Charlie L Arone, l'âme égarée Chapitre 4 - Arone

Chapitre 4 - Arone

Mes paupières se rouvrent lorsque je constate que je suis toujours en vie. Il n’y a eu ni virée de bord, ni choc frontal, ni…


Au moment où je découvre ce qui s'offre à moi, mes pensées s'embrouillent. Nous sommes à l’intérieur de la montagne. Ici, le paysage est tout autre. En dessous de nous se trouve une immense ville, creusée à même la montagne. Chaque monument, route, pont prend naissance à même la roche. Le rendu est spectaculaire. Protégée des intempéries et du vent, l'atmosphère est beaucoup plus sèche qu’à l’extérieur, ce qui n’est pas pour me déplaire. Je ne savais même pas qu’il existait un tel endroit dans le royaume.


Sans surprise, notre monture se dirige vers le monument le plus imposant, surplombant le reste des constructions. Une vaste place est positionnée sur l’avant du bâtiment, donnant accès à l’entrée de ce qui ressemble à un château.


Des gardes sont postés en rang devant la porte, et je suppose qu’ils nous attendent. Cependant, je me demande pourquoi il y a tant de personnes présentes pour l’arrivée d’une personne aussi insignifiante que moi.


La créature que nous chevauchons se pose enfin sur le parvis en pierre, et j’attends que Colin et Nivrosda soient descendus pour en faire de même. La peau de l’animal est encore glissante, et je manque de perdre l’équilibre en imitant ceux qui me précèdent. Heureusement pour moi, Nivrosda a eu un bon réflexe et m’a rattrapée par le coude avant que je ne m’étale sur le sol. Nous nous mettons en marche en direction de l’entrée, mais un changement dans l’air stoppe ma progression. Je n’arrive pas à comprendre d’où vient une telle réaction de mon corps, jusqu’à ce que je me retourne et découvre que la créature à disparu. Il ne reste qu’un soldat à sa place qui nous rejoint.


— Avez-vous fait un bon voyage ? me demande aussitôt le nouveau venu. Je suis Amrin, et je suis certain que nous serons amenés à nous revoir.


Surprise par sa question, je hoche simplement la tête. Comme Nivrosda et Colin ne ralentissent pas, je continue d’avancer, toutefois mes jambes, encore engourdies par le froid, peinent à suivre la cadence.


— Vous devez ralentir, lance Amrin à l’intention de Colin et Nivrosda. Elle paraît frigorifiée et je suis presque certain que ses pieds ne la portent plus. Elle marche uniquement à force de volonté.


Les deux gardes arrêtent leur progression avant de se tourner vers moi. Je me passerais bien de leurs regards scrutateurs, je n’ai pas envie de paraître pour quelqu’un de faible.


— Si vous parliez, ce serait plus simple de vous comprendre, lâche Colin, exaspéré en revenant vers moi.

— Je suis désolée…


Voilà les premiers et seuls mots que je prononce. Le visage du garde affiche un air étonné avant qu’un sourire amical vienne ourler ses lèvres. Il se penche vers moi et, avant même que j’aie le temps de réagir, il glisse un bras sous mes jambes et me soulève.


— Nous allons vous donner un bain et vous changer avant de vous présenter à notre seigneur, m’informe-t-il. Je serai bien ennuyé de vous emmener à lui couverte de boue, les lèvres bleues dans des habits déchirés.


Il se tourne ensuite en direction de Nivrosda et donne ses instructions.


— Avertis les servantes de l’aile est de faire couler un bain et de trouver un tenue convenable pour Mademoiselle Hayze, ordonne-t-il avant de terminer par les directives pour Amrin. Peux-tu prévenir le Seigneur Brydrur que Mademoiselle Hayze lui sera présentée d’ici deux sabliers?


Les deux gardes répondent par l’affirmative et sortent de leur poche un étrange écrin qu’ils tournèrent deux fois sur lui même avant de partir vers l’intérieur du château.

