Fyctia

Pendant que Nora enfile avec précaution la sublime robe que lui a tendu Vahé avant d’entrer dans sa cabine d’essayage, Nelly est déjà passée à l’étape maquillage et coiffure. Mais, en s’asseyant à la coiffeuse en forme de coquillage, elle ne remarque aucun matériel prévu à cet effet. Pas de pinceaux ni même de palettes. Ils sont peut-être cachés dans le tiroir se dit-elle en se décidant à l’ouvrir. Rien. La brunette au carré plongeant se tourne alors vers la gouvernante avec un regard interrogateur. Celle-ci lui demande de regarder son reflet, ce qu’elle fit. Le miroir se met à changer d’aspect, devient aussi mouvant que l’eau d’une rivière puis se fige. Le visage de Nelly maquillé et coiffé apparaît alors devant elle : son carré plongeant est surmonté de deux tresses qui se rejoignent en queue de cheval sur le sommet de sa tête, ses yeux sont mis en valeur par des teintes naturelles dégradées beiges, ocres et marron et ses lèvres sont teintées par un soupçon de gloss rose corail. Un « Mais t’es trop canon comme ça ! » la fit sursauter. C’est Nora qui vient tout juste de terminer son essayage et qui rapplique aussitôt près de la coiffeuse, en prenant soin de maintenir sa longue robe dans ses mains pour ne pas l’abîmer.

- Tu as vu, j’ai hâte de ressembler à ça ! Se réjouit déjà Nelly.

- Euh… Nel, c’est déjà le cas. Répond la blondinette.

- Hein ? Quoi ? Mais je me suis juste regardée dans le miroir…

- Exactement. Intervient Vahé. Cette coiffeuse, grâce aux cristaux qui se trouvent tout autour de son cadre, a le pouvoir de nous maquiller et de nous coiffer instantanément en fonction de notre reflet, de l’occasion, du moment de la journée et de notre tenue.

- Et comment elle fonctionne ? Parce que je me suis juste assise devant… Poursuit Nelly, incrédule.

- C’est très simple. La coiffeuse maquille et coiffe votre image qui, par réflexion, se transpose sur votre visage par la suite.

- Mais c’est géant ! S’exclame Nora. Cela résout tous les problèmes de fautes de goût et d’erreurs criardes. A mon tour ! A mon tour !

Devant l’énergie de sa frangine, la calme Nelly ne fait pas le poids et lui laisse sa place. En même temps, contrairement à Nora, elle sait déjà à quoi s’en tenir. C’est vrai que les rêves prémonitoires peuvent gâcher légèrement la surprise quand on y réfléchit bien, pense alors la brunette. Le miroir, sollicité, répète alors son numéro : son opacité s’évanouit temporairement pour laisser entrevoir le visage de Nora coiffé et maquillé à la perfection.

- Mais regarde-moi cette couronne de tresses, Nel ! Elle est superbe ! En plus, il m’a laissé ma frange.

- Oui, c’est vraiment comme dans mon rêve, tous les détails sont là. Si j’avais eu les cheveux plus longs, j’aurais bien aimé avoir les cheveux attachés comme ça...

- Ta coiffure ne te plaît pas ? L’interroge Nora, soudainement soucieuse.

- Impossible. La contredit Vahé. Le miroir ne peut pas se tromper.

- Si, si ! Bien sûr qu’elle me plaît. Il faudrait vraiment être difficile pour ne pas en être contente. Déclare Nelly en se regardant de nouveau dans le miroir qui reste opaque cette fois-ci.

- Tu peux être difficile quand tu t’y mets.

- C’est bien à toi de dire ça !

- Bon, allons voir ce qu’en pense Ethan, tiens ! Mais tu dois le savoir puisque tu as déjà vécu cette scène. Change malicieusement de conversation Nora en se déplaçant vers l’escalier en colimaçon. A toi l’honneur !

Environ une quarantaine de minutes après les avoir laissées à l’étage, le grincement de l’escalier attire l’attention du prince. Et pour cause, il annonce l’arrivée des deux héritières. Eranhel se redresse presque instinctivement pour aller à leur rencontre. Quel émerveillement ! Il ne peut arriver à dissimuler sa réaction. Il a en face de lui deux superbes jeunes filles, apprêtées selon leur rang : robes blanches et dorées somptueuses, décorées de l’emblème d’Astravia en or, coiffures sophistiquées et légère touche de maquillage. Rien ne peut détacher le regard du beau brun de Nelly. C’était comme si, pendant sa descente des marches, elle lui avait envoyé une flèche en plein cœur. Celle-ci ressent d’ailleurs battre le sien plus fort à mesure qu’elle s’approche de son ancien coloc. Ce sentiment n’était pas dans mon rêve, au moins une surprise de conservée, se réjouit-t-elle. Elle a un ticket, c’est sûr ! Pense, pendant ce temps-là, Nora en observant la scène. Seule ombre au tableau : le sentiment désagréable qu’éprouve Eranhel depuis tout à l’heure ne se dissipe pas. Bien au contraire, il se fait de plus en plus pressant. Qu’est-ce que cela peut bien être ? Se questionne l’Arévien quand il réalise que les capes des filles sont demeurées sans propriétaire depuis leurs arrivées et qu’il serait temps de remédier à la situation.