silver Aristas Neireides Chant VII D'un avertissement 1

Chant VII D'un avertissement 1

Elle était là. Devant Eurylipe. Sa tunique lui arrivait presqu'aux genoux comme un homme. Ses longues cheveux bruns voletaient autour de son visage. Ses yeux bruns étaient exorbités. Elle aurait pu être une simple folle parmi tant d'autres. Seulement, la cicatrice qui marbrait un côté de son visage la différenciait de tous. Le prince eut un pas de recul en voyant Néoméris. Il remercia les gardes de la bloquer à l'entrée du palais. Pour la première fois de sa vie, Eurylipe avait sincèrement peur de la malédiction que lui avait jeté Néoméris :


— Qui est-ce ?


Le prince se tourna vers Méléagre. De toutes les personnes qui assistaient à la scène, il était le seul à ne pas avoir le corps tendu de la racine des cheveux à l'orteil. Il se tendait en retrait, l'épaule légèrement appuyée contre une colonnade. Ses yeux plissaient détailler la folle qui tentait d'entrer :


— Néoméris. La sorcière. Expliqua Nycème.


— Elle veut vous voir, ajouta un scribe qui s'était approché, elle dit qu'elle doit vous parler. Mais, nous allons la faire sortir, mon roi.


Eurylipe avait l'impression que son père avait peur. C'était si étrange car un roi ne craignait que les dieux. Ne pouvait-on toutefois pas dire que Néoméris en était une ? Elle était fille d'Héphaïstos et les enfants de dieux avaient parfois le droit de rejoindre le panthéon olympien. Bien sûr, elle n'avait rien fait pour. Mais, quelqu'un devait bien incarner la ruse et le fatum.


— En effet, elle en a tout l'air. Se moqua Méléagre. Fais-la rentrer.


Ce ne fut pas tant l'ordre que ce qu'il induisait qui choqua le roi et le prince. Ils dévisagèrent le général dont le regard rieur ne se détachait pas de la jeune femme. En tant que guerrier, il savait reconnaître la valeur de ceux qui ne cédaient pas. Deux hommes pointaient leurs armes en direction de Néoméris, alors que leurs poings auraient l'anéantir seuls. Et pourtant, elle était toujours debout, à les affronter du regard sans jamais tomber dans l'arrogance vulgaire. Pourtant, elle aurait dû. Que le veuille ou non les naxiens, elle était la plus noble de tous par sa naissance :


— Tu n'as envie de savoir ce qu'elle a à te dire ? Insista Méléagre. Cela peut-être une recommandation des dieux.


— Elle vit sur mon île de sa naissance. Les dieux n'ont jamais jugé bon de lui envoyer une recommandation.


— Tu as raison mais tu dois avouer que jamais l'île n'a été aussi prospère. Tout le monde sait que Amphitrite fait dériver les poissons jusqu'aux côtes pour qu'elle puisse vivre de sa pêche. Nous n'avons pas connu de guerre, ni d'invasion. Nos rapports avec nos voisins ne connaissent que des victoires ou des paix. Peut-être devrais-tu la remercier car il me semble que du temps du règne du roi Aristote, ce n'était pas aussi prospère.


Méléagre savait de quoi il parlait. Il avait connu la famine avant d'être envoyé à Phtie. En y repensant, cela avait été un avantage. Pélée ne veut pas que les garçons se gavent et oublient leur apprentissage, il leur impose une alimentaire complète mais austère. Si les autres s'en étaient plaints, Méléagre avait trouvé que son assiette était remplie à rabord. D'autant plus que les figues, son met préféré, étaient toujours présentes à la table de Pélée.


Nycème secoua la tête. Les comissures de ses lèvres tombèrent de chaque côté de sa bouche et, comme son sourire était large, cela créa un effet de désapprobation digne d'un bambin. Méléagre se retint de rire de son roi puisqu'ils n'étaient pas dans l'intimité :


— Je comprends. Répondit-il en soupirant. Je vais aller la voir.


— Méléagre, tu risque de...


Le général coupa Eurylipe en posant sa main sur son crâne et lui ébouriffa les cheveux. Le prince lui lança un regard noir. Ce genre de geste passait pour les garçons, pas pour les futurs rois. Il replaça ses cheveux. Il les portait un peu plus loin que les autres garçons pour se différencier. Un avantage que possédait presque tous les princes hellènes. Son regard désapprobateur suivit le général. Il avait cette démarche chaloupée d'après un bon souper. C'est alors que Eurylipe remarqua qu'il n'avait remis sa tunique. Nycème l'avait noté aussi mais il s'en fichait. Il voulait juste que la sorcière quitte son palais. Il ne pouvait pas le faire lui-même puisqu'il craignait qu'elle ne retourne son courroux sur Eurylipe. Et puis, il avait peur de s'attirer les foudres des dieux.


En voyant Méléagre traverser la cour, les domestiques s'écartèrent. L'un d'eux tapota le dos d'un garde et lui murmura quelque chose à l'oreille. Alors, le garde passa son hallebarde. Son camarade lui jeta un regard surpris. Néoméris profita de cet instant pour se glisser entre eux et atterrit dans la cour. Elle n'eut pas le temps d'observer la cour intérieure. Un homme se campa devant elle. Il était grand, massif. Son torse dénudé était parcouru de cicatrices rosées. Mais ce que nota Néoméris, c'était son regard. Ses yeux bruns, aussi grand que ceux d'un daim, n'hésitèrent pas à se poser sur les siens. Ce n'était pas le seul. Certains affrontaient aussi le regard de Néoméris comme pour toiser la malédiction. Cet homme la regardait comme une personne tout à fait normal, ayant l'élégance de ne pas s'attarder sur sa cicatrice :


— Tu es Néoméris, fille de la prêtresse Anatola et du dieu Héphaïstos ? Demanda Méléagre tout en connaissant la réponse.


— Ma mère a été révoquée. Reprit Néoméris.

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1 commentaire

Jessica Goudy

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Il y a 10 mois

Soutien 🥰✒️ Si tu veux me lire aussi, n'hésite pas, je viens de sortir un nouveau chapitre 🙏😘
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