Fyctia
Chapitre cinq 2/3
Helena
Effectivement, il n'est plus celui que j'ai aimé dans le passé. Jamais il n'avait été débecté par ma présence, j'ai beau me demander ce que j'ai bien pu faire pour en arriver là, je ne trouve aucune réponse. Parfois, je me dis que je n'aurais jamais dû sortir de ce coma. Je n'aurais pas à endurer un aussi grand manque de respect. Mais s'il croit qu'il suffit d'avoir un comportement si pitoyable pour me faire renoncer à cette guerre, il se trompe. J'ai bien l'intention de lui pourrir chaque course à laquelle il participera.
— Attache ta ceinture et ferme-la, Brielle. Je ne veux entendre que le son de mon moteur et rien d'autre.
Je me noue rapidement mon ondulation polaire dans un chignon négligé, avant de boucler ma ceinture.
— On aurait pu mettre quand même un peu de musique, déclaré-je en avançant ma main vers le poste radio.
Ses doigts frappent le dessus de celle-ci, dans une pichenette.
— Ma voiture, mes règles, c'est clair ?!
Mes yeux roulent dans leurs orbites, je détourne mon attention. Je le dévie une nouvelle fois pour éviter de devoir fixer monsieur Salvador Dali, qui ne cesse de me reluquer, et garde mes pupilles rivés droit devant. Une rousse à la jupe très courte et au croc top qui met en valeur sa jolie poitrine, s'avance en laissant claquer ses talons sur le bitume. Elle se place sur un point précis, secoue des foulards verts de chaque côté de ses mains tout en levant les bras vers le ciel. Elle scrute chacune des personnes se trouvant dans les habitacles, un léger sourire esquissé au coin de ses lèvres. Trevor retire immédiatement sa capuche, son regard concentré devant lui. Puis, tout à coup, la femme abaisse les bras vers le sol.
Pied sur l'accélérateur, il appuie brusquement sur la pédale avant de passer les premières vitesses. Mon corps est projeté contre le dossier de mon siège avec une telle force, que je suis incapable de bouger le moindre membre. Je n'ose prononcer un quelconque mot et me contente d'écarquiller les yeux. Les doigts agrippés contre la poignée de la portière, je peine à entendre les autres véhicules nous suivre à cause du bruit du moteur qui ronronne si fort dans mes tympans. J'aperçois du coin de l'œil son adversaire se tenir à égale distance. Mon chauffeur m'offre son mutisme, bien trop concentré sur les obstacles qu'il déjoue sur le trajet. Il jette toutefois de furtifs coups d'œil dans ma direction ainsi que la voiture qui ne nous lâche pas. Comme je l'avais deviné, c'est contre lui qu'il se bat. Depuis le rétroviseur extérieur sur ma droite, je perçois les autres concurrents finir sur le bas-côté tandis que d'autres dérapent pour se placer au milieu de la route ; de cette façon, ils empêchent leurs semblables de continuer.
Mon cœur n'a jamais tambouriné aussi vite. J'ai la sensation d'être dans des montagnes russes qui ne s'arrêtent jamais ; effectuant des loopings encore et encore. Une adrénaline extrême s'empare de mes membres tandis qu'une excitation naît dans le bas de mon ventre ; surtout au moment où la voiture passe un ralentisseur qui nous plonge dans une trajectoire bien trop inclinée ; toujours en ligne droite.
— Tu me fais toujours confiance, Helena ?
J'enfonce mes ongles dans le cuir de son siège tout en hochant frénétiquement la tête.
— Je ne t'entends pas, siffle Trevor en prenant bien plus de vitesse.
Moi qui pensais qu'il était à son maximum, j'avais tort.
— Oui !
Un rire nasal lui échappe.
— Pourtant, tu ne devrais pas.
J'arrive à tourner le regard tout en essayant de garder le contrôle sur la route éclairée par des spots muraux, ainsi que les phares de la voiture. Je me mentirais à moi-même si je disais que je n'avais pas peur, que je n'étais pas terrifiée. J'ai tellement envie de lui faire confiance, parce que je sais qu'il ne me mettrait jamais en danger. Du moins, je l'espère du plus profond de mon cœur.
— Regarde-moi ! ordonne-t-il.
Comme si mon cerveau recevait instantanément l'exigence de Trevor, j'obéis. Il ne me toise pas. Il se contente de me jeter une attention du coin de l'œil, tout en la gardant sur la route.
— Ne fixe que moi si tu as peur. J'ai bien la volonté de gagner cette course, même avec un boulet en passager, et je n'ai pas l'intention de devenir un meurtrier ce soir.
Un boulet… Si ça ce n’est pas une insulte de tocard, alors j'ignore ce que c'est.
La petite fille en moi, remplie d'une grande fierté, décide de glisser son champ de vision droit devant. S'il pense que je vais être faible face à lui, il se trompe. Au même moment, nous arrivons à un virage assez serré. J'entrouvre la bouche, mes poumons se bloquent, le temps se suspend. Trevor utilise ce qu'il me semble être son frein à main, ainsi qu’un coup sec avec son volant, bien que je n'offre pas de dévisser mon attention sur autre chose que la mort qui nous attend devant ce mur. Puis je laisse mon corps dériver sur la droite avant que je ne me redresse.
Mon Dieu, je suis toujours vivante.
— Évite de mouiller ta culotte, ricane-t-il en enclenchant la vitesse suivante.
— Va te faire foutre, soufflé-je, aussi amusée que lui.
Je ne peux pas nier que cette course est en train de faire naître un plaisir dans le creux de mon ventre. C'est comme lorsque l'on saute sur un trampoline. Cet effet incroyable qui se répand dans notre corps est si agréable, qu'on souhaiterait que ça ne cesse jamais. J'ai l'impression de me sentir vivante, plus vivante que je ne l'ai jamais été.
12 commentaires
Chloé Hazel
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Il y a 3 mois
Lexa Kane
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Il y a 4 mois
Amara Kline
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Il y a 4 mois