Alice5474! Au Bord du Vide Les prémices

Les prémices

06 janvier 2026, 11ème arrondissement, Paris


La pluie tombait en rideaux serrés, projetant une lumière blafarde sur la scène du café. Je frissonnai en poussant la porte, laissant derrière moi la nuit humide et la ville qui semblait respirer au rythme d’une angoisse silencieuse. Je n’étais pas prête à affronter ce que j'avais découvert ces derniers jours, mais j’étais là, prête à rencontrer Isaac, comme prévu. Même si, pour être honnête, je n'avais pas la tête à ça.


Je l'aperçus tout de suite, assis à une table près de la fenêtre. Isaac. Il avait un style à la fois décontracté et soigné, une haut blanche qui contrastait avec le noir de son jean. Son portable était posé sur la table, un peu à l’écart, comme une partie de lui-même qu’il avait soigneusement laissé de côté pour l’instant. À ses côtés, il n'y avait pas de caméra, pas de lumière, pas de projet. Juste Isaac. Enfin, c'est ce qu'il voulait que je voie. Je m'approchai lentement, mon cœur battant plus fort que je ne voulais l’admettre. Depuis le début de notre rencontre, ces dernières semaines, j’avais l’impression que tout chez lui était une performance. Même son absence de performance.


"Alex", dit-il d'une voix calme, son sourire énigmatique ne quittant jamais ses lèvres. C’était comme s’il avait déjà vu le chaos dans mes yeux, comme s’il savait, sans que je n’aie besoin de dire un mot. Il ne me laissa pas m’installer complètement avant de reprendre : "Tu sembles… ailleurs."

Je secouai la tête, déglutissant


"Tu veux vraiment en parler ?" demanda-t-il d’une voix calme, mais avec un sous-entendu évident. "Les meurtres, la ville qui sombre dans la panique, tout ça… Tu sais, tu sembles avoir beaucoup de choses en tête."


Je le fixai, légèrement surprise. Isaac n’était pas du genre à se plonger dans des conversations sombres. D’habitude, il préférait garder une distance.


"Tu parles de ces meurtres ?", demandai-je, en essayant de dévier la conversation. "Tu n’as pas peur, toi ? Tout ce qui se passe, c’est… effrayant." Je baissai la tête un instant, me forçant à masquer la nervosité qui m'envahissait.


Il haussait les sourcils, presque amusé. "Peut-être", répondit-il tranquillement. "Mais je n'ai jamais trouvé la peur vraiment intéressante. Enfin, pas de cette manière-là." Il prit une gorgée de son café, se redressant légèrement. "Moi, je trouve que ce qui est fascinant, c’est comment les gens réagissent. Comment toi, par exemple, tu gères ça. T’as un regard de quelqu’un qui cherche, mais qui fuit en même temps. Tu as peur de ce qui se cache sous la surface, Alex."


"Tu n'as pas peur de ce qui se cache sous la surface, toi ?" lui lançai-je, espérant détourner l’attention, mais aussi intriguée par sa réponse. "Tu sais, toi qui capture des instants de vie avec ta caméra. Tu t'intéresses à tout, mais jamais vraiment à l’intimité des gens. Pourquoi ce besoin de distance ?"


Isaac sembla réfléchir un instant avant de répondre. Son regard se fit plus intense, plus pénétrant. "La distance est nécessaire pour voir les choses clairement. Si tu t’approches trop près, tu risques de te perdre dans les détails. Moi, je préfère observer, prendre du recul." Il me fixa droit dans les yeux, un sourire amusé se dessina sur ses lèvres. "Mais je dois avouer, je suis curieux de savoir si tu arriveras à me convaincre de voir le monde autrement, Alex."


Ses mots. Je sentais sa présence m’envahir, plus forte que la pluie qui battait contre les fenêtres.


"Tu cherches quoi, exactement ?" demandai-je, le regardant fixement.


