Lloyd Après la mort Laura - Partie 4 (2/2)

Laura - Partie 4 (2/2)

TW : DROGUE


Laura fait volte-face et part en courant, bousculant les passants un peu trop curieux sur son chemin.


J’ai sans doute déjà été signalée, s’ils me voient et qu’ils me reconnaissent, je suis mal.


Elle se faufile dans une ruelle sombre et débouche dans la rue parallèle à celle où elle habitait. Elle regarde à droite et à gauche, mais il n’y a personne.


Qu’est-ce que je vais faire maintenant ? se demande-t-elle. Je n’ai vraiment plus rien. Plus d’affaires, plus d’argent, plus de maison… Et je suis sans doute recherchée par la police.


Laura lève la tête et regarde autour d’elle.


Je n’ai plus nulle part où aller. Je… J’ai détruit ma vie.


Un vide se forme dans sa poitrine. Un trou béant, noir et froid. Elle regarde droit devant elle, sans pour autant voir ce qui l’entoure.


Elle est vivante. Mais elle n’a plus de vie. Plus d’avenir. Plus rien.


Laura s’adosse contre un mur et se laisse glisser jusqu’au sol. Vidée de toute énergie, elle n’a même plus la force de pleurer. Elle n’a plus la force de rien. Ses pensées sont blanches. Autour d’elle, le monde s’évanouit.


Tout disparaît. Tout devient flou et confus. Tout se mélange, s’assemble et se désagrège…


…jusqu’à ce qu’une main se pose sur son épaule.


Elle tourne lentement la tête vers l’inconnu.


Une vision effroyable insuffle la mort dans ses os.


C’est le policier qui lui a parlé. Celui qu’elle a renversé. Couvert de sang.


Laura hurle, dégage la main d’un coup sec et recule pour s’enfuir… mais à peine a-t-elle cligné des yeux que l’homme a disparu.


Le cœur battant la chamade, le corps tremblant et le souffle court, Laura regarde autour d’elle. Elle est seule. Seul un chat noir l’observe. Il miaule et part en trottinant.


Qu’est-ce qu’il m’arrive… je deviens folle ?


Laura avale difficilement sa salive et se redresse.


Je ne peux pas rester ici.


Elle se met à marcher, sans trop savoir où aller. Le temps se refroidit et Laura commence à grelotter.


Ma voiture.


Laura remonte alors la rue pour aller vers son véhicule, dans l’espoir de pouvoir passer la nuit dedans. Elle fait attention cette fois à ce qui l’entoure. Quelques lampadaires sont allumés et les lueurs du feu encore brûlant de son immeuble illuminent le ciel.


L’odeur suffocante de l’incendie lui pique soudain la gorge. Elle ne l’avait pas sentie jusqu’à maintenant, trop choquée et préoccupée pour y faire attention.


Laura remonte son pull au-dessus de son nez pour couvrir les relents étouffants et continue de progresser lentement. Un SDF est emmitouflé dans plusieurs couches de draps.


Je vais peut-être terminer comme ça… si je ne me fais pas attraper par la police avant…


Dans la rue de son immeuble, il y a encore quelques curieux et les pompiers sont toujours au travail. Ils luttent de toutes leurs forces pour éteindre le feu. La police les observe tout en essayant de renvoyer les civils chez eux et de contrôler les journalistes.


Laura baisse la tête et continue sa route, pour enfin arriver devant sa voiture.


Mais deux policiers et une dépanneuse sont présents. Elle se cache dans le renfoncement de l’entrée d’un immeuble.


Elle se penche pour voir les policiers discuter avec le dépanneur. Mais elle ne les entend pas. Elle aperçoit à peine leurs lèvres bouger.


Il n’y a jamais eu autant de policiers ici… je n’arrête pas d’en croiser depuis que je ne veux pas les voir…


Laura cligne des yeux, et la silhouette ensanglantée de l’homme qu’elle a tué apparaît derrière les policiers.


Elle crie. Attirant l’attention des forces de l’ordre.


— Hé ! Vous ! l’interpelle une voix féminine. Venez ici !


La respiration de Laura s’emballe. Elle fixe l’apparition sanglante. Et lorsqu’elle cligne à nouveau des yeux, elle disparaît.


— Vous m’avez entendue ? demande la femme en s’approchant d’elle. Venez ici !


Laura part en courant. Elle ne se retourne pas. Elle ne s’arrête que pour vomir.


Trempée de transpiration, Laura continue de marcher pour se mettre sous un pont. Elle s’écroule contre le béton dur et froid. Elle ne sait pas si les policiers l’ont reconnue, s’ils l’ont suivie ou non.


Je m’en fiche. Je n’en ai rien à faire. Je veux juste… je veux juste… que tout se termine. S’ils me retrouvent… je ne fuirai pas. Je dois…


— Hé.


Une voix grave masculine la tire de ses pensées.


— Je t’ai vu courir comme une folle jusqu’ici pour lâcher un beau vomi puant juste à côté.


Laura tourne la tête vers l’homme. Un grand homme chauve avec une cicatrice sur le front et aux yeux bleus. Il porte une veste en cuir noir. Et un sac sur le dos.


Il enlève son sac et en sort une seringue.


— Tiens, c’est cadeau, parce que t’as pas l’air d’aller bien.


Il ressemble au pire cliché du dealer.


Laura se redresse.


— Pas besoin… murmure-t-elle d’une voix faible.


— Hein ? T’as dit quoi ?


— J’en veux pas.


L’homme lève un sourcil. Puis il pose un sachet transparent contenant cinq seringues et un élastique.


— Comme tu veux. Je ne force personne moi, ça doit être du libre arbitre. Je vais quand même te les laisser là, suffit de te piquer le bras, comme une prise de sang. Petit conseil : sers-toi de l’élastique pour faire gonfler les veines.


L’homme se relève, patiente quelques secondes. Il émet un petit rire tandis que Laura ne quitte pas des yeux le sachet qu’il a déposé devant elle. Puis il tourne lentement les talons.


— Oh, au fait, si jamais tu te lances… il y a un bâtiment abandonné à cinq cents mètres dans cette direction, après le fleuve. Vas-y, au moins, t’aura un toit sur la tête et quatre murs autour de toi.


Laura reste silencieuse. Elle attend que l’homme parte.


Puis elle se penche et attrape le sachet contenant la drogue. Elle le regarde de plus près.


Après tout… ma vie est détruite…


Laura sourit. Elle ouvre le sachet, plonge la main dedans et en sort une seringue ainsi que l’élastique. Elle soupire, se frotte le visage.


Non. Tout, mais pas ça…


Elle lance le sachet mollement.


Elle reste un instant sans rien faire à regarder le ciel noir.


Puis ses yeux se dirigent vers le sachet. Elle se met à marcher lentement à quatre pattes jusqu’à la drogue. Elle saisit le sachet et ce qu’elle en avait sorti avant de revenir s’adosser au mur.


Elle regarde à droite, à gauche, déglutit.


Tester une fois, ça n’engage en rien, n’est-ce pas ?


Elle enroule l’élastique autour de son bras gauche et attend quelques secondes. Elle saisit une seringue, plante l’aiguille. Puis elle injecte son contenu dans son corps.


Elle a à peine le temps d’enlever l’élastique qu’une sensation de bien être étrange envahit tout son corps.


Laura s’effondre dans un fou rire déjanté.


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