Fyctia
Chapitre sept 2/3
Helena
Elle a beau ne m'avoir rien dit après la première soirée de la fraternité, elle ne peut pas passer sous mon radar. Lorsque Trevor s'est éclipsé avec sa mocheté de plan cul, Dori n'a pas tardé à rejoindre la piscine pour exiger à ma meilleure amie de le suivre. Curieuse que je suis, j'ai abandonné Chad pour regagner l'intérieur et les espionner. J'ai bien compris qu'ils étaient proches et qu'ils se déroulaient quelque chose entre eux ; une chose qui m'a rappelé celui que j'ai aimé autrefois. Durant les jours qui ont succédé, j'ai tenté par tous les moyens de lui faire avouer. Toutefois, il est compliqué d'interroger une tombe. À moins que je ne décide de la torturer, je n'aurais vent d'aucune information. Et à cause de ce tocard de Trevor, je ne pourrais rien apprendre de plus, car, je sais pertinemment qu’il en détient beaucoup plus que moi. Et bordel que ça me rend folle.
— Écoute, Helena, réplique-t-elle dans un soupir. Il se pourrait que je…
Elle se stoppe aussitôt, les yeux relevaient au-dessus de ma tête. C'est lorsque j’aperçois ses sourcils, se lever si haut, qu'ils pourraient toucher la frontière de ses cheveux, que je comprends que quelque chose ne va pas. Par automatisme, je me retourne et découvre le duo qui franchit le seuil de l'amphithéâtre. Comme si la vie avait une dent contre nous, et parce qu'il sait pertinemment que ça va m'embêter, ils décident de s'installer avec nous. Dori à sa droite, Trevor à ma gauche, nous nous taisons pour fixer toutes les deux un point imaginaire en contrebas. Probablement pour ne pas exploser, je retiens mon souffle et remue le moins possible. Les garçons ne font pas partie de ce cours, pourtant, il est présent ; une présence dont je n'y vois aucun intérêt.
Je sens de légères chatouilles remonter le long de mon bras, avant d'atteindre mon cou. Dans un regard en biais, je perçois la pulpe de ses doigts bien trop proche de mon minois. D'un mouvement brusque, je me décale en le fusillant.
— Je peux savoir ce que tu es en train de foutre là ? rouspété-je le plus doucement possible.
La commissure de sa bouche s’étire si largement, que sa dentition se découvre.
— Tu adorais quand je te caressais ces taches de rousseur, Helena, raille-t-il, sa main levée à nouveau sur mon visage.
D’un geste vif, je le repousse sans ménagement ; un désir ardent de l'insulter. Son air amusé me fait tant fulminer. Je suis incapable de contrôler les battements de mon cœur qui s’intensifient et se mélangent à la chair de poule que sa proximité déferle dans mes membres. Encore une fois, il tente de me toucher, mais sans crier gare, je craque.
— Ça suffit, Trevor ! Arrête de…
— Mademoiselle Brielle, s’écrit l’enseignante depuis son podium en contrebas. Je serais ravi de connaitre votre réponse à ma question. Quel est le pourcentage du PIB chez nous l’année dernière ?
Je tourne la tête vers la foule d’élèves qui me scrute sans ménagement. Chacun d’eux vissent leurs pupilles dans les miens, alors que l’anxiété d’être fixée de la sorte procure en moi une montée d’angoisse. À défaut de connaître les réponses à ces questions, être le centre de leur curiosité est l’une des pires phobies qui m’habitent. Je te maudis Trevor Prieto.
— Allé, ma petite intello…, souffle le fichu Satan mexicain, en jouant avec une mèche blonde de ma tignasse relâchée. Montre à quel point tu es brillante.
Maxine, sur ma droite, m’encourage à y répliquer sans prêter intérêt à ce qui m’entoure dans un signe de tête. Je finis par me racler la gorge et annonce :
— Les exportations américaines représentent approximativement dix pour cent de leur PIB. Ça doit faire environ trois billions de dollars.
Ça, c’est un panier à trois points.
Ayant bon à la réponse et ne sachant quoi riposter, madame Blake retourne à son enseignement en ne prêtant plus attention à moi. Les autres étudiants en font de même. Plus tendue que je ne le suis, Maxine tente de garder le contrôle sur une discussion qu’elle échange avec Dori, mais que je peine à entendre, et pour cause : le tocard revient à la charge.
Sans que je ne m'y attende, il entame de nouveau de caresser ma peau, tandis que mon pouls s’affole. Un plaisir se mélange à la colère et se bat dans un duel pour comprendre lequel de ces sentiments sera maître de mon corps. J’ai toujours été transparente avec Trevor – lui révélant mes plus sombres désirs – qui a donc toutes les cartes en main pour savoir où frapper pour que je flanche. La pulpe de ses doigts se dépose dans des points stratégiques, tout est calculé. Mon avant-bras ; mon cou ; ma nuque ; ma gorge.
J’ai beau le repousser, il insiste dans un rire malicieux qui n’échappe pas à mon ouïe. J’ai envie de lui arracher ses deux boucles d’oreilles pour le lui enfoncer dans ses billes ténébreuses qui ne cessent de me lorgner dans un plaisir sadique. Mes poumons se ferment aussitôt au moment où il se penche vers moi.
— J’aime te faire autant d’effets, mi belleza, murmure-t-il au creux de mon oreille.
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Chloé Hazel
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Il y a 3 mois
Sharleen V.
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Il y a 3 mois
Lexa Kane
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Il y a 3 mois
K.C Sankr
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Amandine.02
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Il y a 3 mois