"Je cherche à comprendre", répondit-il, sa voix devenant plus douce, presque séduisante. "Je veux savoir ce qui te fait fonctionner, ce qui te fait avancer, même dans des moments comme celui-ci. Parce qu’il y a quelque chose chez toi, Alex. Quelque chose que je trouve… captivant."


Mais ce soir, malgré le poids des événements qui m'assaillaient, je ne pouvais pas ignorer l’attraction qu’il exerçait sur moi. Son regard, son calme, ce mélange d’indifférence et de curiosité.


"Tu es… toujours aussi direct", répondis-je, un petit sourire en coin, essayant de jouer le jeu. "Mais pourquoi cette fascination, Isaac ? Pourquoi moi ?"


Il se pencha un peu plus près, ses yeux brillant d’une lueur un peu trop assurée. "Parce que tu n’es pas comme les autres. Tu as cette… réserve, cette distance qui me dit qu’il y a encore une part de toi que tu ne laisses voir à personne. Tu veux savoir pourquoi je m'intéresse à toi ? Parce que tu es une énigme, Alex. Et tu es aussi très jolie. Ce que je veux dire, c’est que… toi et moi, Alex, il y a quelque chose entre nous. Je vois bien que tu es consciente de ça."


Je le regardai, perplexe. Isaac n’était pas du genre à être aussi direct. Mais ce soir, il semblait ne plus vouloir rien cacher. Il n’essayait plus de dissimuler ses intentions.


Il se pencha légèrement en avant, et cette fois, il n'y avait plus de distance entre nous. "Tu sais, Alex, ça fait un moment qu’on se connaît. Et même si on parle souvent d’autres choses, il y a quelque chose d'autre qui est là, entre nous. Quelque chose que je ne peux pas ignorer. Et je pense que toi non plus."


Mon cœur s’accéléra. Il était en train de me dire ce que j'avais refusé d’admettre jusqu’à présent. Il me plaisait. Ce n’était pas juste de la curiosité ou un simple jeu. Isaac m'attirait, et il le savait. Et il avait décidé de me le dire ouvertement. Pas de sous-entendus, pas de jeux de mots.


"Tu as raison", finis-je par dire, d'une voix plus calme. "Je sais ce que je ressens. Mais ça ne veut pas dire que je vais me laisser emporter, j'ai besoin de temps."


Isaac sourit alors, satisfait de ma réponse, mais pas totalement surpris. "Je ne te demande pas de te laisser emporter. Juste d'être honnête avec toi-même. Parce qu'il n'y a rien de mal à ça "


"Tu sais, je… je n’ai pas l’habitude de tout ça", dis-je, cette fois plus ouverte, ma voix plus calme. "De laisser quelqu’un se rapprocher, de laisser quelqu’un me faire sentir que j’ai une place dans ce monde qui m'échappe."


Isaac sembla apprécier ma réponse. Il n’était pas pressé. Il attendait, comme toujours, qu’on vienne à lui. " Alors prenons notre temps Alex". Il me sourit, mais pas un sourire de victoire. Un sourire de compréhension. "C’est tout ce que je voulais entendre, Alex", dit-il, d'une voix douce. "Tu sais, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire les choses. Il y a juste la tienne."


Je m’efforçai de retenir le sourire qui menaçait de se dessiner sur mon visage. La porte était ouverte. Et cette fois, il n’y avait plus rien à craindre. Pas avec lui. Pas maintenant.

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1 commentaire

Ava D.SKY

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Il y a 18 jours

Je suis un peu partagée avec Isaac... D'un côté, quand il aborde les disparitions de ces femmes et la peur qu'elles engendrent dans la ville, il semble presque détaché. Par exemple, quand il dit : "Moi, je trouve que ce qui est fascinant, c’est comment les gens réagissent", je trouve ça un peu flippant et énigmatique. Ça le rend aussi potentiellement suspect. D'un autre côté, je me dis que c'est juste un gars qui veut montrer son assurance et qui est sincère avec Alex sur ses sentiments pour elle. C’est bien joué de réussir à semer le doute 😉
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