Fyctia
Chapitre cinq 1/3
Helena
— Helena ?
— Trevor ?
— Qu’est-ce que tu fous là ?
Dissimulé derrière sa capuche, il me scrute avec une très grande sévérité.
— Et bien, ça ne se voit pas ? Je suis ta copilote, souris-je.
— Sérieusement, crache-t-il, les mains sur le volant, pourquoi tu es ici ? Et comment as-tu su qu’il y avait une course ?
Ma langue claque contre mon palais. Si je suis honnête avec lui, Maxine sera dans le pétrin par ma faute. Déjà que je lui ai fait croire que j’arriverais tard à cause de ma visite à la bibliothèque, hors de question qu’elle soit responsable de ma venue.
— Oh mon petit Prieto, ris-je. Tu ne peux pas me cacher des choses aussi importantes. Et je suis ta copilote, je te l’ai précédemment déclaré.
— Arrête de te foutre de ma gueule Helena, fulmine-t-il à nouveau, et dis-moi ce que tu fais vraiment là ?
Je soupire.
— Si tu n'as pas envie de moi en tant que copilote, je pourrais très bien partir avec…
Je cherche du regard un autre conducteur et tourne la tête vers la droite. Un homme aux cheveux foncés et à la moustache digne de Salvador Dali glisse sa langue sur sa lèvre supérieure tout en me fixant.
— Je pourrais aller avec lui, le désigné-je. Je suis certaine que lorsqu'il t'aura battu, il ne sera pas contre une soirée avec moi.
Les doigts enroulés sur son volant, ses jointures blanchissent tandis qu'il me fusille de ses yeux sombres ; bien plus sombre qu'ils ne le sont déjà. Ses narines se dilatent et je sais qu'à cet instant me détester serait un faible mot. Je ne suis même pas sûre qu'il en existe un pour décrire son état d'esprit. Jamais je ne suis montée avec lui dans une voiture de course, bien qu'il m'ait fait quelques frayeurs en me tapant des accélérations sur la route afin de m'embêter. Mais jamais il ne m'a fait participer et ça lui était également inconcevable, surtout après l'accident qui a failli lui coûter la vie.
Le jour où il a manqué de se planter, cette nuit-là, je me suis contenue devant tout le monde. Je ne voulais pas craquer et montrer une telle faiblesse. Alors au moment où nous avons passé la porte de chez lui, puisqu'il m'a emmené dans sa chambre, je me suis effondrée. Toutes les larmes que j'ai maintenues à cause de la peur qui s'était accumulée, dévalaient mon minois sans retenue. C'était un événement qui m'avait beaucoup trop touché, j'en avais eu le cœur brisé. Je ne m’imaginais pas vivre une vie sans Trevor Prieto, le meilleur ami que j'aimais le plus au monde. Alors que je m'accrochais à lui dans ses bras, il m'a juré de ne jamais recommencer, pour moi. Il refusait de me voir aussi mal. Bien sûr, je l'ai cru, comme la fille stupide que j'étais autrefois. Mais ce temps est révolu.
Saisissant qu'il ne répond rien, j'ajoute en ouvrant la portière :
— Très bien, je vais donc aller changer ma place avec…
— Stop ! gronde-t-il.
Je détourne mon regard dans sa direction et d'un simple signe de la tête, il m'ordonne de refermer la porte.
— Je peux savoir ce que tu fous ? Pourquoi tu mets ta vie en danger de cette façon ?
Cette fois-ci, c'est moi qui lui souris avec malice.
Je penche le haut de mon corps, vêtu d’un débardeur noir, contre le sien. Mon visage est si proche de lui, que je peux sentir son souffle chaud, caresser le bout de mon nez, tandis que cet effluve mentholé embrase mon odorat.
— Sois un tocard autant que tu veux, Trevor. Sois détestable, laisse-moi te haïr, ça m'est égal. Mais n'oublie pas que je suis la seule qui te connaisse le plus au monde. Je suis celle qui voit le reflet de ton âme à travers ces deux billes qui me fixent à l'instant présent.
Il les glisse une seconde sur mes lèvres avant de les remonter. Ce geste me perturbe légèrement parce que c'est ce qu'il faisait constamment lorsque nous étions très proches. Il s'en est bien joué à l'époque, et je sais qu'aujourd'hui, il est prêt à tout pour me déstabiliser, sauf que ce n'est pas lui qui tient les rênes ce soir.
— Temps que je serai dans cette voiture, tu feras attention à ta conduite. Ce qui veut dire que je vais te pénaliser pendant cette course. Tu ne feras pas n'importe quoi afin de parvenir à être le premier sur cette ligne d'arrivée. Tu vas te contenter de rouler vite, certes, mais avec prudence.
Je tourne légèrement la tête, comme pour mimer mon observation sur son rival, avant de revenir vers lui.
— Je sais que ton concurrent, celui qui a de grandes chances de te dominer, n’en a rien à faire de procurer de la peur à sa copilote. Voilà ainsi ce que je fais.
— Ah, donc tu penses vraiment que je vais être prudent ce soir ? souffle Trevor d’un ton malicieux.
— Oui…
Il lève son pouce pour le placer sur ma bouche avant de se rapprocher un peu plus. Mon cœur atteint un battement et la colère que je ressens pour lui ne cesse de s'accroître.
— Arrête de croire que tu connais parfaitement les gens, parce que ces magnifiques lèvres en disent des conneries, Helena.
Il rompt notre contact assez brutalement puis se redresse avec un air rempli de dégoût.
Quel tocard celui-là.
4 commentaires
Chloé Hazel
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Il y a 3 mois
Samantha Beltrami
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Il y a 4 mois
Lexa Kane
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Il y a 4 mois