Elenya Arnaque de Noël et Vœu sous le Gui Une façade festive

Une façade festive

Le claquement des sabots sur les pavés résonna dans l'air frais, puis l'élégante calèche noire s'immobilisa. Des flocons de neige tourbillonnaient à la lueur des lanternes à gaz, transformant Valvernet en un village de Noël pittoresque. L'odeur des marrons grillés et des amandes caramélisées enveloppait Sophie comme un doux souvenir, mais elle refusait de laisser la magie des fêtes affaiblir sa détermination.

Elle s'assit avec raideur, les bras croisés, tandis que Constantin montait à côté d'elle dans la calèche avec l'aisance d'un homme qui n'avait jamais été indésirable nulle part. Il ajusta son manteau de laine noir et lui lança un sourire décontracté.

— Essaie d'avoir l'air de t'amuser, la taquina-t-il. Les gens nous regardent.

Elle lui lança un regard noir.

— Je m'amusais bien, jusqu'à ce que tu te montres.

Il plaça une main sur son cœur, faussement blessé.

— Et moi qui pensais que nous allions passer une belle soirée romantique.

Elle expira bruyamment, son souffle visible dans l'air froid.

— Mettons les choses au clair : ce n'est pas une belle soirée romantique. C'est un traquenard élaboré pour me piéger. Plus vite ce sera fini, mieux ce sera.

Le cocher salua le couple d'un coup de chapeau, puis fit claquer les rênes. La calèche se mit en mouvement, longeant des maisons à colombages ornées de guirlandes lumineuses. Les étals du marché de Noël bordaient la rue principale, débordant d'objets artisanaux, de chopes de vin chaud fumantes et de délicates pâtisseries saupoudrées de sucre glace.

Sophie gardait les mains sur les genoux, résistant à l'envie de resserrer son manteau. Constantin l’incommodait autant que le froid. Il était assis trop près d'elle, sa présence dégageant une chaleur dont elle refusait de profiter.

Alors que la calèche arrivait au cœur du marché, Sophie entendit les murmures ravis de la foule rassemblée.

— Les voilà !

— Comme c'est romantique !

Elle grimaça. Apparemment, le Vœu sous le Gui s'accompagnait d'attentes publiques.

— Souris, ma chérie, gloussa Constantin. Nous ne voudrions pas décevoir nos admirateurs.

Elle força un sourire crispé.

— Rappelle-moi pourquoi j'ai accepté cela ?

— Parce qu'au fond, tu adores Noël, susurra-t-il d'une voix grave et taquine.

Elle lui jeta un regard féroce, mais il avait raison. Malgré son cynisme, elle avait toujours été attirée par la magie de la saison, mais pas de cette façon. Pas piégée dans une scène romantique artificielle avec un homme qui avait fait de la tromperie son métier.

La calèche s'arrêta au milieu de la place, où une femme en manteau vert émeraude les accueillit.

— M. Arceneaux, Mlle Pelletier, bienvenue au marché de Noël de Valvernet ! Nous avons pris des dispositions pour que vous puissiez l'explorer à votre guise avant votre prochaine surprise.

— Prochaine surprise ? s’étrangla Sophie.

La femme se contenta de lui faire un clin d'œil avant de disparaître dans la foule.

Constantin descendit le premier, puis tendit une main gantée à sa compagne.

— Viens, ma chérie.

Elle ignora le terme affectueux, mais lui prit la main à contrecœur pour descendre avant de s'engager dans la rue pavée. Un groupe de badauds applaudit comme s'ils venaient d'assister à un grand acte romantique, et Sophie résista à l'envie de grogner.

Constantin se pencha et lui chuchota :

— Tu sais qu'ils s'attendent à ce que nous agissions comme un couple, n'est-ce pas ?

— J'avais compris, siffla-t-elle.

— Alors tu devrais prendre mon bras.

Elle hésita une seconde de trop. Constantin passa lui-même sa main sous son bras, son contact chaud même à travers les couches de tissu.

