Fyctia

Trevor

L'entraînement de basket touche à son terme. Le commencement de la saison pour les tournois qualificatifs doit débuter très bientôt. Si je me souviens de ce que nous a rabâché Dori à la fraternité, dans deux semaines arrivera le premier dans lequel ils affronteront les faucons ; une équipe de l'université de Boston. Ces rencontres seront celles où chaque succès les rapprochera un peu plus de la finale, et c'est précisément celle-ci où l'entraîneur des Blacks Revens sera présent dans les tribunes. Alors, il se donne à fond chaque après-midi pour être au top. Bien que ce sport soit un jeu d'équipe, il est le capitaine et celui qui les mène vers la victoire. Maxine a été présente au cours de la première heure, avant de partir sans dire un mot. Elle a tout de même fait l'effort d'être là pour lui, même si elle continue de se tenir à distance. Je ne sais pas vraiment s'ils ont réussi à avoir une discussion sur ce qu'il s'est passé à Vegas, mais mon meilleur ami ne veut rien me dire non plus.

Posé sur l'un des bancs de l'estrade, je scrute la porte qui mène au vestiaire, attendant qu'il daigne enfin ramener son cul après avoir pris une bonne douche ; histoire d'enlever la crasse qu'il a accumulée avec son entraînement. Dix minutes, c'est le temps qu'il met pour revenir. Il se rapproche de moi avec son sac de sport dont la anse passe au-dessus de sa tête pour se caler entre son cou et son épaule, puis il me fait signe de le suivre.

— On va récupérer le reste de nos affaires dans le casier, et après, on rentre.

— Ouais, en plus, j’ai Clarisse qui doit m’attendre chez nous.

Il me jette un coup d'œil interrogateur et j'ajoute :

— Non, je n’ai pas l’intention de coucher avec elle, si c’est ce que tu t’imagines. Ou peut-être, haussé-je les épaules. Ça fait quand même longtemps que je ne me suis pas procuré du bien.

Tout en marchant vers la sortie, il me pousse sur le côté en plaquant sa paume contre mon bras.

— Arrête de me blatérer de la merde, comme si moi j'allais tremper ailleurs alors que la seule personne que je désire n'a pas envie de moi.

— Tu admets donc que tu la veux !

Il soupire en roulant ses yeux dans leurs orbites.

J’ai de la peine pour mon ami. S'il me dit une telle chose, c'est que Maxine a déserté la conversation durant le dernier cours, ou l’a-t-elle probablement simplement évité. J'étais bien trop concentré à procurer des frissons à Helena, que je n'ai pas prêté attention à ce qu’échangeait le duo. Je ne peux m'empêcher de sourire en la revoyant se lever à toute vitesse tout en extirpant un gémissement entre ses lèvres. C'était si drôle de la mettre aussi mal à l'aise, mais ce n'est pas comme si elle ne l'avait pas cherché.

— En même temps, t'es bien trop bon comme mec pour t'intéresser à une autre. Il faudrait limite, que notre amie te brise le cœur afin que t'aille voir ailleurs.

— Je te signale que tu es également quelqu'un de bien, alors ce n’est pas moi à qui tu vas faire croire que tu as baisé Clarisse une seule fois ! N'oublie pas que je suis ton meilleur pote depuis qu'on est petit, je te connais comme si t'étais sortie de mes couilles.

Mon visage se tord dans une grimace en imaginant la scène.

— Oh, comme c’est élégant, ris-je.

Il s’hilare à son tour, tout en poussant la porte battante.

— Tu sais quand se déroulera la prochaine course ?

Je hausse les épaules.

— Le gringo ne m’a rien dit, alors je n’en ai aucune idée.

— Pourquoi ne pas demander à Omar de faire des recherches ?

Il connaît certaines personnes dans ce milieu et c'est même lui qui m'avait trouvé ce clan, comme je le désigne, pour que je puisse démarrer mes premières courses. Celles que j'avais faites durant mes débuts étaient plus des rallyes de rue à la vue de tout le monde. Parfois, les organisateurs ne nous donnaient pas notre prix, c'étaient de véritables enfoirés. Mais j'étais bien trop jeune pour être capable de les affronter seul, eux qui avaient l'âge d'être mon père. Et puis un jour, Omar a fait la rencontre de ce mec-là, avec qui je me suis lié d'une certaine manière en amitié. Il lui a expliqué qu'il se rendait dans des courses en tant que public et qu'il proposait aux meilleurs concurrents de venir dans les siennes. Bien qu'il y ait des personnes très mauvaises, il mise toujours sur de bons chevaux. C'est comme ça qu'ils gardent leur réputation au sommet.

Aux dernières nouvelles, les patrons des anciens tournois se retrouvent face à la justice pour comparaître dans l’affaire qui les a menés devant les lois américaines. Moi, je dis que c'est simplement le karma qui les a rattrapés.

— C’est déjà fait, finis-je par lui répondre. Il est censé tâter le terrain avec l'un des barmans qui le laissent parfois jouer le soir, et s’il a des nouvelles, il me tiendra au courant.

— Ce serait bien qu’on aille le voir se produire, un de ces quatre.

J'acquiesce.

Nous bifurquons sur notre droite dans un second couloir, dans lequel se trouvent nos casiers.

— Cette année, il préfère se concentrer sur les cours, donc il ne jouera pas si ce n'est durant les fêtes qu'on organise à la fraternité.

— C’est bien dommage.

Je valide ses propos. Un grand talent gâché par les études, mais des études qui l'aideront à aller à Boston pour subsister son rêve. C'est ce qui est le plus important dans sa vie.

— Tu sais qu’ils ont l’intention de retirer les casiers ?

— Ah oui ? m’étonné-je, en m'adossant contre le mien tandis qu'il ouvre le sien.

— Il trouve que ce n'est pas trop profitable, surtout que la plupart des élèves ne les utilisent même pas.

— Pourtant, ça nous sert bien quand on n'a pas envie de s’embêter et de ramener tout chez soi.

Il hoche la tête en extirpant l'un de ses livres sur les stratégies. Même s'il s'entraîne au basket-ball, il doit tout de même étudier les techniques qui lui sont réclamées sur le terrain ; c'est comme ça que l'on devient champion.

— Le pull que tu m'as prêté, je l'ai rangé dans le tien au cas où.

Je me redresse et me tourne, puis je commence à composer mon numéro sur le cadenas.

— Tu sais que t’aurais pu le garder, l’informé-je. Parce que personnellement, je n’ai pas besoin de…

Boom.