Elenya Arnaque de Noël et Vœu sous le Gui L'invitation

L'invitation

Les flocons de neige flottaient dans l'air frais du soir, se déposant sur les toits de Valvernet comme du sucre saupoudré sur une bûche de Noël. La ville, nichée au cœur des Alpes françaises, resplendissait d'une chaleur festive : rues pavées bordées de guirlandes scintillantes, vitrines ornées de couronnes de conifères, odeur de marrons grillés suspendue dans l'air comme un vieux souvenir de Noël. C'était le genre d'endroit dont on parle sur les sites de voyage, une carte postale qui prend vie, où le temps semble ralentir pour savourer la magie des fêtes.

Sophie Pelletier resserra son manteau autour d'elle en sortant du taxi, les yeux fixés sur le domaine devant elle. Le château de Valvernet se profilait dans la nuit hivernale, ses tourelles enneigées et ses murs de pierre couverts de lierre baignant dans la lueur dorée des lustres qui s'échappait par les hautes fenêtres recouvertes de givre. À l'intérieur, la vente aux enchères de Noël allait commencer, événement connu des collectionneurs d'objets de Noël les plus élitistes.

Sophie avait dédié sa carrière à traquer et récupérer des œuvres d'art volées et à les restituer à leurs propriétaires légitimes. Mais ceci, c'était différent. Une invitation anonyme est arrivée à son bureau parisien deux semaines plus tôt, gaufrée de filigrane d'or et scellée par un cachet de cire en forme de feuille de houx.

Vous êtes cordialement invitée à la vente aux enchères de Noël à Valvernet, où les trésors des Noëls passés retrouvent leur place.

Elle n'était pas habituée à assister à des ventes aux enchères secrètes dans des villes isolées, mais sa curiosité l'avait emporté. À présent, debout dans la lumière de la grande entrée du château, elle éprouvait une sensation inattendue. De l'excitation ? Ou peut-être simplement l'attrait indéniable de la magie de Noël.

À l'intérieur, la chaleur l'enveloppa comme un manteau de velours. Une odeur de vin chaud et de cannelle flottait dans l'air, mêlée à celle du sapin de Noël au milieu de la salle de bal. Des bougies scintillaient dans les appliques dorées, se reflétant sur le sol en marbre poli. Un quatuor à cordes jouait doucement en arrière-plan, la mélodie se faufilant à travers le bavardage des invités élégants, aux flûtes à champagne en cristal.

— Mlle Pelletier ?

Elle se retourna et découvrit un homme en costume de velours émeraude qui l'observait avec un sourire entendu. Il était plus âgé qu’elle, ses cheveux parsemés de gris soigneusement peignés et sa posture impeccable.

— Oui. Et vous êtes ?

— Martial Bocuse, se présenta-t-il, en lui serrant la main avec distinction. Commissaire-priseur, conservateur et gardien de secrets.

Ses yeux scintillèrent.

— On m'a dit que vous seriez peut-être sceptique quant à notre petit événement.

— Je m'intéresse aux faits, et la vente aux enchères de Noël ressemble plus à un conte de fées qu'à la réalité.

Il s'esclaffa et but une gorgée de vin.

— Noël lui-même n'est-il pas un conte de fées ? Et pourtant, nous y croyons tous.

Avant qu'elle ne puisse répondre, un carillon des cloches retentit dans la salle, signalant le début de la vente. Les invités se dirigèrent vers le grand hall, où une estrade avait été dressée sous un dais de lumières scintillantes. Des rangées de chaises y faisaient face, et sur chacune était posée une raquette avec un numéro d'enchérisseur.

Sophie prit place et scruta la foule de collectionneurs, d’historiens, d’antiquaires ; des gens qui comprenaient la valeur des reliques des Noëls passés. Sur scène, une collection d'objets était placée dans des vitrines : un casse-noisette du XVIIIͤ siècle, une boule à neige de l’Exposition universelle de 1878, un ensemble de bougies peintes à la main. Chaque pièce racontait une histoire et chuchotait des secrets oubliés.

