silver Aristas Neireides Chant V D'une invasion 2

Chant V D'une invasion 2

Cependant, lorsqu'elle se promenait la nuit quand sa mère était endormie. Il était arrivé que les pas de Néoméris la conduisent jusqu'à l'édifice. Les gardes qui faisaient leur ronde, les lumières qui parvenaient de l'intérieur. Elle avait été subjuguée car même dans la noirceur de la nuit, le palais du roi Nycème ressemblait à un asile pour tous. Tout comme l'île l'avait été pour les naxiens. Elle retrouva aisément son chemin, rencontrant quelques personnes sur son trajet qui la dévisageaient en s'écartant. Elle entendait leurs murmures lorsqu'elle passait près d'eux : enfant du malheur, notre prince, maudit. Néoméris avait appris à les entendre sans les écouter.


Cela faisait plusieurs années qu'elle avait sauvé le prince de la noyade mais les naxiens ne lui avaient toujours pas pardonnée de l'avoir touché. Pourtant, il se disait qu'il grandissait bien, fort et grand, un bon militaire et un prince noble éduqué par son père le roi Nycème et son ami, le grand général Méléagre qui avait apparemment fait tomber des cœurs parmi les domestiques.


Quand Néoméris était contrainte d'aller vendre le poisson, ce qu'elle n'aimait pas car elle devait cacher son visage et rester des heures sous le soleil, autour des odeurs nauséabondes du port. Elle vidait assez vite ses étalages car les poissons d'Anatola étaient les meilleurs du marché de Naxos. Mais, elle en profitait pour garder l'oreille ouverte et écoutait ce qui se disait. Plus d'une fois, elle avait entendu parler de ce Méléagre que tous admiraient. C'était le général de leur armée, un héros même sur le continent et les îles voisines, qui avait appris les armes avec le vieux Pélée à Phtie, sur les traces du grand héros Achille. Naxos était aussi fier de son général que de son roi et de sa tranquillité. Il effrayait Néoméris. Elle imaginait ce guerrier face à elle qui n'hésiterait pas à abattre son épée pour protéger l'île. Jusqu'à présent, elle n'avait jamais subi la colère des habitants de l'île à part le soir de l'anniversaire du roi. Mais, Méléagre pouvait le faire et personne ne lui en voudrait. Au contraire, il sera fêté par les aèdes dans de beaux chants.

Elle déboucha sur le sentier ocre qui menait au palais. L'allée était magnifique, bordé d'orangers et de citronniers que cultivait le jardinier. Des bancs de marbre étaient posés entre eux sur lesquels les jeunes gens venaient discuter. C'était surtout des jeunes femmes qui portaient des toges par-dessus leurs tuniques et des barrettes en perles et des bracelets dorées. Elles étaient belles mais si parées que faire le moindre pas devait être un effort sans nom. Leurs sourires s'évanouirent à la vue de Néoméris. Elles cessèrent leurs discussions pour la regarder. Leurs regards inquisiteurs suivaient la traversée de l'enfant maudite. Néoméris sentit le poids comme leurs bijoux pesaient sur leurs têtes.


Elle arriva devant l'entrée et son cœur s'emporta. Les grosses portes à double battants donnaient sur la cour intérieure où des oliviers étaient entreposés suivant la ligne du cloître. Néoméris fit un pas dans l'entrée. Deux hallebardes se croisèrent pour l'empêcher de passer. Les gardes lui lancèrent un regard noir :


— Je dois passer.


Sa voix n'était qu'un mince fluet chevrotant. Elle tenta de paraître sûre d'elle mais elle ne pouvait pas ignorer le tremblement de ses membres et serra les poings pour le cacher. Voyant que les gardes ne bougeaient pas, elle insista :


— Tous les habitants de l'île ont le droit d'accéder au palais du roi de jour. Récita-t-elle.


— Les habitants. Répéta un garde. Pas les sorcières.


— Je ne suis pas une sorcière et je dois parler au roi Nycème !


Un rire guttural sortit des lèvres du second tandis que l'autre rétorqua :


— Non seulement, tu veux fouler un endroit béni des dieux mais en plus, tu comptes approcher notre roi ? Tu n'en as pas eu assez de t'en prendre au prince avant même qu'il ne commence ses classes ?


— Je n'ai pas maudit le prince Eurylipe ! Je l'ai sauvé de la noyade ! Vous voyez tous bien qu'il grandit sans soucis !


— Grâce au culte que lui vouent les honnêtes naxiens. Toi, tu n'en fais pas partie !


— Je suis l'enfant d'un dieu... Tenta-t-une dernière fois.


Mais sa voix se brisa. Elle ne parvenait plus à montrer l'assurance qu'elle n'avait pas. Elle ne pouvait pas jouer sur ce terrain. Elle ne sera jamais que l'immonde créature de cette île. Le monde créé par les dieux étaient tempérance. Hadès, dieu de la mort, était le mari de Perséphone, déesse du printemps et du renouveau. Aphrodite dominait l'amour et la jalousie. Héphaïstos le feu qui les avait sauvés et condamnés eux, simples mortels. Et elle, elle était le prix de la trop grande tranquillité de l'île :


— Je vous en supplie. Continua-t-elle. J'ai vu des navires longer la côte. Ils n'appartiennent à aucun que j'ai connus. On aurait dit une armée ennemie.


— Que connais-tu des armées ? Tu vis recluse. Et s'il y avait un danger, on serait déjà venus avertir notre roi depuis le port.


— Je n'en connais rien, j'en conviens. Mais, je passe mes journées au bord de la mer, sur la rive opposée au port, j'ai vu tous les navires qui sont passés par Naxos : Ithaque, Mycène, Melos, Phtie. Je les connais tous, je sais les différencier. Ceux-là, je ne les ai jamais vus avec leurs voiles noires.


En entendant ces trois derniers mots, les gardes eurent un instant d'hésitation. La hallebarde du second faiblit même. Mais, la décision ne leur revenait plus. Du fond de la cour, les deux portes qui menaient à la salle du trône s'ouvrirent avec un fracas triomphale.

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1 commentaire

Jessica Goudy

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Il y a 10 mois

Je te soutiens avec des like ❤️ N'hésite pas à me lire aussi si le coeur t'en dit 🙏😘
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