— C'est beaucoup mieux, murmura-t-il.

L'irritation de Sophie empira, mais avant qu'elle ne puisse se dégager, une odeur de brioches à la cannelle fraîchement sorties du four la distraya. Son estomac la trahit par un gargouillement inopportun.

— On a faim ? releva Constantin, narquois.

— Non.

Il désigna de la tête l'étal d'une boulangerie proche, où une vieille femme à l’air gentil emballait des pâtisseries dans des boîtes rouge et or.

— Mentir ne te va pas.

Elle le fusilla du regard, les yeux plissés, mais l’arôme était trop tentant. Avec un soupir, elle se dirigea vers l'étal.

— Ah ! Le joli couple ! s’exclama la vendeuse avec un grand sourire. Rien de tel que de partager une pâtisserie chaude par une nuit d'hiver.

— Nous ne sommes pas..., commença Sophie, les joues rouges de colère.

— Que recommanderiez-vous à ma chère fiancée ? interrompit Constantin.

Sophie retint de justesse un cri étranglé.

Les yeux de la vieille femme pétillèrent.

— Les pâtisseries à la cannelle en forme d'étoile. En partager une porte chance pour la nouvelle année.

Sophie la dévisagea, mais Constantin n'hésita pas.

— Nous en prenons deux.

La femme les emballa avec soin et, avant que Sophie ne puisse protester, Constantin lui en tendit une, dont la pâte chaude était moelleuse dans sa paume.

— Mange, dit-il simplement.

Elle songea à refuser par pur entêtement, mais en prit une bouchée. Le beurre fondait sur sa langue, et pendant un instant, elle oublia qu'elle était censée être irritée.

Constantin l'observa avec amusement.

— C'est bon, n'est-ce pas ?

Elle avala la bouchée, refusant de lui donner la satisfaction d'un compliment.

— Ça va.

Le gloussement de Constantin n'était que pure espièglerie.

— Tu es adorable quand tu mens !

Elle se retourna pour répliquer, mais l'expression de Constantin avait légèrement changé. Son air taquin était toujours là, mais il avait l'air plus pensif. Comme s'il attendait le bon moment pour dire quelque chose de sérieux.

— Quoi ? l’interrogea-t-elle, un sourcil haussé.

Il hésita. Puis, à voix basse, il lui dit :

— Je crois que le Flocon d'Or est ici.

Elle cilla.

— Pardon ?

Il prit lentement une bouchée de sa pâtisserie, comme s'il ne venait pas de dire quelque chose d'insensé.

— Le Flocon d'Or. Tu en as déjà entendu parler ?

— Bien sûr que j'en ai entendu parler, dit-elle sèchement. Un légendaire artefact de Noël, supposé être en or pur, transmis par les familles royales européennes depuis des siècles. Mais il a disparu dans les années 1800.

Le sourire narquois de Constantin réapparut.

— Ou peut-être qu'il a été caché.

Le pouls de Sophie s'accéléra.

— Tu penses qu'il est ici ? À Valvernet ?

Il se pencha légèrement, sa voix réduite à un murmure.

— Je sais qu’il est là.

Sophie recula d'un pas, ses premiers soupçons se confirmant.

— C'est donc pour cela que tu es ici.

Ses yeux s'illuminèrent d'une lueur indéchiffrable.

— C'est en partie pour cela que je suis ici.

L’esprit de Sophie s'emballa. Constantin Arceneaux ne faisait jamais rien sans arrière-pensée. Tout se mettait en place, à présent. Tout cette mise en scène élaborée… Était-ce à cause du Flocon d'Or depuis le début ?

Les lumières festives autour d'eux se brouillèrent, et les joyeux bavardages s'estompèrent en bruit de fond.

Sophie ne savait pas ce qui la troublait le plus : le fait que Constantin soit à la recherche d'un artefact inestimable... ou la possibilité qu'il dise la vérité.


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1 commentaire

Stella King

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Il y a un mois

il faudrait encore accentuer les sentiments négatifs qui existent entre eux.
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