silver Aristas Neireides Chant IX D'une déesse 2

Chant IX D'une déesse 2

Soudain, Néoméris comprit Atlas. Elle comprenait ce titan destiné à porter le poids du ciel sur ses épaules. Elle pensait qu'en avertissant le roi, elle se débarrassera de sa quête. Mais, elle réalisa que celle-ci ne faisait que commencer. Elle fit un pas vers la déesse. Les vagues léchèrent ses orteils comme des chiens domestiques le feraient sur un invité qu'ils aimaient bien :


— Il faut avertir le roi ! Et les autres cités ! Nous devons nous unir ! Je vous en supplie, il faut que vous lui apparaissez et que vous l'informez de la menace qui plane au-dessus de nous. Vous, il vous écoutera !


Depuis le saque de Troie, cette région était décimée. Les Troyens vivaient de la pauvreté, envahis par les royaumes alentour qui espéraient faire tomber la légendaire cité. Pourtant, ils tenaient toujours debout et visiblement, plus en forme que jamais. Le visage de la déesse se durcit. Sa voix tonna. Néoméris craignit qu'elle ne réveille sa mère sans songer qu'elle n'avait pas le droit d'entendre les paroles d'une déesse :


— Pourquoi avertiré-je Nycème ? Ce roi de pacotille ne me voue aucun culte. Il a un autel dans son palais sur lesquels ses domestiques posent les offrandes mais, comme tous les hommes, il préfère se tourner vers Arès, Athéna ou encore Zeus, dieu des dieux, oubliant que son île m'est dédiée. Par contre, lorsque cet imbécile pense que son fils a été maudit, il me supplie de le protéger de ma protégée.


— Votre... protégée... Répéta Néoméris en goûtant à chacune de ses syllabes. Mais... si vous ne le faites pas pour lui, faites-le pour moi. Je vous en supplie...


— Pour toi. Ricana Amphitrite. Malheureusement, tu n'es pas en position de me demander quoique ce soit. Je te protège depuis que ton père a failli te réduire en cendres. Ce serait plutôt à moi de te demander de payer ta dette.


— Dites-moi ce que vous attendez de moi et je le ferai mais je vous en supplie, arrêtez cette invasion.


Un long silence suivit cette phrase durant lequel Amphitrite la détailla. Son regard était comme une aiguille qui s'enfonçait dans la peau dès que ses yeux bougeaient. Elle finit par ordonner :


— Va dormir. Cette histoire n'est pas la tienne. Tu n'as aucun rôle à tenir dans cette guerre.


Néoméris serra les dents. Certes, elle n'était rien. Une paria qui vivait au ban de la société, haïe et humiliée chaque jour de sa vie. Si elle n'avait pas cet illustre paternel, elle aurait été une mortelle parmi tant d'autres. Ceux qui subissaient et craignaient les dieux sans jamais espéré passer à la prospérité. Cela lui n'importait de toute façon pas. Pour l'instant, elle était encore bien vivante et elle comptait encore l'être.


Amphitrite était partie depuis longtemps lorsqu'elle retourna à la cabane. Elle regarda sa couchette. Sa mère endormie dans la sienne. Puis, son regard se porta sur le bois qui grimpait derrière. Il fallait le traverser pour rejoindre le sentier qui donnait sur le palais. Elle se demanda si elle devait le faire. Si elle devait gravir les mètres qui la séparaient du palais pour aller voir le roi Nycème. Sauf qu'il n'avait déjà pas voulu la voir de jour alors, il n'ouvrirait pas un œil de nuit. Et puis, la nuit était déjà bien entamée. Si les Troyens avaient voulu les envahir, ils auraient déjà commencé. Elle ira le lendemain matin comme elle l'avait promis à Méléagre.


Avant les cris, ce fut le bruissement des feuilles qui réveilla Néoméris. Les branchages fouettaient si fort qu'ils cinglaient le toit de la cabane. Et puis, les feuilles, qui brûlaient, se réduisaient dans un chuintement. Elle ouvrit les yeux et découvrit la couche de sa mère vide. Elle se précipita dehors. Anatola était debout face à elle. Les yeux embrumés de larmes, elle regardait le bois se consumer. Les flammes rendaient la mer orangée. Alors, les cris explosèrent dans les oreilles Néoméris. Non pas seulement les Troyens qui hurlaient à la victoire mais aussi les Naxiens qui sombraient. Néorémis agrippa les bras de sa mère :


— Tu dois partir. Balbutia la jeune fille.


— Ne sois pas stupide. Il faut aller au temple. La déesse nous protégera.


La discussion avec Amphitrite revint en mémoire à la jeune femme. Elle ne pensa qu'elle viendra les aider. Mais, nul ne savait d'où venait la colère de la déesse. Cependant, elle ne laissera pas ses fidèles se faire massacrer :


— D'accord, maman. Vas.


— Et toi ?


— Je dois rejoindre le roi.


Anatola écarquilla les yeux :


— Il ne t'écoutera pas.


— Le général Méléagre m'a cru. Si j'arrive à le trouver...


Elle se tue. Un vent brûlant dirigea les flammes vers la cabane. Le feu s'embrasa soudainement. En quelques minutes leur cabane, leur foyer, l'endroit où Néoméris était née et avait grandi, fut réduit en un tas de cendre. Elle sentit les ongles d'Anatola se planta dans sa chaire :


— Tu ne peux pas ! Ils vont prendre le palais en premier ! Dans le temple...


— Maman... Je dois avertir le roi.


Anatola se résolut. Elle avait déjà par deux fois faire face à des dieux, elle savait à quel point ils étaient têtus. Et Néoméris faisait partie d'eux, à moitié. Elle la lâcha et se recula pour voir sa fille pénétrer le rideau de flammes. Pendant un instant, un halo l'entoura. Et puis, elle disparut. Anatola longea la plage vers le temple.

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1 commentaire

Jessica Goudy

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Il y a 9 mois

Like de soutien pour toi 💕 Si tu veux me lire aussi, n'hésite pas, je viens de terminer ma story 🙏😘
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