Fyctia

Blood

- Et merde ! dis-je après m’être cognée le petit orteil au coin de la table.

Je continuai mon chemin jusqu’à mon armoire pour prendre mes habits. J’allais être en retard à mon premier jour de cours ! J’enfilai la première chose qui me tomba sous la main, c’est à dire un gros sweat noir et un jean bleu. Au moins, ça allait ensemble ! Je regardai l’heure : 7h45. Si je me dépêchais, j’arriverais peut-être à l’heure. Je sortis de chez moi et courus jusqu’à ma Jeep. Le bruit du moteur me rassura : elle ne m’avait pas lâchée aujourd’hui.

A 7h59, j’étais devant ma nouvelle école : l’université de Californie, à Irvine. Je regardai mon emploi du temps qui m’avait été envoyé quelques jours auparavant. Je commençais par criminologie ! J’attendais ce cours depuis mon inscription dans cette université. Je courus – décidément, je ne faisais que ça ! – jusqu’à la bonne salle, la 234. Ouf, les portes étaient encore ouvertes !

Je rentrai à l’intérieur, trouvai une place dans l’immense amphithéâtre. Je me dépêchai de m’asseoir et de sortir mes affaires. J’avais de la chance : personne ne s’était installé à côté de moi bien que la salle soit remplie. Tous les élèves semblaient être rentrés : j’allais pouvoir être tranquille !

Deux minutes plus tard, M Brown, le professeur, arriva. Il descendit les marches de l’amphi et une fois en bas se retourna.

- Bonjour à tous. Si vous êtes ici, c’est pour étudier la criminologie. Donc je vous préviens tout de suite, nous allons travailler sur plusieurs affaires au fil de l’année. Certaines seront faciles à étudier, d’autres vous paraîtront tellement cruelles que vous pourrez en vomir et en faire des cauchemars la nuit. Ce cours n’est pas pour les âmes sensibles, mais si tel est le cas, vous pouvez encore en changer. Vous n’êtes plus en première année, nous ne travaillerons plus sur des vols et des braquages mais sur des meurtres et d’autres atrocités. Si vous ne vous en sentez pas capable, la porte est ici, déclara-il tout en la désignant.

Je ne bougeais pas de mon siège, si j’étais ici c’était justement pour en apprendre plus sur le crime et travailler sur des affaires plus complexes.

Après son laïus, le professeur s’installa à son bureau attendant que des élèves sortent de son cours. Il avait finalement eu raison de les prévenir car plusieurs élèves commencèrent à se lever et partir discrètement.

Au moment où ils arrivèrent à la porte pour sortir, elle s’ouvrit brutalement laissant place à un garçon. Il entra comme si le lieu lui appartenait, sûr de lui, sans aucune gêne d’être arrivé en retard. Il atteignait largement le mètre quatre-vingt-cinq. Si j’étais debout, je lui arriverais au niveau du torse.

En même temps, ce n’était pas bien compliqué de me dépasser ! Ses cheveux noirs décoiffés comme s’il venait de sortir du lit encadraient son visage. Il marchait mais ce n’était qu’à cet instant que je me rendis compte qu’il se dirigeait vers moi.

Et merde ! Une des seules places libres était à côté de moi ! Moi qui pensais que le cours était complet…

Une fois arrivé à mon niveau, il s’installa nonchalamment et sortit un carnet, un stylo et la bénédiction de chaque étudiant : un ordinateur. Il ne semblait pas m’avoir remarqué et c’était tant mieux ! Il faisait partie de la catégorie NAE, autrement dit un « nid à emmerdes ».

Le prof avait commencé son cours depuis dix minutes, quand je sentis une tape sur mon bras. Quelle horreur ! Je l’ignorai mais le retardataire réitéra son geste. Quel emmerdeur celui-là ! Je tournai ma tête vers lui, le regard empli de mépris.

- Tu es nouvelle, je ne t’ai jamais vu ici ? me demanda-t-il.

Sa voix était rauque, belle. Je pris le temps d’observer son visage plus en détail : une mâchoire carrée, un nez fin et des yeux. Des yeux magnifiques, d’un gris envoûtant, comme une tempête. Une tempête pour l’instant calme.

- On est au moins trente mille à étudier ici. Tu ne m’as peut-être jamais vu avant.

- Je t’assure que c’est impossible.

- Et pourquoi donc ?

- Parce qu’une belle fille comme toi, je l’aurais repérée bien avant rétorqua-t-il, un sourire en coin se formant sur son visage.

Intérieurement, je me foutais de lui. Il voulait me mettre dans son lit, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure.

Malheureusement pour lui, je ne faisais pas dans les coups d’un soir, ni même dans les relations et les garçons en général. Dire que je détestais les hommes dans leur ensemble serait un euphémisme. Je les exécrais.

- Tu dis ça à toutes les filles que tu veux mettre dans ton lit ? Est-ce-que ça marche au moins ? La prochaine fois, tache d’être un peu plus subtil. Et laisse-moi suivre le cours.

- Oui, ça marche même très bien en général. Je m’appelle Jayden St Clair au fait.

- Je ne vous dérange pas ? déclara M Brown, ce qui me fit sursauter.

Le rouge me monta aux joues, mais, malgré ma gêne je ne pus m’empêcher de lui répondre rien que pour embêter le retardataire.

- Oh non, au contraire ! Vous me sauvez sûrement d’une IST en réalité !

Tout l’amphithéâtre était muré dans le silence, bien qu’un sourire amusé orne le visage de chacun. Ils n’avaient jamais rencontré quelqu’un qui voulait être tranquille pendant un cours ? Jayden me fusillait du regard et intérieurement, je jubilais. Je m’étais assuré la tranquillité.

Le professeur repris son cours là où il l’avait laissé mais les élèves affichaient toujours leurs mines choquées, leurs yeux braqués sur moi, notamment ceux du retardataire. Les deux heures passèrent extrêmement vite malgré leurs regards insistants.

J’avais l’habitude d’être fixée, pour les mauvaises raisons certes, mais je m’en étais accommodée. Au collège, j’en connaissais les raisons : j’étais la fille bizarre à éviter. Mais aujourd’hui en revanche… Ce n’était quand même pas une petite remarque sarcastique qui allait les choquer, si ?

Quand la sonnerie retentit, je fus la première à sortir du cours pour m’aérer. Je ne supportais pas d’être assise dans une salle close trop longtemps. La salle close n’était pas vraiment le problème. Le problème, c’étaient surtout les gens pratiquement collés dans l’amphi. Une véritable torture, surtout avec l’emmerdeur à côté.

Direction mon prochain cours, psychologie !