silver Aristas Neireides Chant VII D'un avertissement 2

Chant VII D'un avertissement 2

Le rouge lui monta aux joues. Enfant illégitime d'une mère chassée d'un temple et d'un dieu qui ne les aimait pas. Elle baissa la tête oubliant presque la raison de sa venue. Méléagre saisit son menton et redressa son visage pour lui faire face :


— Pourquoi dois-tu voir notre roi ? Je suis Méléagre, chef des armées de Naxos. Me parler reviens à parler à Nycème.


La façon dont il prononçait ce nom, qui était presque divin pour les Naxiens, dénué de son titre, ne manqua pas choquer Néoméris. Elle ne connaissait pas les hauts dignitaires de l'île mis à part Méléagre. Réalisant qu'elle se trouvait face à celui qui hantait ses cauchemars, elle recula d'un pas. Son dos cogna contre les gardes qui l'encadraient. Leurs mains enserrèrent son épaule et la poussèrent en avant :


— Tu as voulu entrer. Parle maintenant ! Intima-t-il.


Méléagre lança un regard éclair au garde. Il retira leurs mains empoignantes des frêles épaules de la jeune femme :


— Est-ce ainsi que l'on parle à une femme, enfant d'un dieu ? S'agaça-t-il. Vous pouvez la craindre mais respecte du moins son rang.


Néoméris était perdue. Elle aurait pensé que le général Méléagre pense avant tout à protéger le roi et le prince et non à la défendre. Elle n'osa regarder que ses mains, imaginant les regards inquisiteurs des domestiques en voyant un personnage aussi important la défendre. Alors qu'elle jouait avec ses doigts pour se soustraire à la tension qui grimpait dans la cour du palais, Méléagre lui donna une tape sur ses mains pour les détacher. Surprise d'un geste qu'un parent ferait à son enfant, elle redressa la tête. Il était agacé mais pas contre elle. Son regard plissé se posait sur toutes les personnes présentes :


— Dis-moi donc pourquoi tu tiens tant à voir Nycème ? Insista-t-il.


— Je vis sur la côte à l'opposée du port, expliqua Néoméris en retenant le bégayement de sa voix, celle qui est déserte. J'y suis seule avec ma mère et quelques bergers, parmi lesquels mon oncle Hésiode.


Méléagre arqua un sourcil étonné. Son regard se déporta sur Nycème qui attendait toujours de l'autre côté. Il ne la coupa pas pour autant et croisa ses bras en tendant son menton pointu pour lui signifier qu'elle avait toute son attention :


— Ce matin, alors que je pêchais, j'ai vu des navires dont je n'ai reconnu ni les voiles, ni l'insigne. Je les connais tous, mon seigneur, et ceux-là, je ne les ai jamais vu. Et puis...


— Ce n'est pas une voie qui est habituellement empruntée. La coupa Méléagre. Où allaient-ils ?


— Ils avançaient droit vers Naxos.


Les bras de Méléagre tombèrent le long de son corps. Derrière elle, Néoméris sentirent les gardes faiblirent. Même si les personnes dans la cour avaient repris leurs conversations, on pouvait entendre un oisillon voler. Soudain, le général fit volte-face. En quelques enjambées, il avait traversé la moitié de la cour quand il se tourna vers Néoméris :


— Viens.


Sa voix était blanche, ses traits durs. Mais, Néoméris ne put s'empêcher d'arbore un sourire. Il la croyait ! Lui le général de Naxos tenait compte de ce qu'elle avait dit, elle, la sorcière. Elle sautilla jusqu'à lui, ayant du mal à tenir son rythme malgré la faible distance. Méléagre la conduisit au roi Nycème qui les attendait, campé sur ses jambes, les bras croisés. Malgré lui, Eurylipe ne parvenait pas à s'avancer pour se mettre sur la même ligne que son père. C'était sa place sauf que c'était trop proche de Néoméris. La sorcière n'était qu'à quelques marches de lui. Un sourire triomphant sur les lèvres car elle était parvenue à l'approcher. Elle avait utilisé le bon Méléagre pour entrer dans le palais et leur faire subir leur courroux :


— Mon roi, commença le général, veux-tu bien l'écouter ?


Nycème hocha la tête. Un mouvement sec et bref qui fit comprendre à Néoméris que le roi ne sera pas aussi conciliant que son général. Elle débuta son récit. Sa voix était encore plus tremblante et basse qu'à l'habitude. Même Méléagre la regarda par en-dessous relevant la différence par rapport au moment où elle lui avait parlé. Nycème laissa un long silence. Il finit par décroiser les bras et jaugea sa sorcière, puisque tout habitant de Naxos lui appartenait :


— Est-ce tout ? Je ne te savais si influençable, Méléagre. Une femme vient ici pour te dire qu'elle a vu un bateau et toi, tu penses que j'ai le temps de l'écouter ?


— Une Naxienne qui habite la côte et qui a vu un navire inconnu s'approcher de nos côtes. Rectifia Méléagre. Peut-être devrais-tu envoyer quelques messagers pour s'assurer que ce qu'elle dit est vrai.


— Que crains-tu ?


— Une invasion.


Nycème pouffa de rire :


— Et pourquoi donc ? Nous sommes isolés de tous. Même Ithaque, nos voisins sont à une journée de voyage. Nous ne possédons ni richesse extrême, ni savoir-faire des dieux. Envahir Naxos serait une perte de temps.


— Pas s'il s'agit de gagner des terres.


— Tu accuses Ulysse ? S'exclama Nycème.


Eurylipe et Néoméris dévisagèrent Méléagre. Ulysse était le plus noble des rois de leur région. Celui grâce à qui ils avaient remporté la guerre de Troie, qui avait vaincu le dieu Poséidon et qui depuis régnait sur son île qui était aussi tranquille que Naxos :


— Non. Soupira Méléagre. Mais, il y a d'autres peuples.


Le roi et le général, ces deux amis, se toisèrent un long moment. L'un espérait faire flancher l'autre. Nycème voulait montrer la valeur de son statut. Méléagre s'en fichait bien. Il devait y avoir quelque chose pour qu'une personne aussi haïe que Néoméris osa remonter jusqu'à un endroit qui lui était hostile comme le palais. Nycème passa sa main sur son visage en soupirant, il se gratta le cou sans détacher son regard de la sorcière qui osait le regarder dans les yeux. Puis, il se tourna vers Eurylipe :


— Qu'en penses-tu ?


— Cela peut vraiment faire la différence ? S'étonna le garçon.


Nycème haussa les épaules :


— Lorsque je ne serai plus là, tu devras diriger seul. Que ferais-tu à ma place ?


Eurylipe porta son regard sur Néoméris. Elle avait ce regard sombre, comme si elle lui intimait de la croire. Un frisson glacée l'envahit. La peur parla avant la raison. Plus tard, il s'en voudra car un roi ne parle JAMAIS sous la peur. Cette femme l'avait humilié par sa simple présence :


— Cela ne peut pas faire de mal d'envoyer un ou deux messagers. Hasarda-t-il.


— Un ou deux ?


Cette fois, il regarda Méléagre. Son regard était encore plus froid que la sorcière, comme s'il était sous son emprise. Eurylipe voyait surtout ses muscles bandés par la colère :


— Trois.

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1 commentaire

Jessica Goudy

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Il y a 10 mois

Soutien 👏✒️ Si tu veux aussi me lire, n'hésite pas, j'ai sorti un nouveau chapitre 🙏😘
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