Je reporte mon attention sur Colin. Un bain ? Comment avouer à Colin que la perspective d’être mouillée, même pour paraître présentable, ne me plaît guère ? Aujourd'hui, j'ai eu largement ma dose de pluie et de froid pour ne pas avoir envie d’y être de nouveau confrontée, même pour le Seigneur.


Avant que j’aie ouvert la bouche, mon porteur entre dans la bâtisse. Un large couloir voûté, creusé à même la roche nous accueille. De nombreuses torches viennent illuminer le corridor tant et si bien qu’on ne perçoit pas l'obscurité qu’on s’imagine percevoir en s’enfonçant à l’intérieur d’une montagne.


Nous tournons sur la droite au bout de la galerie qui débouche sur un espace similaire au premier, avec des portes de part et d’autre. Après deux autres bifurcations, nous nous arrêtons devant un battant en bois, et Colin me dépose à terre avant de frapper.


Un voix nous invite à entrer depuis l’intérieur et nous pénétrons dans une chambre. Une douce chaleur nous accueille, un feu brûle dans l’âtre situé face à nous. La vision des flammes dansantes me réconforte de manière instantanée. Mes muscles se décontractent alors que la température ambiante contribue à faire cesser mes tremblements dus au froid.


— Nous avons préparé le bain de Mademoiselle, nous informe la servante.

— Parfait, les remercie Colin avant de s’adresser à moi. Je vous laisse entre de bonnes mains. Je passerai vous chercher dans un sablier pour votre entrevue avec le Seigneur Brydrur.


J'acquiesce d’un hochement de tête, et l’observe sortir de la pièce. La jeune femme vient à ma rencontre et se présente en faisant la révérence :


— Mademoiselle Arone, je suis Miedirth. Je suis à votre service.


Gênée, je m’incline à mon tour et la salue :


— Bonjour Miedirth, merci de m’accueillir ici.


Je me sens très mal à l’aise devant elle qui est si propre. Sa jolie robe en coton écrue lui donne une allure noble et contraste parfaitement avec sa peau d’ébène. Ses cheveux sont tressés de nombreuses nattes plaquées sur sa tête et des bijoux sont incrustés dans sa coiffure. En comparaison, ma crinière ébouriffée et mes vêtements souillés inversent les rôles que l’on nous attribue aujourd’hui.

Mierdith se dirige vers la commode et tourne sur lui-même un écrin de verre d’où se met à tomber de subtil grain de manière fluide et régulière. Cela m’intrigue, mais je me retiens d’aller observer l’objet pour l’instant.

Peu habituée à avoir de l’aide, je me retrouve soudain gauche. Miedirth prend alors les choses en main et me débarrasse de la couverture humide toujours sur mes épaules avant de m’aider à retirer la robe collée à ma peau.


— Je vous laisse vous laver, m’annonce-t-elle en me désignant une immense baignoire dans le coin de la pièce. Je vais vous chercher des habits propres le temps que vous fassiez votre toilette.


Quand elle est enfin sortie de la pièce, je me dirige vers le bac et observe la surface ondulante de l’eau. Je n’ai vraiment aucune envie d’y entrer, alors je saisis l’un des gants posé sur un tabouret à côté et le plonge dans le liquide.


La sensation est très différente de ce à quoi je m’attendais.


Je n’en reviens pas…


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7

7 commentaires

Leticia Joguin Rouxelle

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Il y a un an

Ha ! Bon comment ça c'est différent ? Hum en route vers la suite

Elo François

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Il y a un an

♥♥♥♥

natha_lit

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Il y a un an

Suis toujours happée par cette histoire, et maintenant elle découvre la saveur de l’eau chaude je pense 🤔 je suis persuadé qu’il y a un lien avec le seigneur suite au respect des personnes qu’elle croise, hâte de lire la suite.

Laurie Lecler

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Il y a un an

Super les descriptions, j'avais l'impression d'y être 👌

Charlie L

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Il y a un an

Tu savais que les descriptions, ce sont ma bête noire ?

Laurie Lecler

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Il y a un an

Ah c'est drôle, c'est quelque chose que j'aime bien chez toi ;)

Charlie L

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Il y a un an

Tant mieux alors. C'est que je m'améliore
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