Fyctia
Alice
Je me réveille dans les bras de Nora. Nous avons beaucoup ri hier soir. Beaucoup pleuré aussi.
Quel soulagement.
Évidemment, les cauchemars ne vont pas s’envoler comme par miracle. Ses mots, ses mains ne sont pas prêts à quitter mes souvenirs. Tout comme les menaces de mort ne risquent pas de déserter les réseaux et mails de Nora.
Alors…
En quelque sorte, cet enfoiré d’André nous a réunies…
Quand ses fans ont essayé de coincer Nora, j’ai péter un câble, j’ai foncé dans le tas. Ils ne s’y attendaient pas.
Elle non plus.
Moi… eh bien, moi pareil.
Elle s’en est tirée avec des éraflures, une entorse au poignet.
Moi avec un genou gonflé, le nez cassé et un œil poché.
Eux, ils n’ont pas non plus compris ce qui leur tombait dessus, on a fait tant de tapage qu’ils ont fini par nous laisser partir.
Le soir même, elle m’accueillait dans la petite chambre d’hôtel qu’elle avait loué en catastrophe.
Puis…
Dehors, la tempête hurle toujours davantage. Les chocs toujours plus forts nous voient sursauter. Lequel sera le dernier ?
Celui qui nous emportera dans l’oubli ?
Dans le lit, le corps de Nora est chaud contre le mien, ses mains trouvent ma taille. Nous nous serrons l’une contre l'autre comme deux petites filles effrayées par l’orage.
Demain, la tempête sera passée.
Demain, il fera beau, enfin, autant que possible, et on pourra oublier.
Nos doigts s’entremêlent, tout comme nos souffles. Personne ne dormira ce soir. Pas avec le toit qui tremble malgré le blindage et les vagues qui frappent la maison de plus en plus fort.
Si on doit partir.
Ce sera les yeux dans les yeux.
Et plus si affinités.
*
Finalement, le matin a succédé à la nuit. Le soleil a fini par se lever. J’ai dû réussir à somnoler quelques heures finalement. Nora ronfle doucement de son côté, le visage enfoui entre ses bras croisés.
Je n’ai aucune envie de quitter la chaleur de notre lit mais il faut bien constater les dégâts. La température a considérablement baissé. J’enfile une nouvelle paire de chaussettes et un pantalon supplémentaire avant de quitter le lit. Nora grogne et se tortille pour prendre possession des résidus de chaleur humaine que je laisse dans mon sillage et rabat la couette pour refermer son cocon.
Je la laisse émerger à son rythme avant de faire le tour de la maison. Les vents soufflent toujours fort mais les vagues ont cessé de s’écraser contre les bâtiments. La tempête s’en va mourir vers l’intérieur des terres. J’enfile des bottines avant de me risquer à l’extérieur.
Les volets blindés ont bien résisté. Nora choisit cet instant pour me rejoindre. Elle a enfilé une veste et me tend une autre. Notre maison est entourée par une mer d’huile. La marée de tempête à tout recouvert. L’espace d’un instant, j’ai l’impression que nous sommes seules au monde.
Puis, la main d’Alice trouve la mienne et la bulle de sidération qui m’enveloppait éclate. Un bruit de moteur perce le silence de l'océan.
— Viens !
10 commentaires
Oswine
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Il y a 2 mois
Gaëlle K. Kempeneers
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Il y a 2 mois
Oswine
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Il y a 2 mois
ninaracely
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Il y a 2 mois
Zatiak
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Il y a 2 mois
Gaëlle K. Kempeneers
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Il y a 2 mois