Fyctia

Helena

Je me mets à rire avant de me ressaisir pour ne pas trop attirer l'intérêt des deux hommes.

— Des bruns aux yeux marron, il y en a plein je te signale, mademoiselle Snow. Ton mec l'est justement.

Un bruitage choqué émet entre ses lèvres.

— Alors tout d’abord, soulève-t-elle l'index vers le plafond, ce n'est pas mon mec. Deuxièmement, le mien est asiatique. Et pour finir, il a précisément la tête de Trevor en version wish. Il a même les deux anneaux d’oreilles et la seule différence, c'est que c'est un gringo comme déclarait notre cher Prieto.

Je lève les yeux au ciel. Il est évident qu'il ne lui ressemble pas. S'il serait mexicain, sans doute, je lui dirai, mais là ce n'est pas le cas. Il est juste monsieur Tout-le-Monde en version mignon et je refuse de croire que Chad a fait exprès de me trouver le sosie de celui que je ne supporte pas. Et puis, dans le pire des cas, ce sera parfait. Si la jalousie marche avec lui, alors me découvrir avec un homme qui lui ressemble le mettra en rogne ; c'est exactement ce dont j'ai envie.

Moins de dix minutes plus tard, c'est notre ami qui revient avec notre plat. Il le dépose puis nous tend à chacun notre bol de boulettes de Mac and cheese. Il nous offre également une bouteille d'eau à chacune. Nous n'avons pas besoin de lui dire pour qu'il sache ce que nous préférons lorsque l'on dîne. Son collègue sort quelques minutes après à son tour, les bras chargés de boîtes de pizzas. Il ne cesse de m'envoyer des sourires charmeurs à chaque fois qu'il passe devant moi. Bien qu'il ne me fasse aucun effet quand il me regarde, je n'hésite pas à lui montrer une tout autre version. Ça peut paraître hypocrite, mais c'est ainsi qu'un jeu de séduction se met en place. Peut-être que durant ce rencard, lorsque j'apprendrai à le connaître, il me plaira toujours physiquement, mais aussi mentalement. C'est un bel homme, il serait donc dommage de passer à côté de quelque chose.

— Je te laisse fermer la boutique, mon pote, et je te dis à demain, déclare Craig depuis le seuil de l’entrée. Toi, Helena, je te dis à vendredi prochain pour vingt heures au Gusto Grove. C'est moi qui réserverai la table.

Je valide ses propos d’un simple ok, puis je le scrute pendant qu’il s’éloigne. Je reporte ensuite mon attention vers celui qui m’a grandement aidé.

— Tu as rempli ta part du contrat, Chad. De ce fait, je vais te filer le numéro d'une de mes cousines. Je ne te promets pas qu'elle acceptera ta drague, mais j'ai tâté le terrain avant et elle te trouve mignon. Pour le reste, tu te débrouilles.

— Laquelle ? s’empresse de demander ma meilleure amie, le palais plein de Mac and cheese.

— Jenna, réponds-je en avalant une bouchée de ma pizza.

C’est incroyable ce mélange de salé ainsi que de sucré.

— Oh bordel, s’esclaffe-t-elle en manquant de s’étouffer. Alors là, elle t'a sélectionné une chaude lapine. C'est moi qui te le dis.

Une satisfaction émane sur son visage, tandis qu'un rictus malicieux se dessine. Il ne pouvait pas rêver mieux comme choix, surtout quand on sait que lui-même trempe fré-mquemment ce qui lui sert à être un homme. Sa petite addiction au sexe a débuté alors qu'il n'avait que quinze ans. Il a constaté ce que c'était de devenir un vrai mâle, comme il disait à l'époque en couchant pour la première fois avec une autre élève du lycée. Il a découvert les multiples expériences que cela lui apportait, et bien qu’au début cette fille satisfaisait ses désirs très extravagants, il est arrivé le jour où elle a déménagé ; brisant ainsi le cœur de notre ami. Chad a dû dénicher par ses propres moyens une personne qui appréciait les mêmes délires. Il l'a quand même eu, mais il a aussi voulu tester différentes femmes. Depuis ce moment, il ne cesse d'avoir des plans cul.

Et il rêve tout de même de se caser, cependant, il n'a pas encore trouvé celle qui lui procure de l'admiration dans ses pupilles noisette lorsqu'il les abdique sur elle. Ce n'est pas faute d'avoir tenté de lui en présenter certaines. Un jour son tour viendra, et je ne doute pas que ce jour-là, tout le monde sera surpris qu'il se range enfin pour se poser.

— Pour te remercier, Helena, nous chuchote-t-il accoudé sur le comptoir, comme si quelqu’un pouvait nous entendre, je vous offre le repas.

— Ah parce que tu pensais nous faire payer en plus ? s’offusque Maxine en ingurgitant une boulette.

Il se marre aux éclats.

— Bien sûr que non ! Mais laisse-moi faire semblant d'être sympa aussi.

Elle balance l'un de ses Mac and cheese sur sa tête pendant qu'il s'éloigne. Il râle sans retenue. Nous rions à notre tour de plus belle, tandis qu'il franchit la porte battante. Nous avons bien de la chance d'avoir cet homme dans notre vie, et pas seulement parce que c’est pizza gratuite.

— Allez dépêche-toi de déguster ce petit plat, déclaré-je. Plus vite on rentrera, plus vite on dormira. Et plus vite on dormira, plus vite nous serons à demain pour aller rendre une visite à nos chers scientifiques.

Elle m'offre un large sourire, de ces lèvres remplies de sauce tomate, avant de répliquer :

— Et tu n'imagines pas à quel point mon excitation d'être à cette farce explose dans mon être.