Fyctia
Chapitre 28
De loin, le majestueux palais semble les attendre fièrement, sur-élevé au dessus d'un magnifique bassin d'eau si transparente et si luisante que les filles se demandent si elle n’avait pas de vertus miraculeuses. Les pierres de la demeure resplendissent d'un blanc si pur qu'il en demeure non-identifiable par l'iris non-averti des jeunes filles. En contraste, la végétation environnante, sous la forme d'arabesques naturelles et artistiques, prend ses droits en venant décorer le bâtiment principal ainsi que les autres subalternes. Nelly ne parvient pas à décompter leur nombre exact mais le fait est que leur forme cylindrique lui rappelle celle des troncs d'arbres, les escaliers les liant, sans nul doute les branches. Sur chacune des tours, elle est subjuguée par les grandes fenêtres ouvertes en arcs brisés entourées d'un verre délicat. C'était comme si l'architecture virginale, presque sanctifiée, se mariait avec la nature, indomptable et sauvage. Nora, en sautillant, fait remarquer à sa sœur que chacune des tours est coiffée de kiosques miniatures où les oiseaux, perchés, patientent pour s'envoler ou pour couver leurs œufs. Et que dire de ses oiseaux ! Jamais les filles n'en ont rencontré de semblables, autant par leurs plumages colorés que par leurs chants mélodieux.
Le prince et les presque héritières arrivent au pied de l'un de ses très classiques escaliers dont la rampe est ajourée. Ces derniers s'enracinent dans le sable qui sépare le jardin du bassin et rejoignent une plate-forme dont l'aspect ne serait s'éloigner de celui d'une souche. Souche sur laquelle trône une fontaine à trois étages en pierres blanches orné d'un bouton de rose en verre. La teinte de l'eau qui en jaillit s'apparente à du miel, à en croire l'esprit gourmand de Nora qui s'égare. Tandis que la blondinette demeure concentrée sur la fontaine, le regard de Nelly, lui, progresse sur les deux immenses statues d'or qui devancent la massive porte en bois de l'appartement principal. Ces statues représentent deux Aréviens se regardant, un homme et une femme, bras fléchis et paumes tournées vers le ciel. Ils portent sur leurs poitrines un écusson gravé arborant un soleil pour le premier et une lune pour la seconde. Quelle finesse dans l'exécution ! S'émerveille Nelly, rejointe par sa sœur et Eranhel. Les gardes s'inclinent de nouveau au passage du petit groupe et leur ouvrent l'épaisse porte en bois. Celle-ci est décorée de deux branches ou peut-être de deux lianes, en considérant l'ondulation de l'ornement gravé, sur lesquelles progressent intrépidement deux mignons écureuils. Nelly, qui adore cet animal, repère également que les poignets de la porte sont réalisées à son effigie.
Dans le palais, Nora, Nelly et Eranhel arrivent dans un vestibule circulaire plutôt sobre, sans grande décoration excepté des fresques de mosaïques colorées, représentant les deux astres emblématiques d'Astravia mais également de petits écureuils. Détail qui n'échappe pas de nouveau au regard avisé de Nelly qui finit par commenter : « Encore des écureuils, vous les aimez bien ?». Ce à quoi Eranhel répond qu'ils décorent surtout le palais parce que l'écureuil est l'animal totem de leur race, celle des Aréviens. C'est un peu ce qui les identifie aux yeux des autres créatures magiques. « Ah oui ! Tu veux parler des Mogutyuns, Yergels, Patrreliens, Andzéviens, Tyeveryns, Algaés. » Se ramène la maligne Nora.
Eranhel n'a pas le temps de souligner sa bonne mémoire qu'une femme et ses suivantes, qui attendent en trépignant derrière elle, font leur entrée dans la pièce. Ces dernières portent des robes longues en voile léger de mousseline qui leur donnent une apparence svelte et gracieuse. La femme à l'épaisse tresse couleur écume de mer semble, elle, revêtir un costume plus élaboré que ses suivantes. Nora détaille la tenue de son œil averti : une robe bleu de Prusse parsemée d'écailles avec, pour bustier, une sorte de coquillage imposant, qui rappelle sans nul doute la coquille d'une St-Jacques pour les deux humaines. Nelly, elle, est plus subjuguée par les tatouages légers, colorés et esthétiques que la dame arborent que par ses vêtements. Des arabesques qui lui longent l'épaule sur le bras gauche, le poignet sur le bras droit. Ils sont géniaux ! S'exclame par la pensée la plus jeune des deux sœurs.
- Bonjour Vahé, comment allez-vous ? Demande le prince.
- Bonjour Altesse Eranhel. S'incline-t-elle, les jeunes filles à sa suite l'imitant. Merci à vous, je me porte au mieux maintenant que je vous sais vivants, votre frère et vous. Ne me dites pas que ce sont les… S'interrompt-elle comme si elle n'osait pas continuer sa phrase.
- Vahé, s’il vous plaît, pouvons-nous aller dans votre bureau sans personne pour nous empêcher de parler librement.
Elle acquiesce et fait signe aux jeunes filles de partir. Vahé invite ensuite Eranhel, Nelly et Nora à la suivre. Ils empruntent un couloir particulièrement ouvert à la lumière du jour. Et pour cause, ses larges ouvertures successives en arcs boutés offrent aux filles un panorama magique. Pourtant, bien qu'il soit découvert sur toute sa longueur, les deux sœurs ne ressentent pas de changements de température. Elles s'y sentent réchauffées, comme dans un cocon. Peut-être que les cristaux qui servent en guise de lampes y sont pour quelque chose, s'interroge Nelly, ou bien le sol qui aurait certaines capacités isolantes. Le corridor dérive plusieurs fois à la manière d'une branche en partance de son tronc. La brunette au carré plongeant est d'ailleurs étonnée de ne pas entendre Nora se plaindre de la longueur du trajet. Cette dernière est trop occupée à regarder la vue d'un air rêveur.
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Mira Perry
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Kathleenm
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Caro Handon
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Il y a 3 ans