Fyctia

On arrive devant la seconde entrée, je vois que le portail est fermé, j’essaye de l’ouvrir mais impossible ils l’ont fermé à clé. La seule fois où j’ai besoin que se foutue portail soit ouvert il est fermé.

— Et merde, râle-je.

— On peut sauter par-dessus. Suggère Sasha derrière moi.

— On n'a pas le choix de toute façon.

Je m’apprête à sauter quand je vois la voiture de Charly arrivé avec Eléonora au volant. Charly descend en courant. Il arrive vers nous et essaye d’ouvrir comme moi il n’y arrive pas. Il lâche plusieurs jurons, en râlant après le portail fermer.

— Allez gamine, faut grimper.

Je fais la courte échelle à Sasha pour l’aider et Charly la rattrape de l’autre côté. Je saute à mon tour, je rejoins les autres et je monte côté passager, pendant que Charly et Sasha montent sur les sièges arrière. Eléonora démarre à toute vitesse et les flics disparaissent derrière nous. Je souffle de soulagement, j’attrape mon téléphone dans mon sac et je regarde l’heure. Il est 23 heures, c’est bon on devrait rentrer à temps. Je détache mon foulard et je le range dans mon sac. Sasha est hyper heureuse, elle est sous adrénaline c’est ce que procure les courses poursuites avec les flics.

— Pourquoi c’est toi qui conduis ? Je lui demande.

— Parce que quand on est sorti du square les flics nous ont collé au cul et j’étais du côté conducteur.

Je ne réponds pas, préférant regarder le paysage. J’essaye de faire descendre mon adrénaline quand on traverse à nouveau le pont du Bronx. On arrive au feu rouge de l’orphelinat et par chance pour nous il est vert, on va pas avoir à s'arrêter devant. J’évite le plus possible de passer par là, en principe je prends un chemin plus long pour aller dans le Bronx mais aujourd'hui on avait pas le temps. Sans prévenir, Eleonora s'arrête au feu vert.

— Je sais que t’as pas le permis mais au feu vert on avance en général. Je lui dis.

Eléonora me regarde et comme si elle ne pouvait pas s’en empêcher.

— Charly je te dépose chez toi.

Il tourne la tête pour regarder où on est et bien sûr Charly commence à râler. Je les arrête tout de suite en leur disant de la fermer, qu’on va réussir à être en retard. Et par miracle ça fonctionne, Eleonora redémarre et reprend la route jusqu’à chez Charly.

Je vois enfin l’immeuble de Charly, Eléonora et lui se sont disputé tout le trajet, ils vont finir par me tuer. Elle se gare et je descends vite de la voiture je vais finir fou si je reste avec eux dans cette voiture. Je rentre dans l’immeuble et je monte, pendant qu’ils continuent de s’engueuler, suivis de près par Sasha. Je rentre dans l’appartement, je passe le petit couloir où se trouve la chambre et la salle de bain et j’arrive dans la pièce qui sert de cuisine, salle à manger et salon. Je vais direct au frigo pour attraper une bière, pendant que Sasha s’assoit sur le canapé. Je lui en propose une mais elle a été bien élevée, elle refuse de boire une bière parce qu’elle n’a pas l’âge. J'ouvre la mienne et je commence à boire. Je vais m'asseoir à côté de Sasha pendant que les deux autres idiots arrivent dans l’appartement. Ils sont toujours en train de se chamailler comme des enfants, enfin comme quand nous étions enfants.

Charly commence à parler à Sasha et si je comprends bien elle a bien aimé la soirée. Eléonora va de nouveau s’isoler sur le balcon une bière à la main et une cigarette dans l’autre. J’attrape ma petite boîte en fer et je sors la rejoindre. En arrivant à ses côtés, je m’accoude à la rambarde. Je lui montre ma petite boîte en fer mais elle refuse d’un mouvement de tête. Je remets la boîte dans ma poche. A la place j’attrape mon paquet de clope.

— Ça va ? Je demande.

— Ouais je pensais.

— A quoi ?

— Quand on bossait pour Roy. Elle me dit en me regardant.

Flashback

Je tiens la main d’Eléonora pour entrer dans la grande salle de réception qui accueille l'événement. Pour le bien de la mission on doit passer pour le parfait petit couple ce qui est absurde quand on sait qu’on peut pas s’encadrer. On doit trouver des informations sur le trafic des autres gangs et notamment sur celui de Soul, l’ennemi juré de notre boss, Roy. Pour cette soirée j’ai dû me transformer en pingouin avec un affreux costume. En revanche, Eléo est magnifique dans cette longue robe rouge. Malgré le fait qu’on ait 15 ans, on en fait au moins 18, ce qui nous permet de nous fondre dans la masse de monde. Je traîne Eléonora jusqu’à la piste de danse, j’arrive à nous frayer un chemin pour se mettre à côté du sbires de Soul de façon à écouter la conversation. J’attrape Eléo par les hanches et elle noue ses mains autour de mon cou, je commence à la faire danser. En même je me concentre sur la conversation qui se tient pas loin de nous. Le sbires de Soul s’en va au bar si on le suit ça va commencé à être suspect alors on reste sur la piste de danse. Eléonora a ses yeux fixés sur mes lèvres, son regard, ses mains qui caressent à la naissance de mes cheveux sur ma nuque. Je me penche vers elle et je pose ma bouche sur la sienne, je glisse une de mes mains au creux de ses reins pour la rapprocher de moi, je sens sa langue essayé de passer la barrière de mes lèvres et je stoppe tout. On a une mission qu’on ne peut pas oublier, si on commence ça, on arrivera à rien.

— On ne devrait pas. Je dis, essoufflé.

— Oui, je vais au bar.

Je ne réponds pas et je vais directement aux toilettes. Quand j’arrive personne n’est là, je me passe de l’eau sur le visage, il faut que j’arrive à redescendre. Je rentre dans les premières toilettes et je m'assois, ma tête entre les mains.

Au bout de 10 minutes je m'apprête à sortir pour retourner aider Eléonora quand j’entends quelqu’un entrer dans les toilettes . Je stoppe tous mes mouvements et je décide d’écouter.

— Il y a deux gamins de Roy qui sont là. La fille, c'est la petite qui vit chez les Williams. Ok, j’arrive.

Le mec se barre et je peux enfin sortir. Je rejoins rapidement Eléonora pour lui expliquer ce que je viens d’entendre. J’espère qu’elle ne sera pas en danger. On décide de partir pour aller faire une rapport à Roy.

Je me souviens de ce soir-là et du goût de ses lèvres. Je souris en la regardant. Ça fait des années que j’ai pas vu ses yeux de s’y prêt. La lune illumine son visage ça rend ses yeux bleu encore plus clair. Ils sont tellement profonds, ils reflètent sa vie et la douleur qui l’a bousillé. Elle a fini sa cigarette et me regarde elle aussi dans les yeux. Après avoir détaillé tout son visage, mon regard finit par se poser sur ces lèvres, elles ont toujours l’air aussi douce. Je remonte mes yeux sur les siens et je la vois regarder mes lèvres. Je ne sais pas quelle force me pousse à faire ça mais je me penche vers elle.