Alice5474! Au Bord du Vide La prochaine

La prochaine

14 février 2026, quelques part à Paris.


Elle le mérite. Elle mérite tout cela. Et bien plus encore. Tout un tas de fleurs et de chocolat, des promesses murmurées dans l’ombre. Mais… comment faire ? Dois-je simplement en piquer à un passant et lui offrir son destin, ou… dois-je l’arracher de ce monde pour de bon ? Le doute me traverse, comme une lame froide. Je n’arrive pas à me décider. La tension monte, palpable, là, dans mon ventre, dans ma gorge. C’est une sensation que je connais bien. Une sensation qui me consume de l’intérieur, me ronge, me rend plus fort. Oui… plus fort.


J’ai envie de la toucher, de sentir sa peau, de me retrouver en sa présence. Je veux lui prouver mon amour éternel. Qu’elle comprenne enfin que seule ma main peut la guider, la protéger. Je veux la garder avec moi, la faire mienne, qu’elle n’ait d’yeux que pour moi.


Non. Une voix me chuchote, douce, insidieuse. "Tu dois te contenir." Cette voix… c'est la mienne, je le sais. Je l’ai entendue déjà, la dernière fois. Elle m’a dit de ne pas recommencer. Mais cette fois, ce ne sera pas pareil. Non… cette fois, elle est différente. Elle est plus pure, plus parfaite. Elle est celle que j’attendais.


Je sens la chaleur dans mes mains, je la ressens dans mes doigts, une urgence qui s'intensifie à chaque seconde. Elle est parfaite, elle est mienne. Personne d'autre que moi ne la mérite. Depuis que je l’ai rencontrée, tout semble si clair. Elle est celle que j’ai attendue. Chaque mouvement, chaque geste qu’elle fait me dévoile un peu plus d’elle. Je l’observe en silence, en retrait, comme un spectateur du pire spectacle qu’elle ne comprendra jamais.


Je sais tout d’elle. Tout. Son anxiété quand elle tourne ses longs cheveux entre ses doigts, la fragilité de ses gestes, la douceur dans sa voix quand elle parle aux autres. Elle ne le sait pas encore, mais elle est déjà mienne. Personne d’autre ne l’a jamais vue, comprise comme moi. Personne. Elle est comme un puzzle parfait, et je suis celui qui détient toutes les pièces.


Il n’y a pas d'autre issue. Je vais la protéger. Je vais l’emmener dans un endroit où rien ni personne ne pourra jamais l'atteindre. Elle doit m’appartenir. Les autres, les insignifiants, ils n’ont aucune chance.


Elle ne verra jamais venir l’inévitabilité de son destin, cette douceur qui, pour elle, sera le début de la fin. Mais elle ne saura jamais. Elle ne saura jamais à quel point elle a été choisie, parce qu'aucun obstacle ne sera désormais en travers de son chemin.


Oui… Cette fois, je ferai les choses différemment.


- Alors, bonne fête de Saint-Valentin me dit sa douce voix, presque trop innocente, en entrant dans l’ascenseur avec moi. Ses yeux, ces yeux si bruns, si purs, pétillent d’une joie qui, à cet instant, m'irrite presque. Elle ne sait pas, elle ne peut pas savoir… ce que je ressens en la regardant. L’espace réduit de l’ascenseur nous isole, et pourtant, c’est comme si rien ni personne d’autre n’existait. Juste nous deux.


Oui, tu es à moi. Chaque mot, chaque geste, chaque souffle qu’elle prend, je les emmagasine, je les garde pour moi. Je suis son dernier amour. Elle ne verra jamais personne d’autre. C’est une promesse, une certitude que je m'inflige dans les tréfonds de mon esprit. Je vais être son monde. Et elle, elle deviendra le mien.


Je la vois frissonner légèrement sous sa doudoune, cette enveloppe de protection contre le froid qui, paradoxalement, ne peut la protéger de rien. Pas de moi, pas de ce que je lui réserve. Elle croit que je la vois simplement, mais je la connais mieux qu’elle ne se connaît elle-même. Je vais la protéger, la garder près de moi.


Je ne peux m’empêcher d’esquiver un léger sourire, presque imperceptible, face à sa remarque si simple, si naïve. Elle ne se doute de rien. Elle est si belle, si innocente, et dans ses yeux, je vois déjà… ma victoire.


- Bonne Saint-Valentin aussi, réponds-je, ma voix rauque, comme un murmure maléfique qu’elle ne comprendra jamais. Mes yeux, eux, ne la quittent pas. Chaque seconde passée avec elle est une minute de plus pour la rendre mienne, totalement mienne.


Son corps se déplace contre le mien, une sensation que je ne peux ignorer. Chaque mouvement me rapproche d’elle, et pourtant, il me manque encore tellement. À cet instant, la porte de l’ascenseur s’ouvre, et un autre homme entre, brisant notre espace clos. Il sourit, ce sourire arrogant et stupide, comme s’il avait le droit d’être là, avec elle. Il lui parle. Il lui tend une rose. Une rose. Cette chose insignifiante qu’il ose lui offrir. Elle prend la fleur, la remercie, ses doigts effleurent les pétales comme si ce geste n’était qu’une formalité. Elle la sent, elle ferme les yeux, et son parfum la ravit. Elle ne sait pas. Elle ne sait pas que cette rose n’est rien comparé à ce que je pourrais lui offrir. Elle ne sait pas qu’elle m’appartient.


Je serre les dents, ma gorge se noue. Je veux lui arracher cette rose des mains, la lui prendre et la lui enfoncer dans la gorge. Je veux lui faire comprendre qu’aucun homme n’a le droit de l’approcher, de la toucher, de lui offrir quoi que ce soit. Mais je me retiens. Calme-toi, me dit ma voix, douce, elle n’a pas encore compris. C’est encore trop tôt. Ce n’est pas le moment.


- Sois pas jaloux, me murmure-t-elle, un rire léger dans la voix, presque trop insouciant. "Si tu veux savoir, ce genre de célébration, je trouve cela surfait." Elle se penche un peu vers moi, ses yeux pétillants, inconsciente de ce qu’elle provoque.


Le ding de l'ascenseur la coupe dans son monologue, un son presque apaisant, une pause avant que la scène ne reprenne. Je la regarde, la scène semble suspendue, chaque mouvement d'elle devient un instant figé dans le temps. Elle marche, sans se presser, ses cheveux auburn flottant autour d'elle, dansant comme un voile de soie sous la lumière tamisée. Tout semble au ralenti, comme si l'univers entier se pliait à sa volonté. Chaque pas qu'elle fait résonne en moi, chaque mouvement de son corps s'imprime dans ma mémoire, plus marqué encore.


Elle se retourne une dernière fois. Un geste amical, un geste qu'elle croit sans conséquence. Mais pour moi, il signifie tout.


- À plus tard, Isaac… ou Monsieur Youtubeur ! Elle rit, cette petite touche de moquerie dans sa voix.

- À bientôt, Alex, murmuré à peine, une réponse presque étouffée, tandis que les portes de l’ascenseur se ferment entre nous. Je continue à la regarder, mon regard restant fixé sur sa silhouette qui s'éloigne dans le couloir. Elle est déjà loin, mais je la vois encore, chaque détail de son visage, de son corps, tout me hante. Elle m'appartient déjà.



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