Fyctia

Quand l'heure de fermer les portes arrive, les filles ne se font pas prier. Elles se dépêchent de monter à l’étage où elles ont déjà entassé leurs affaires dans la salle-à-manger, le matin même, avec l'aide de leurs mères. Les deux cousines se regardèrent, l’oeil complice : il est temps de personnaliser et de s'approprier les lieux. Elles accrochent des rideaux rouges pour apporter de la chaleur à la pièce dans les tons épurés. Rien n’est laissé au hasard : même les coussins à motifs et les plaids qu’elles ont posés sur le sofa du salon sont assortis. Une seule chose habitait, à présent, l’esprit de Nora : déballer ses produits de beauté dans la salle de bain. Elle les disposa avec prudence sur sa vasque. Le reste finira sur l’étagère se convainc-elle. Nelly, quant à elle, a commencé à monter ses habits dans la mezzanine, plus précisément dans leur nouvelle chambre, à droite. Idéal pour pouvoir discuter avant de se coucher parce que même si elles partagent le plus gros de leur quotidien, elles trouvent toujours de nouvelles choses à se raconter, surtout Nora. La brune au carré plongeant change les draps de son lit par une literie bordeaux et pose les draps violets sur le lit de sa cousine qui pouvait se débrouiller seule. Nelly descend ensuite voir où sa cousine en est. En voyant la vasque de Nora, pleine à ras-bords de tout son attirail, elle ne peut s’empêcher de rigoler. Quand finira-t-elle par comprendre que la beauté ne réside pas essentiellement dans le physique d’une personne ? Se dit la jeune fille en sortant son vaniti rouge. Celui-ci ne comportait que l’essentiel vital, c’est-à-dire une brosse-à-dent, du dentifrice, une brosse à cheveux, du shampoing, un gel douche à la vanille, du déo, un parfum et le maquillage se limitait à un crayon khôl noir et à un mascara. En voyant cette pauvreté en cosmétiques, Nora en lève les yeux au ciel. Bien que sa cousine soit magnifique, on ne peut pas dire qu’elle fasse beaucoup d’efforts pour se mettre en valeur. Nora regagne ensuite leur chambre pour faire son lit à son tour.

Une fois leurs affaires rangées, Nora prend son portable pour informer sa mère que tout est fait. C’est Nelly qui, maintenant, lève les yeux au ciel : la relation entre sa cousine et sa tante est vraiment fusionnelle. Passer trois jours sans s’appeler leur serait tout bonnement impossible. La brunette au carré plongeant est bien heureuse que sa mère et elle ne soient pas ainsi. Très indépendantes, elles ne s’aiment pas moins pour autant. Elles savent bien qu’elles pourront toujours compter l’une sur l’autre et c’est le principal. Nelly pense que c’est une perte de temps de se téléphoner pour ne rien dire de neuf.

Quand sa cousine termine son appel, Nelly lui propose d’aller faire un tour au terrain. Les deux jeunes filles ont aménagé un champ, pas loin de la maison de Nelly, pour accueillir des animaux qu'elles ont récupérés. Certains ont été abandonné, d'autres viennent de cirques. Le problème a été de convaincre leurs familles d’en vouloir chez elles quand on voit leur nombre : une jument de traie tachetée nommée Rivière, un âne, Bourriquet, une chèvre Djali, deux chiens, un berger allemand Sam et un terre neuve Doug, cela prend de la place ! Sans oublier les deux rougeurs que les deux cousines ont abrité dans un petit chalet de bois, une souris blanche du nom de Bianca et une furette nommée Moo-chu. Pour constituer une sorte d’espace protégé, les jeunes filles ont clôturé le terrain, fabriqué deux niches et deux box avec l'aide du père de Nora. Cette dernière a aussi fait un potager et une serre sur une partie de la surface disponible car elle adore les plantes et leurs odeurs. Quelques minutes de route plus tard, les cousines arrivent à destination sur le scooter de Nelly. Elles libèrent aussitôt les animaux de leurs box et vérifient les quantités de nourritures de chacun d’entre eux. En effet, Francis, le père de Nora, a été bien clair à ce propos : elles gardent les animaux qu’à condition qu’elles se débrouillent seules pour s’en occuper. Bien que cela soit contraignant, les filles sont très heureuses de se charger du terrain et de prendre soin de ses habitants. Quand elles viennent ici, elles peuvent être libres, courir et s'amuser avec les animaux qu’elles ont toujours affectionnés grâce au sentiment de liberté et de réconfort qu'ils inspirent. Les deux cousines se séparent pour faire ce qu'elles ont prévu : Nelly prend en charge les animaux tandis que Nora soignent les plantes.

Nelly se dirige, en premier, vers les chiens. Elle entend, tout d'un coup, une voix masculine : « Qu'est-ce que tu fais ? Tu te dépêches, j'ai envie de jouer moi ! ». Elle se retourne mais ne voit personne autour d'elle. Étrange... Elle continue comme si de rien n’était et cette voix se fit encore entendre : « à moi ! à moi ! ».

- Qui est là ? Montrez-vous ! Ordonne-t-elle, un peu apeurée.

Personne ne se montre. Est-ce que j’entends des voix ? Se demande Nelly, en essayant de se persuader du contraire. Non, elle est bien trop jeune pour délirer à ce point. Pas question qu’on la prenne pour une folle. Il y a déjà assez d’Aria, la dame gâteuse du village. Certains prétendent que c'est une sorcière, d'autres disent que c'est tout simplement une vieille folle et que c'est pour cette raison qu'elle vit aux bords des falaises. Aucune personne saine d'esprit n’oserait vivre là-bas, entre les vents qui y sont plus fort et les risques d'effondrements, sans parler du danger de chute. Enfin bref, Nelly pense qu’il vaut mieux taire ce qui vient de se passer et se calmer. Ce qu’elle fait, jusqu’à ce que sa cousine arrive en hurlant un “Nelly !!!” qui la fait sursauter de surprise. Complètement paniquée, Nora sauta sur la brunette au carré plongeant en criant qu'elle avait discuté avec une plante. La fille au carré tente de calmer sa cousine délirante, en lui faisant reprendre son souffle :

- Qu'est-ce qui t'arrive ?

- Je te jures que je ne suis pas folle ! J'ai entendu une voix quand j'étais avec les hortensias, mais il y avait personne. Je te jure, je crois qu'une des plantes m'a parlé.

- Tu t'écoutes ce que tu racontes un peu ? Une plante, cela ne parle pas. Affirme Nelly, rationnelle au possible.

- Alors comment tu expliques cela ? Elle m'a remercié de prendre soin d'elle. Qu'est-ce que tu veux que cela soit d'autres ?

- Nora, les plantes ne peuvent même pas se mouvoir comment veux-tu qu’elles parlent ?

- Je n'en sais rien, moi ! Ne me regardes pas avec cette tête-là, je ne suis pas débile, je vois très bien ce que tu te dis. Je n'ai rien inventé et je n'entends pas des voix. Je ne suis pas schizo ! Débite Nora à une vitesse folle.

- Je n'ai pas dit cela. Répond Nelly en lançant un regard désespéré à Doug qui se frotte sur ses jambes incessamment.