhanche dans sa robe verte qui lui monte bien au-dessus des genoux. Dori, quant à lui, lève ses sourcils aussi hauts qu'il le peut tout en m'observant.
Oui mon pote, je suis tout autant surpris que toi qu'elle ait réussi à en mettre un dans son état.
Il se contente donc, pour toute réponse, de hausser les épaules et de s'enfiler un verre de vodka. Comme s’il était habitué, aucune grimace ne vient étirer les traits de son visage. Il recoiffe correctement sa chevelure brune dans un chignon, s'empare du ballon, puis tire. Et il marque.
Notre jolie petite rousse s'apprête à prendre leur premier gobelet, cependant, Helena l’en empêche pour boire à sa place. Elle me fixe en réalisant son geste avec une humeur vengeresse. Si elle est là, ce n'est pas pour rien, elle a l'intention de me le faire payer. Comment ? Je n'en ai aucune idée. Je vais toutefois bientôt le savoir, j'en suis certain.
Nous enchaînons les tirs tour à tour. Je crois que certains sont loupés expressément par mon meilleur pote, parce qu'il veut sans doute être gentil avec elles. Tandis que moi, je suis juste une brèle à ce sport. Si je ne me suis pas inscrit dans cette équipe, ce n'est pas pour rien. Donnez-moi une voiture, vous verrez que chaque course sera gagnée et que ce sont les autres compétiteurs qui finiront torchés.
Il ne reste dorénavant qu'un verre chacun, et c'est Helena qui doit tirer.
— Je pense que c'est le moment pour que je joue mon coup, me chuchote Clarisse, près de mon visage.
Interloqué, je fronce les sourcils en l'observant, ne maîtrisant pas trop de quoi elle parle. Bien qu'un petit jeu amusant se soit placé entre nous, j'ignore ce qui se trame dans sa cervelle. Elle lève ses bras pour les passer derrière ma nuque, dans une étreinte un peu trop sensuelle. La pulpe de ses doigts dorlote ma boucle d'oreille droite, alors que je n'aime pas ça. Elle le sait, mais je lui fais confiance. Si elle agit comme ça, ce n'est pas pour rien. Je glisse donc ma main autour de sa taille, caressant le tissu de sa robe noire en laine, tout en la scrutant. Ses yeux perçants me dévorent dans une exagération. J’ai de la difficulté à m’éloigner de la personne qui suscite en moi une profonde fascination, afin de concentrer toute mon attention sur ma chère petite copine.
— Je serais bien tentée que l'on s'embrasse publiquement, pas toi ? sourit-elle.
Tout en prononçant ces mots, elle approche son visage. Ses lèvres viennent frôler les miennes.
— Ce serait encore plus excitant si c'est toi qui embrassais le premier, parce que… AÏE.
Elle se recule aussitôt, sa paume plaquée sur son crâne. Le ballon de basket rebondit à nos pieds plusieurs fois, avant de rouler sous la table.
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