Amara Kline Belong Together Chapitre un 1/2

Chapitre un 1/2

Trevor


Une nouvelle année signifie, une troisième chez les Alpha Delta Psi. C’est également la dernière. Après ça, chacun vaquera à ses occupations respectives. UT est l’une des meilleures du Texas qui regroupe des élèves de différents continents. Il n’y a pas besoin d’être friqué pour fouler un pied dans cet endroit aux apparences similaires à mon pays. Ce côté été qui fusionne le blanc cassé à du rouge pâle, sans oublier les toitures qu’on déniche en bord de mer d’Europe, attire l’œil. Quand bien même, elle est excellente dans l’État, et que notre équipe de sport bat déjà des records, on s’y sent comme chez soi. Bien que j’ignore ce que je ferai plus tard, je me conduis en cours pour obtenir ce fichu diplôme et rendre fiers mes parents qui se démènent dans la vie depuis qu’ils ont délaissé leur ville natale. Même si j’ai l’intelligence pour aller loin, mes envies ne suivent pas avec la logique ; malheureusement.


Je n'ai pas le droit à l'erreur, sinon, tout ce qu'ils auront sacrifié n'aura servi à rien.

L’odeur de vanille m'oblige à quitter ma chambre. Elle guide mes pas vers l’escalier qui ramène à la porte principale. Alors que j’arrive aux dernières marches, j’ai tout juste le temps de voir le poing de Dori s’abattre violemment sur l’un des membres de la fraternité.


— Tu nous fais quoi là ? m’étonné-je en approchant.


— Cet enfoiré a déclaré que j’étais chinois, alors que je suis japonais ! Ce n’est pas comme si je ne l’avais pas annoncé. On m’insulte parce que j'ai les yeux bridés ?


La victime se pince le nez pour ne pas laisser le sang tacher le parquet. Il ne nous lance aucune œillade et déguerpit le plus rapidement possible à l’étage.


— Est-ce que moi, je lui dis qu’il ressemble à un teckel avec sa coupe de cheveux ?


Mes pupilles roulent dans leurs orbites, avant de rejoindre l’immense salon sur la droite. Il a beau me désespérer, il reste mon meilleur pote depuis que nous sommes gosses. Tout comme la plupart d’entre eux. Je m’affale sur le premier fauteuil qui croise ma route. Posés sur la table basse, dans une assiette plutôt large, une vingtaine de pancakes forment deux colonnes. Omar est notre chef cuistot de la maison, il est celui qui cuisine de remarquables plats des alentours, bien qu’il soit aussi un excellent musicien. Il ne s'est jamais caché sur son envie de filer à Boston pour ouvrir son restaurant qui fusionnera avec ses compositions. La douceur mélodieuse. Un nom qui colle bien au personnage. Ses parents ne sont pas d’accord avec cela, ils voudraient même qu’il revienne au Maroc, auprès des siens. Décision qu’il refuse pertinemment. Sa volonté de prendre son envol, même si cela va à l’encontre de ses géniteurs qui l’encourageront malgré tout, est plus forte que lui.


Je le soutiens coûte que coûte.


— La pile de gauche est à la pâte à tartiner, annonce-t-il en prenant un instant pour recoiffer son épaisse tignasse qui retombe de chaque côté de son visage, depuis le miroir mural. La seconde, c'est au caramel. Pensez à en laisser à nos autres frères.

Chad s’esclaffe, sa bouche rosée pleine et dégoulinante de chocolat, depuis sa place en face de la mienne.


— Qu’est-ce qu’on en a à taper ? Ils n'auront qu’à se faire un petit-déjeuner.


— Il n'y a pas plus gros rat que toi, en fait, répliqué-je.


Son rire cristallin survole l’atmosphère qui est déjà bien remplie par le son d’AC/DC qui résonne depuis les haut-parleurs du plafond.


— Je te rappelle qu’il a toujours été ainsi, souviens-toi de nos sept ans, rétorque Omar en s'asseyant sur ma droite.


