Fyctia
Chapitre 14.1: Rose
Après une après-midi où j’ai passé la plupart de mon temps à végéter sur le canapé, et à cause d’une nuit agitée. Je me sens encore plus perdue qu’auparavant. Mes songes ont été peuplés de cauchemars, je me revois encore dans les couloirs de la résidence, avancer sans but, je n’arrivais pas à trouver une des nombreuses issues de secours, et chuter dans un puits sans fond avant de me réveiller en sursaut et couverte de sueurs. L’angoisse et mes délires ont eu raison de mon sommeil. Vers trois heures du matin, j'ai abandonné l’idée de dormir sereinement.
Assise dans mon petit coin-cuisine, je déguste un café bien chaud. Afin de l’obtenir, je suis resté longtemps debout devant la machine avant de me lancer dans la confection de mon nectar. J’ai même honteusement cherché sur internet pour être sûr de comprendre son fonctionnement. Et je suis fier de moi. Ce n’est pas sans doute le meilleur breuvage du monde, mais c’est moi qui l'ai préparé. Chaque petite action entreprise me rend fière.
Trois petits coups à la porte, suivis du bruit des clés dans la serrure, me sortent de ma torpeur. Peu après, une tornade brune pénètre dans mon logement. Je reconnais Christy, cette dernière se comporte comme si elle était chez elle. J’apprécie son tempérament de je-m'en-foutiste, elle fait ce qu’elle veut sans se soucier des autres. J’aimerais être comme elle. Mes yeux la suivent dans mon logement, ses pas sont rapides, elle se laisse tomber sur la chaise à mes côtés. Me pique ma tasse de café, en bois une gorgée. Je suis tellement abasourdi qu’aucun mot ne sort de ma bouche.
— Beurk, comment fais-tu pour boire ça ? grimace-t-elle.
Je ne comprends pas, pourtant il ne me semblait pas si mauvais. Je hausse les épaules sans rien répondre. Elle se lève, vide le contenant de ma cafetière dans l’évier. Pourtant, moi, je le trouvais bon. Je la regarde s’activer dans mon petit espace cuisine. Elle prend le récipient, le remplit d’eau et enlève le filtre. Ensuite, elle se grandit pour récupérer le pot où se trouve l’arabica, puis attrape une petite cuillère qui se trouve dans un tiroir devant elle.
— Une cuillère, une tasse, regarde-moi faire, m’indique-t-elle
Je l’observe effectuer les tâches, comme cela, je ne me tromperai pas les prochaines fois. Quelques instants plus tard, un liquide brunâtre sort enfin de la machine, deux tasses sont déposées devant nous au bout de vingt minutes.
— C’est vrai que c’est meilleur, chuchoté-je.
Christy rigole à cette phrase puis enchaîne sur un autre sujet.
— Je ne l’ai pas remarquée hier soir, mais je saisis mieux pourquoi Ange semblait captivé par Rebecca, ajoute-t-elle en me détaillant de bas en haut.
Surprise par cette phrase sortie de nulle part, je lève mon regard vers elle. Je ne comprends pas ce qu’elle me raconte. Puis qui est cette Rebecca ?
— Chaque soir, les hommes vont au Club, ils ont pour habitude d’aller là-bas pour se détendre après une journée de travail. Certains boivent jusqu'à plus soif, d’autres profitent des plaisirs que les Brebis offrent…
— Les Brebis ? questionné-je en essayant de ne pas être trop intrusive.
— Oui, celles qui rêvent de devenir des femmes de Biker comme moi. Elles acceptent de coucher avec tous les hommes qui en éprouvent le besoin en espérant avoir le saint Graal.
— Cela sonne comme des péripatéticiennes, répliqué-je sans le vouloir.
Le rire de Christy résonne de nouveau dans la pièce, je me sens honteuse d’avoir prononcé ces mots. Je me tasse sur moi en attendant qu’elle se calme. Elle reprend son monologue sur leurs soirées au bar, et finit par m’avouer que je suis une bombe. Cependant, je ne comprends pas encore le lien entre moi et Rebecca. Je suis un peu perdu par cette conversation, elle me parle d’Ange, puis de moi et enfin cette fille, cette Brebis....
— Tu es une bombe, et certains des garçons ont des envies spécifiques à cause de toi. Alors, ils se rabattent sur des filles qui ont un physique identique au tien, m’annonce-t-elle doucement comme si elle ne souhaitait pas me choquer par ses propos. Puis, je prends enfin conscience de ce qu’elle m’explique.
— Je … Tu veux dire qu’il a … déclaré-je en cherchant mes mots.
— Oui, il a sauté cette fille hier soir, complète-t-elle.
Mes yeux s'écarquillent de stupeur, je n’arrive pas à croire un seul instant ce qu’elle m’explique. Pourtant, au fond de moi, je sais ce qu’elle m’indique est vrai. Un homme comme lui, ne peut pas s'intéresser à une fille comme moi. Je viens d’un monde tellement différent du sien. J’ai été élevé avec des valeurs familiales et sociales de haut standing, j’ai toujours fait attention à mon image. Je ne devais jamais commettre d’impair, il était de mon devoir de toujours être parfaite. Alors, je n’arrive pas à imaginer un seul instant, rester trop longtemps entre ses murs. Si je suis présente ici, c’est pour la simple et bonne raison que mon logement est inhabitable. Ces personnes qui m'accueillent sont de la famille de ma colocataire. Pourtant, une autre solution se présentait à moi, mais je ne pouvais décemment pas vivre avec Lisa. Nous avons deux emplois du temps opposés, de plus je ne me sentirais pas à l’aise chez elle. Même entre les murs de ce Club, je ne me sens pas super bien, mais c’est toujours mieux que de louer ou bien de vivre avec mon amie. Elle a trop de contraintes de planning et de rendez-vous médicaux. Je sais qu’elle est heureuse dans sa nouvelle vie, je ne vais pas bousculer une fois de plus son existence.
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