Bocuse monta sur scène, sa présence imposante et chaleureuse à la fois.

— Mesdames et messieurs, bienvenue à la vente aux enchères de Noël. Ce soir, nous honorons l'esprit de Noël à travers ses objets les plus précieux. Certains disent qu'ils sont porteurs d'histoires, d'autres pensent qu'ils renferment quelque chose de plus... Une chose est certaine : chacun d'entre eux est arrivé ici pour une raison précise.

La vente commença, la cadence des offres montant et descendant comme une symphonie bien rythmée. Sophie écoutait avec un intérêt modéré les descriptions des pièces en vente, mais aucune d'entre elles ne l'interpellait.

Puis, un assistant apporta une petite boîte sans prétention. Bocuse en souleva le couvercle pour révéler une délicate décoration en argent en forme de gui. De minuscules perles se nichaient parmi les feuilles, captant la lumière des bougies.

— Notre prochain article, annonça-t-il, est le Vœu sous le Gui. La légende raconte que la personne qui tient cette décoration le soir de Noël peut faire un seul vœu, qui sera exaucé avant la fin de l'année.

Un murmure parcourut la salle.

Sophie arqua un sourcil. Du gui qui exauce les souhaits ? Voilà qui était nouveau.

— Cette pièce a été fabriquée il y a plus d'un siècle par un bijoutier de Vienne, continua Bocuse. Bien que son origine reste un mystère, sa réputation s’est accrue au fil des décennies. Certains affirment que leur plus grand désir a été réalisé après l'avoir acquise. D'autres disent qu'il ne s'agit que d'un bel ornement à l'histoire charmante.

Il sourit.

— Je vous laisse le soin de décider.

Sophie eut un sourire en coin. Les collectionneurs achèteraient n'importe quoi avec une bonne histoire.

Les enchères commencèrent et elle se renversa sur sa chaise, regardant les chiffres grimper.

— Trois mille euros, lança quelqu'un.

— Quatre.

Sophie saisit son verre de vin au moment où Bocuse jetait un coup d'œil dans sa direction.

— Cinq mille.

Elle fronça les sourcils. Une seconde… Est-ce qu'elle venait de...

Un murmure d'intérêt se répandit dans la salle. Le regard de Bocuse brillait d'amusement.

— Cinq mille, à Mlle Pelletier.

Elle toussa, s'étouffant avec sa gorgée de vin.

— Attendez, je n'ai pas...

— Six mille, lança un autre enchérisseur.

Elles expira de soulagement, mais ensuite...

— Sept mille, s'entendit-elle prononcer.

Elle resta sous le choc. Avait-elle vraiment enchéri sur cette décoration ridicule ?

Une autre pause. Personne d'autre ne surenchérit. Le sourire de Bocuse s'élargit.

— Sept mille, une fois... Deux fois... Vendu à Mlle Pelletier.

Une salve d'applaudissements polis suivit, mais Sophie resta figée sur son siège. Que venait-il de se passer ?

Bocuse inclina la tête dans sa direction.

— Félicitations, Mlle Pelletier. Il semble que le Vœu sous le Gui vous ait choisie.

Elle gémit doucement, se frottant la tempe. Elle n'était pas venue à Valvernet pour acheter des ornements de Noël enchantés. Mais tandis qu'elle contemplait le délicat objet que l'on plaçait pour elle dans un écrin de velours, une étrange chaleur s'installa dans sa poitrine.

Une erreur stupide, assurément. Et pourtant... elle ne pouvait se défaire de l’impression que peut-être elle lui avait été destinée depuis le début.


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2 commentaires

Beryl L

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Il y a 20 jours

Coucou ! Échange de likes. Ton histoire a l’air originale, un mélange entre Arsène Lupin et un téléfilm de Noël 😊❤️! Passe voir mon histoire de Noël qui se passe en Floride 🐊🙏 Bon week-end !

Stella King

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Il y a un mois

J'aime bien le début, c'est intéressant.
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