Fyctia

Dès que le cliquetis des bracelets se fait entendre, l’hologramme reprend la parole :

« Bien. Chacun des bracelets, que vous portez désormais aux poignets, ne peut plus vous quitter, seule votre mort pourra le faire se détacher. Mes filles, ces bracelets sont les seuls au monde, il n’existe aucun autre exemplaire pour la simple et bonne raison que nous, votre père et moi, les avons créés afin de transporter les pierres plus aisément. Les emplacements, que vous avez sûrement remarqués servent à les contenir. Vous possédez déjà la turquoise que nous avons fait intégrée à vos pendentifs. Ceci dans le but que vous puissiez toujours communiquer même si vous étiez séparées. Voilà, maintenant que vous êtes au courant, il vous faut que retrouviez toutes les pierres de pouvoirs afin que Zohar, ne puisse pas se les approprier. Je vais vous aider dans votre recherche en vous offrant une autre pierre, l’œil du tigre. » Une pierre striée de tons jaunes et marron surgit. « Cette pierre a le pouvoir de contrôler les éléments : l’eau, le feu, la terre, l’air. Comme elle est particulièrement puissante, chacune de vous aura deux éléments, ceux qui caractérisent le plus votre personnalité. Il est temps maintenant que je vous laisse, à vous de retrouver les autres pierres, mes filles chéries, nous vous aimons du plus profonds de notre cœur.»

L’apparition disparaît après ces dernières paroles mais les filles n’ont pas le temps de souffler qu’une autre voix résonne déjà dans leurs têtes. D’où peut-elle bien provenir ? De l’œil du tigre qui lévite toujours devant elles ? A en croire le sujet de la conversation qui s’engage, cela ne fait aucun doute. Comme l’hologramme d’Avae leur a dit, la pierre cherche à partager ses capacités de manière égale entre les jumelles. A Enelly, elle attribue l’eau et la terre parce qu’elle est solitaire, sensible, raisonnable et créative. Une goutte d’eau et une roche se forment et se gravent alors dans son bracelet. A Asnora, elle accorde le feu et l’air car elle est frondeuse, dynamique, esthète et sociable. Une flamme et un courant d’air se forment et se gravent alors dans son bracelet également.

Vahé n’a pu s’empêcher de sourire devant la scène qui s’est déroulée devant ses yeux. La réunion de l’hologramme d’Avae et de ses filles, 100 équinoxes après leurs séparations, l’a touchée. Bien évidemment, elle aurait préférée que la souveraine soit présente en chair et en os pour enlacer ses enfants mais elle est tout de même contente que les héritières soient de retour à Astravia, saines et sauves. Eranhel, quant à lui, s’est fait discret pendant ces retrouvailles. Bien qu’il soit heureux d’avoir rempli sa mission, il ne peut pleinement s’en satisfaire, sans vraiment en savoir la raison. C’est comme si un sentiment obscur se refusait à sa conscience.

- Très bien, je vais pouvoir à présent habiller ces majestés comme elles se doivent de l’être ! Affirme la gouvernante.

- Oui, tu peux. Répond le prince, préoccupé.

Comprenant que sa présence n’est plus requise, Eranhel décide d’attendre les filles en bas. La surprise ne sera que plus grande espère Nelly secrètement.

- Cela fait 8 équinoxes que je travaille dessus, j’espère qu’elles vous plairont. Continue Vahé.

- 8 équinoxes, soit deux ans, c’est bien ça ? Demande Nelly, pour qui la mesure du temps sur Astravia n’est pas encore totalement intégrée.

- Précisément.

- Mais, avec la magie, cela ne devrait pas mettre que deux secondes ? Dit-elle en montrant les aiguilles qui filent les tissus de manière autonome en guise d’argument.

- Les grandes robes sont cousues mains pour préserver leurs broderies et faire monter leurs valeurs, précise Vahé. Par grandes robes j’entends, les robes de princesses, d’altesses et de majestés bien entendu.

- Bien sûr. Fait Nora, parfaitement au parfum du fait que les fringues industrielles ou à la chaîne sont bien moins chères que celles réalisées de manière artisanale.

- Les voilà ! Annonce la Lusinienne, ravie. Par ma magie, montrez-nous les robes puisqu’elles sont finies !

Si Nora reste béate devant la beauté des robes, Nelly ne peut s’empêcher de rigoler.

- Majesté, vous n’aimez pas ? S’inquiète la dame. Je peux apporter des modifications, si vous le désirez.

- Nelly, qu’est-ce qu’il te prend ? Elles sont parfaites ces robes ! S’énerve presque la blondinette du manque de respect de sa sœur envers les œuvres qu’elles vont arborées bientôt.

- Excusez-moi. Cherche à retrouver son calme la brunette au carré plongeant. Non, elles sont magnifiques, parfaites comme l’a dit ma sœur mais c’est que je les connais.

- Impossible. C’est moi qui les ai créées, pour vous, elles sont uniques ! Poursuit Vahé, ne comprenant pas vraiment ce qu’il se passe.

- Oui, je vous crois, la rassure Nelly, mais j’en ai rêvé. Nous portions ces robes et nous étions escortées par Ethan enfin Eranhel et Thaneor devant une foule immense. Devant nous, se tenaient sûrement les monarques assis sur leurs trônes.

- Je suis bien contente que c’est toi qui aies des rêves prémonitoires, intervient Nora, cela ne me gâche pas la surprise au moins !

Vahé conduit les héritières dans un renfoncement de l’étage où ces dernières découvrent une coiffeuse, des cabines d’essayage et un dressing qui semble interminable, même pour Nora. Sa collection de chaussures chez elle ne peut clairement pas rivaliser ! Voyant que la contemplation du « dressing de ses rêves » de sa frangine s’éternise, Nelly décide de lui choper le bras et de la ramener à leur tâche du moment : revêtir la tenue adéquate pour leur audience.