Fyctia
Chapitre 8.3 : Rose
— Ne crains rien, OK ! Je suis médecin, je n’ai pas abusé de toi, m’indique-t-il.
Comme si j’allais le croire.
— Sortez les gars, la demoiselle a besoin d’être rassurée.
Des grognements accompagnent ses paroles, pourtant ils lui obéissent. Serait-il le chef de ce groupe ? Non, je ne pense pas. Je crois plutôt que c'était celui de l’ascenseur. En tout cas, je suis reconnaissante de sa gentille attention à mon égard.
— Je me retourne, et tu peux observer par toi-même que tu portes toujours tes sous-vêtements.
Maintenant qu’il le dit, c’est vrai que je ne me sens pas totalement nue. Par respect pour ma part, le voilà qui se tourne et observe le mur. J’en profite pour chercher d’autres blessures. Aucune n’est visible, me voilà un peu rassurée.
Je tente de m’assoir en douceur sur ce qui ressemble à un lit de camp, je scrute le t-shirt noir avec des dessins de têtes de mort qui est trois fois trop grand pour ma frêle stature. Cependant, le pantalon semble être plus à ma taille. Rassurée quant à ma tenue, je scrute la pièce afin de comprendre dans quel environnement je me trouve.
Le lieu est ce qu’il y a de plus sommaire. Un lit sur lequel je suis installée, deux chaises sont positionnées en face de moi, sûrement disposées ici pour les hommes qui viennent de quitter la chambre. Une table basique, avec de la vaisselle entreposée dessus et aux vues, je pense qu’ils ont passé la nuit ici.
— Je suis Joe. Si cela peut te calmer un minimum, tu ne crains rien avec nous. Aucun des hommes que tu croiseras ne te fera le moindre mal, nous avons reçu des ordres de notre Prez.
Mes pensées défilent à vive allure dans mon cerveau. Quel Président ? Puis je me souviens de ce que Kristen m’a indiqué hier matin. Le type dont il parle est le père de ma colocataire.
— Pourquoi ne suis-je pas à l’hôpital ? le questionné-je doucement.
— Pas d’hôpital pour nous, grogne l’homme à l’air revêche qui entre de nouveau dans la pièce, suivi de son compagnon.
— Euh… d’accord, répondis-je en remontant le drap.
— N’aie pas peur, Killer peut se montrer un peu brut, mais c’est un nounours en guimauve dans le fond.
Je hoche simplement la tête quand le bruit de gorge du dénommé Killer résonne.
— Je suis donc Joe, comme tu l’as compris, recommence mon interlocuteur. Nous t’avons soignée et veillée toute la nuit.
Pendant qu’il continue de faire son discours, je distingue Killer, le gros nounours s'asseoir sur une chaise au bout de la pièce, à proximité de l'entrée. Pour moi, cette personne me paraît beaucoup plus renfermée que les autres. Sa stature est également différente, plus étoffée que celle de ses camarades au niveau de sa musculature, son visage fermé m’indique qu’il n’est pas enchanté de se trouver ici. Joe, lui, passe pour la personne de confiance, il est plus avenant, plus ouvert d’esprit, et communique facilement avec moi. Le seul point commun entre ces trois protagonistes est ce tatouage situé sur le cou, un ange.
La porte s’ouvre sur un quatrième homme portant un plateau-repas qu’il dépose au bord du lit. Ce dernier ressort aussi vite. J’essaie tant bien que mal de m’installer plus confortablement, les grimaces m’accompagnent et ma tête ne cesse de tourner à chacun de mes mouvements. Je finis par caler mon dos contre le mur, je ressens une sorte de vertige, rien d’alarmant au vu de la situation, mon corps me fait comprendre que cette nuit n’a pas été de tout repos pour lui.
J’hésite, Joe me sourit afin de m’inciter à me nourrir. Il prend une tasse de café, la boit devant moi, afin de me prouver que je ne risque rien. Bien que le repas qui m’est présenté, n’ait rien de bien exceptionnel, l’odeur commence à me donner faim. Il est composé d’œufs, de bacon, ainsi que d’un café à l’allure douteuse. La mixture est marron foncé et a l’air d’avoir été faite par un enfant jouant avec de l’eau et de la terre. Je n’ose pas le porter à mes lèvres. Le tout est accompagné d’un verre de jus de fruits qui me semble artisanal. Il y a aussi quelques morceaux de pain coupés en tranches, des confitures et un peu de beurre, beaucoup plus appétissant que le liquide brunâtre. Mes habitudes alimentaires sont à l’opposé de ce qui m’est proposé, mais je ne veux pas jouer la fine bouche alors que j’ai de quoi me sustenter. Je commence donc à grignoter les tartines, la miche n’est pas fraîche, la confiture ne paraît pas trop mauvaise, en revanche, je n’ose pas toucher au beurre. Son aspect est le même que le café, mais ce dernier est recouvert d’une peau verte, je préfère ne pas prendre de risque. Cependant, je ne souhaite pas me montrer ingrate envers eux non plus. Ils m’ont sauvé la vie cette nuit.
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