Fyctia
Chapitre quatre 2/3
Trevor
— Elle pourrait chercher par elle-même, ajoute-t-il en se positionnant à mes côtés, l’attention perdue sur l’horizon, ça lui prendrait toute la nuit.
Il tourne le regard dans ma direction.
— Et je suis sûr qu'elle ne te trouverait même pas.
— Dans le pire des cas, si qui que ce soit l'en a informé, je lui balancerai un mytho et lui dirais que je n'y suis jamais allé. Je la connais bien assez pour savoir comment l'amadouer.
Il rigole tout en s’avançant vers la première table sur laquelle se dénichent les bols apéritifs. Il se saisit d'un cracker puis le porte à ses lèvres.
— Tu sais… Elle… Elle a…, tente-t-il d’articuler à travers sa mastication. Elle a beaucoup changé.
Je hausse les épaules.
Je n'ai pas l'impression que c'est une nouvelle personne. Elle est la même, avec un peu plus de caractère et c'est seulement parce qu'elle est en colère. J'ai déjà eu affaire à cette Helena dans le passé, mais jamais envers moi.
— Tu as tort, répliqué-je, le regard perdu au loin.
Bien qu'il soit ami avec elle depuis de nombreuses années, je reste celui qui la connaît dans les moindres détails. Je lis en elle comme dans un livre ouvert. Elle a toujours été transparente, de la même manière que je l'ai été avec elle, alors, si je déclare qu'elle n'a pas changé, c'est que c'est une véracité.
— Je ne vais pas arriver trop tard, lui dis-je pour dériver du sujet. Une fois que je gagne la course, je reviens illico presto. Et ensuite, on fait la fête jusqu'au petit matin, comme toujours.
— Comme toujours, confirme mon meilleur pote dans un sourire qui étire le coin de ses yeux en amande.
Je récupère ma Toyota Supra, rouge sombre – une couleur que j’aime par-dessus tout – dans le garage et je m'engage sur la route principale. Heureusement pour moi, à deux minutes près, je me retrouvais bloqué par les premiers invités qui entament déjà de se stationner dans l’allée.
* * *
Comme je l'avais imaginé, il y a pas mal de monde pour la course. À vrai dire, durant ces compétitions, il y a constamment ceux qui sont là juste pour participer et il y a les deux autres, les inégalés dans le domaine qui sont quasiment sûrs de gagner. Ce ne sont pas toujours les mêmes parce qu’il y a tôt ou tard quelqu’un de bien meilleur que soi. J’ose espérer que mon tour arrive bien assez tard, car je ne suis pas prêt de lâcher mes victoires.
La voiture garée sur son emplacement que j’ai réservé, je déambule – la tête dissimulée sous ma capuche noire du sweat que j’ai enfilé – parmi les Mitsubishi Lancer Evolution IX, Nissan Silvia S15, mais aussi les Ford Mustang Fastback 1968, en observant le public s’émerveiller devant de telles beautés. Plusieurs femmes se comportent comme des poules de luxe envers les chauffeurs. Elles caressent leurs torses vêtus d’un polo avec leurs doigts ; le cul posé sur le capot. D'autres les ont dans les coffres, proches des basses qui envoient de la musique, sans se soucier qu'elles vont prendre peur lorsque la techno s'enclenchera. J'esquive un sourire en repensant à la première fois d'Helena.
Émerveillée, par tout ce qui l'entourait, un homme lui avait alors proposé de s'asseoir à l'arrière de sa voiture pour voir à quel point ses haut-parleurs étaient au top. Je ne sais pas pourquoi, mais je l'ai laissé faire. Je connaissais déjà la réaction qu'elle allait avoir et ça m'amusait à l'avance. J'adorais la taquiner, de plus ça, c'était un bon moyen d'y parvenir. Elle avait pris place, insouciante et innocente, juste au moment où Clandestina de JVSTIN a démarré. Dans un premier temps, son attention était portée dans ma direction et je savais qu'elle était en train de me demander : il plaisante ? Puis tout à coup, le fameux couplet est arrivé. Ses cheveux se sont envolés quelques secondes avant qu’elle ne pousse un cri si aigu que l’on aurait pu la confondre avec un petit oiseau poussant son premier son. Elle m'a bien évidemment détesté après cela ; elle a surtout pensé à se venger.
Le matin, alors que j'étais profondément endormi, elle s'est munie d'un mégaphone avec une bombe sonore, puis elle s'est approchée au pied de mon lit. Helena est restée assez loin pour ne pas me rendre sourd, mais aussi proche pour ne pas se louper. Elle a appuyé et ça a été le réveil le plus brutal de toute ma vie. Assurément, elle a pris ses jambes à son cou tout en riant aux éclats. Le fleurage de sa voix s'est transformé en une mélodie agréable qui a empli l'air. C'était une bonne époque, et parfois ça me…
Merde, il faut que je me sorte ces conneries de mes pensées.
4 commentaires
Chloé Hazel
-
Il y a 3 mois
illusiona
-
Il y a 4 mois
Amara Kline
-
Il y a 4 mois