J.Prouvée Charnelle Chapitre 9

Chapitre 9

Elle aurait voulu que ce moment ne termine jamais. Elle aurait aimé rester pendue à ses lèvres. Cette chaleur qui peu avant s'emparait de tous ses muscles s'emparait désormais de la seule et unique partie d'elle qu'elle pensait perdue à jamais; son coeur. Elle s'y installait comme si elle connaissait cet endroit, comme si elle ne l'avait jamais quitté, attendant sagement que Danae soit de nouveau prête à accueillir cette sensation qu'elle s'était si longtemps interdite de ressentir.

A mesure que cette chaleur prenait place en elle, elle oubliait tout; sa descente, ses crises, cet homme qui l'avait détruite, tout ce qui lui était lié. Tous ces douloureux souvenirs sortirent au fur et à mesure que Louis propageait en elle cet amour qu'elle avait attendu toute sa vie de recevoir. Etait-ce celui qu'elle attendait? Etait-ce celui qui ferait la différence?

Le contact des lèvres se rompit. Tout deux se fixèrent, sans un mot, et comme si de rien, éclatèrent de rire, puis s'enlacèrent.


-On ne devait pas retourner à l'arcade? Demanda la jeune femme, même si elle n'avait aucune envie de se défaire de cette étreinte.


-Le billard attendra, répondit Louis en resserrant la serrant encore plus fort contre lui.


Ils restèrent dans cette position si longtemps que Danae en avait perdu la notion du temps. Quelle heure était-il, depuis combien de temps s'enlaçaient-ils, en réalité, elle n'en avait que faire. Tout ce qui comptait désormais pour elle, c'était lui. Tous ces cauchemars, ces pleurs et ces crises chez le psy, la peur de sortir, l'apparition de ce visage sur tous les inconnus qu'elle croisait, tout s'évaporait à mesure que le jeune homme l'habitait de plus en plus. Même le froid mordant de la nuit ne l'atteignait pas. Dans ses bras, elle se sentait en sécurité, à l'abris de tout danger. Elle n'avait plus peur.


-Ca te dit qu'on aille se poser dans une des voitures? Finit par demander Louis, la tête enfouie dans ses cheveux. Je commence à avoir mal aux jambes.


Revenue à la réalité qui lui paraissait désormais si douce, Danae obtempéra sans dire un mot. Le jeune homme relâcha doucement son étreinte, et glissa sa main dans celle de la jeune femme. Il la leva et déposa un doux baiser sur son dos. Il entraîna la jeune femme, toujours avec une douceur inouïe, vers sa voiture stationnée sur le parking.

Ils s'installèrent dans la voiture de Louis. Immédiatement, ce dernier prit Danae sur ses genoux, et reforma l'étreinte dont il l'entourait à l'extérieur. Elle, ne disait rien, et savourait ces instants qui lui semblaient toujours trop beaux pour être vrais. Le jeune homme leva la tête, et fixa son visage.


-Si tu savais depuis combien de temps j'en avais envie, dit-il. Te regarder, sans un mot, et... Pouvoir faire ça, sans craindre ta réaction.


Il déposa un autre baiser sur ses lèvres, et enfoui sa tête dans son cou. Elle hésita à lui répondre, mais son état de charnelle prit le dessus.


-J'en avais envie aussi. Mais je ne savais pas si tu ressentais la même chose que moi.


-Et qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis?


-La façon dont tu m'as dit au revoir la semaine dernière. J'ai su que tu me voyais plus que comme une fille rencontrée dans un café à cet instant.


-Tu as raison. Tu es plus que ça.


Je suis plus que ça, se répétait-elle. Ces mots pouvaient paraître anodins pour la plupart des personnes, mais ils signifiaient tellement plus pour elle. Elle l'avait attendu depuis si longtemps... C'était lui. Celui qui la comblerait, c'était lui, elle le sentait au plus profond d'elle-même. Désormais, elle n'avait plus peur de l'admettre; elle était tombée amoureuse de cet homme.


-Je veux t'emmener quelque part, dit le jeune homme. Tu me fais confiance?


Cette question sonnait délicieusement à ses oreilles. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, oui, elle lui faisait confiance. Ils s'installèrent respectivement sur leurs sièges, et Louis démarra la voiture.

Le temps avait défilé si vite durant leurs étreintes que les deux tourtereaux pouvaient voir les premières lueurs du jour briser l'obscurité. Ils ne mirent pas longtemps à arriver à destination. Le moteur se coupa pour laisser place à un bruit qui n'était pas inconnu à Danae; celui des vagues qui venaient mourir doucement sur le sable.


-On est à la plage? S'enquit-elle.


-Le soleil va bientôt se lever, répondit le jeune homme. Et quoi de mieux que de le regarder sur la plage?


Il sortit de la voiture, et ouvrit la portière de Danae. Elle sortit du véhicule et le suivit sur le sable. Il posa une serviette sur le sable qu'elle ne l'avait même pas vu prendre, et se laissa tomber dans ses bras.


-Tu aimes les massages? Demanda Louis.


-Oui, surtout quand on me les fait, répondit-elle sur le ton de l'humour.


-Mets toi devant moi.


La jeune femme s'exécuta. Toujours dans la douceur, le jeune homme passa ses mains en dessous de la veste de Danae, puis sous son t-shirt. Malgré la température très basse de ses mains, la jeune femme ressentit de nouveau cette chaleur qui se propageait à mesure que ses doigts parcouraient sa peau. Elle ferma les yeux de plaisir, s'abandonnant aux mains de celui qu'elle aimait.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, le ciel était parsemé çà et là de nuances de rouge et de rose, et l'obscurité disparaissait de plus en plus. Il fait déjà jour, se désola-t-elle comme si tout cela n'était qu'un doux rêve. Elle se retourna, et constata avec soulagement que non, ça n'en était pas un. Le jeune homme était toujours là, et la regardait comme s'il découvrait son visage pour la première fois.

Danae s'approcha de lui, posa ses mains de part et d'autre de son visage, approcha le sien, et l'embrassa. Lui, repassa ses mains dans son dos pour les appuyer sur sa nuque, comme pour ne pas rompre ce contact que tout deux avaient si avidement recherché. A mesure qu'ils s'embrassaient à en perdre haleine, la jeune femme ressentit le désir de lui dire ces deux petits mots magiques qui la terrifiaient il y a encore quelques jours. Il se faisait de plus en plus pressant, de plus en plus intense. Le contact des lèvres se rompit. Elle prit une grande inspiration tout en fixant ce si beau visage. Il faut que je lui dise... Mais avant qu'elle ne puisse dire quoique ce soit, il brisa le silence dans un murmure:


-Je t'aime, Danae.


Ces mots résonnèrent en elle comme un écho, à mesure qu'elle sentait son étreinte se défaire sans qu'elle ne puisse y faire quoique ce soit. Louis s'évapora entre ses bras. Paniquée, la jeune femme voulut crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Soudain, une voix la sortit de sa torpeur, comme un ultime échappatoire.


-Réveillez-vous, Danae.

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