Ce crétin aux bouclettes sombres s’était octroyé toute la cargaison de bonbons qu’avait donnée le grand-père du quartier. Chad avait réussi à nous berner en nous déclarant qu’exceptionnellement, il n’avait pu en prendre aucun. Alors déçu, on s’était replié dans l’usine désaffectée dans laquelle on adorait traîner. Quelle ne fut pas notre surprise lorsque notre pote a glissé pour se retrouver la tête en bas comme une pinata. Une pluie de bonbons s’est montrée pour notre plus grand plaisir. À défaut de ne pas l’avoir frappé avec un bâton, on l'a secoué aussi fort que possible pour qu’il ne reste plus aucun emballage caché. On a compris qu’il était le plus gros rat de la bande.


— J’amène de la pizza seulement pour vous, je vous signale !


— Et tu ne veux pas foutre autre chose de ta vie ? l’interroge Dori en prenant place à ma gauche. En plus, tu en ramènes qu’en petite quantité.


— N’oublie pas quand il prend celle à l’ananas ! enchérit Omar, qui imite sa nausée avec son index dans la bouche.


Le concerné lui balance l’un des coussins du canapé, tout en l’insultant de connard.


— Premièrement, je n’ai jamais de grosse commande, raille-t-il. Deuxièmement, ce n’est pas ma faute si certains adorent cette merde.


Bien que ce soit totalement inapproprié, Chad parvient par, je ne sais quel moyen, à ne pas livrer des commandes. C’est de cette manière qu’il arrive à nous filer de la bouffe les soirs de semaine. C’est aussi comme ça qu’il gagne à rester dans la fraternité, alors qu’il n’est plus élève à l’université. À défaut de ne pas avoir de pognon pour payer le loyer, il nous rassasie l’estomac.


— Essaie de m’en ramener une aux poivrons ce soir, exige mon meilleur pote.


Deux des seize autres membres déboulent depuis le hall en se lançant des messes basses. Je sais pertinemment ce qu’ils se disent. On mérite également des pancakes. Mais je n’en ai rien à taper. Nous sommes les chefs des Alpha Delta Psi, de ce fait, nous sommes ceux qui décident des règles. Ils sont bien assez friqués pour se tolérer à manger du matin au soir dans les restaurants du centre-ville. Bien que, nous aussi, cependant, je n’accepte jamais l’argent de mes parents pour payer mes factures ; j’ai une meilleure solution pour ça.


Il n’y a que Dori qui puisse se permettre d’étudier avec cet argent, surtout depuis que ses géniteurs sont rentrés à Kawasaki en lui coupant les vivres. À croire que seuls mes parents ne m’imposent jamais rien sur ma vie. Merci abuela de les avoir éduqués ainsi.


— Tu n’appréhendes pas trop de la revoir ? me demande Dori, un pancake dans la main et le corps penché vers moi.


Ouais, totalement. Notamment depuis que je suis devenu détestable. J’ignore également comment vont se dérouler les mois à venir.


— Non, je m’en tape, soupiré-je dans un mensonge à moitié vrai.


J’ai l’intention de continuer à me tenir loin d’elle, quitte à l’enrager davantage. Je me voilerais la face si je disais que ça ne m’amuserait pas. Plus je serais détestable, mieux ce sera pour nous. Je la connais bien assez pour savoir où je dois cogner. Un an s’est écoulé depuis l’accident, et bien que j’ai réussi à ne plus y penser, les images de son corps me reviennent parfois en mémoire. Un an que je ne l’ai pas revu non plus. C’est l’une des raisons qui nous a fait passer d’amis à ennemis.




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18

18 commentaires

Chloé Hazel

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Il y a 3 mois

Ooooh enemies to lover, intéressant

Amelie.indecise

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Il y a 4 mois

J'aime beaucoup 🤩 Bravo à toi !

Ashley_Parker

-

Il y a 4 mois

Encore une fois, tu m’as plongé dans l'univers des Alpha Delta Psi ! L'ambiance est électrique, les personnages sont attachants et les relations complexes. La dynamique entre les membres de la fraternité est palpable et réaliste. Tu as réussi à rendre la tension et l'incertitude de l'avenir credible. Les détails sur les personnages, comme les envies et les difficultés d'Omar, ajoutent de la profondeur à l'histoire. La réapparition de personnages du passé annonce une intrigue passionnante ! Hâte de lire la suite !
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