Gaëlle K. Kempeneers Aux quatre vents Alice

Alice

Une ambulance emmène les enfants. Monsieur Lequezec nous a déposés avant de repartir à la recherche d’autres survivants. Il a d’autres zones à parcourir aussi.


Ça fait des années qu’il n’y a plus assez de soignants, de policiers, d’enseignants… Il paraît que c’était déjà le cas, il y a vingt-cinq ans. Mes parents sont descendus dans les rues pour protester.


Ils se sont fait matraquer.


Et rien n’a changé.


Nora a passé un bras autour de mes épaules, elle les frotte distraitement. Je crois qu’elle essaie de me rassurer. On nous a rassemblés dans un vieux gymnase qui ne sert plus vraiment à personne. Il n’y a plus d’école dans la petite ville dont je n’ai pas retenu le nom.


Plus assez de gosses. Ils doivent se taper les plus grosses villes.


Alors, il ne reste plus que le gymnase. Il sert encore pour les vieux qui restent, pour leurs cours de gym.


Vu l’état, je ne suis pas bien sûre que le troisième âge du coin apprécie d’avoir l’endroit rien que pour eux. Des tâches d’humidité courent sur les murs, et, franchement, ça pue les pieds.


Il y a déjà pas mal de monde, mine de rien. Y compris des familles, surtout avec des tous petits. Il faut croire que les campagnes successives de réarmements démographiques de ces vingt dernières années ont fini par fonctionner.


Je n’en veux pas, moi, d’enfants.


Qu’est-ce que j’en ferais ?


Je suis Nora et Alix. Nous restons groupées. Victor et Adrien nous suivent. Ils n’ont pas l’air trop à leur aise. Ça m’agace. Je m’en veux immédiatement. Ils prennent gardent à ne pas se tenir par la main ou à se montrer trop tendres l’un envers l’autre…


Grégoire nous emboite le pas sans mot dire. Il ne s’impose pas vraiment mais reste à proximité.


Je n’arrive pas à me décider si son manège me met mal à l’aise ou pas.


Un bénévole vient prendre nos identités et nous indique où nous pouvons nous installer. Des couvertures et des tapis de gym nous attendent. Ainsi que des bouteilles d’eau.


Un bébé se met à pleurer lorsque je me laisse tomber en tailleur. La soufflerie du gymnase souffle un air tiède et vaguement humide.


Dehors, le vent s’est remis à souffler et la pluie crépite bruyamment sur le toit.


Le calme avant la tempête n’aura pas duré.

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