Amara Kline Belong Together Chapitre onze 2/4

Chapitre onze 2/4

Helena


Sans crier gare, il se saisit de ma gauche. Choquée par son geste, je ne réagis pas sur le coup.


— J’ai toujours aimé ce goût que tu as pour mélanger les couleurs. Du violet foncé pour le pouce et l'annulaire, tandis que le reste est un bleu nuit. J’adorais la fierté qui se lisait dans ton regard perçant, lorsque tu donnais des pichenettes de ces deux doigts.


Il dépose un baiser sur mes phalanges, une attention profonde ancrée dans le mien. Je retire ma main, comme s’il m’avait brûlé, au moment où des frissons serpentent mon échine.


— Rassure-toi, il ne m'a rien balancé, ajoute-t-il en soupirant. Je sais pertinemment que c'est ce que tu t'imagines.


J’arque un sourcil, surprise qu'il ait lu dans mes pensées sans que je prononce le moindre mot.


— Il a juste eu un appel avec son fameux ami. Je me suis contenté de l'écouter et j’ai fait le reste à côté. Je ne suis même pas sûr qu'il sache que je suis là. Peut-être que Craig a dû aller se plaindre comme une fillette auprès de papa maman.


Il ne cessera donc jamais. Trevor Prieto a toujours été ce garçon qui adorait râler après les gens. Si la voisine osait s’indigner du barbecue qui était organisé dans le jardin, alors il s'empressait de la traiter de pleurnicharde, d’aigri.


Même au collège, au moment où l'intello de la classe a rappelé au professeur notre contrôle, il n'a pas perdu une seule seconde pour déclarer qu'il était un fayot. Si vous avez le malheur de réaliser une action digne des faibles – comme Dori et Omar le disent si bien – par conséquent, vous n'échapperez pas au grand Prieto qui est bien trop parfait pour nous. Je trouvais cela marrant à l'époque, mais étant donné que je le déteste, alors je n'ai plus envie de rire. C'est même moi qui en deviens aigrie.


— Tu n’en as pas marre de te croire tout le temps au-dessus des autres, de penser que tu contrôles tout, que tu as le monopole sur tout ce qui t'entoure également ? Ça y est, tu as réussi à déjouer un de mes rencards, tu t'attends donc à de grands éloges ? Que l'on s'incline devant toi ?


Il se penche au-dessus de la table, puis me murmure :


— Tu t'inclineras un jour devant moi, ça, j'en suis sûr et certain, mais ça ne sera sans doute pas pour faire les louanges.


Je déglutis avec peine. Il n'a jamais eu de parole aussi impure. Ses sous-entendus ne sont pas compliqués à comprendre. Je sais parfaitement à quoi il fait référence, cependant, il se fourvoie. Jamais je ne me mettrai à genoux devant lui et ma bouche ne lui servira qu'à recevoir des mots acerbes ; rien d'autre.


Il se mord la lèvre inférieure tout en me toisant avec cette ardeur que je ne saurais décrire. Fut un temps, il me procurait des frissons intenses, mais à présent, c'est du dégoût. S'il imagine qu'il peut me troubler à nouveau, il se trompe. Il serait bien trop stupide de penser que cela marcherait comme la première fois. Cette fameuse première fois qui s'est déroulée à la fête au Mexique, alors que j'y participais enfin. Il n'avait cessé de me perturber par cette prestance qu'il était capable d'avoir et surtout sa beauté. Parce que oui, Trevor Prieto est le plus bel homme qu'il m'ait été donné de rencontrer, je ne remettrai jamais cette pensée en cause, car ce serait mentir de déclarer le contraire. Il en est parfaitement conscient, c'est justement ce qui le motive à en jouer un peu trop parfois. Bien qu'il suffisait de me jeter ces fameux regards autres fois, aujourd'hui, je fais en sorte de chasser une quelconque réaction qui irait à l'encontre de ce que j'éprouve pour lui.


— Si c'est d'une fellation dont tu as besoin, tu n'as qu'à la demander à ta petite copine, décidé-je de répliquer après un long silence. Après tout, tu ne m'as pas dit…


— Qu'est-ce que ça fait de se faire humilier ? me coupe-t-il sèchement.


De quelle humiliation est-ce qu'il parle ? Je suis assez perplexe.


Il relève le menton et commence à scruter autour de nous. J'en réalise de même et me rends compte que beaucoup de consommateurs ne cessent de nous toiser, eux aussi, en s'échangeant des messes basses. Je ne comprends pas pourquoi ils agissent ainsi. Nous sommes simplement deux clients qui sont assis à la même table et qui débattent entre eux.


— Lorsque je me lèverai, que je partirai, ils verront tous que tu es seule et que tu t'es apprêtée pour un homme qui t’a délaissée. Les rumeurs vont vite, tu sais ? Et plus de la moitié des personnes qui se trouvent dans ce restaurant, savent que tu avais un rendez-vous avec quelqu'un d'autre que moi.


Deux femmes ont pris place sur la droite, là où le couple était installé un peu plus tôt. La rousse aux cheveux courts qui semble être l'une des amies de Maxine ne cesse de me sourire avec moquerie. J'ai constamment été neutre avec elle parce que je ne la connaissais pas assez bien. Si elle souhaite avoir une ennemie, alors elle en aura deux, pour la simple et bonne raison que ma meilleure amie ne laissera jamais passer un tel comportement. C'est à ses risques et périls.


Sa copine, quant à elle, élargit ses paupières avant de détourner son attention de moi. Elle s'amuse également à rire de ma situation. Cette fois-ci, je commence à me sentir réellement mal à l'aise.


— On a le droit de venir dîner tout seul, même en se faisant belle, rétorqué-je en posant à nouveau mes pupilles sur lui. Je me fiche de ce que pensent les autres.


Mensonge.


— Oh.


Il semble surpris.


— Pourtant ce n'était pas le cas avant. C'est moi qui t'ai aidé à fermer les yeux sur le jugement que te portaient les gens.


Un rire nasal m'échappe encore. Il n'a pas tort.


Si j'ai autant confiance en moi aujourd'hui, c'est grâce à lui. Si j'arrive à affronter les insultes blessantes d'autrui, c'est grâce à lui. Il a tout fait pour me montrer que les autres n'éprouvaient que de l'envie, de la jalousie, car, j'étais bien trop magnifique pour eux, bien trop brillante, et parce que c'était moi qui avais le privilège avec lui. Même avant que ses parents ne deviennent fortunés, toutes les filles le désiraient. Quand on est beau et populaire, le reste n'a guère d'importance aux yeux de certaines. Mais pour lui, il n'y avait que moi ; chose qui ne leur plaisait pas.


Si j'assumais ses propos, à cet instant présent, ce serait comme me tirer une balle dans le pied. J'en serai totalement stupide.

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7 commentaires

Oswine

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Il y a un mois

Je suis passée me mettre a jour, j'espère que ça t'aidera ! Je participe à IMPACT, n'hésite pas à venir découvrir ce que j'ai fais ! 🫶

Amara Kline

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Il y a un mois

Je te mettrai dans ma liste pour te lire

Oswine

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Il y a un mois

Merci c'est gentil ! 🫶

Zatiak

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Il y a un mois

🥰🥰🫶

L.ludivine

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Il y a un mois

❤️

Amara Kline

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Il y a un mois

🩷

Salma Rose

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Il y a un mois

🌹🌹
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