Fyctia

Mes yeux parcourent la pièce dans laquelle je me trouve. Lisa est à mes côtés, je sens la présence de Mike, pas loin dans le couloir, il préfère rester en retrait afin de nous laisser du temps entre nous.

— Ce n’est pas si pittoresque que ça en a l’air, tu sais Rose. Puis je suis sûr que tu auras une super colocataire cette année.

— C’est sûr que ce n’est pas l’Écosse…

Intérieurement, je gémis tout en regardant ces deux lits simples installés au fond de la pièce. Sur ma droite se trouve une porte, je pense que c’est la salle de bain. Je ne supporterai pas d’aller me laver dans des espaces communs avec d’autres étudiants. Déjà que partager cette chambre avec une inconnue m’est insupportable, mais j’ai promis de fournir des efforts à mes géniteurs.

Inspire. Expire. Inspire. Expire.

Ce n’est pas le moment de se rendre malade pour des broutilles, comme dirait si bien Lisa. Alors, j'applique encore durant quelques secondes ma technique de respiration avant d’avancer dans ma chambre. J’observe les deux couchages avec attention, ils sont identiques, mais je préfère prendre celui qui est le plus éloigné des portes. Je dépose mon sac à main sur le lit, mes bagages devant le petit placard. Mes yeux passent des valises au rangement, je me demande comment je vais tout faire rentrer dedans sans froisser mes vêtements.

— Personne ne s’attend à ce que tu aies une tenue parfaite ici. Vis au jour le jour, et permet à l'imprévue de dicter ton rythme de vie.

Ses paroles bienveillantes me rassurent.

— Plus facile à dire qu’à faire…

— Tu as quinze jours avant d’entrer dans le grand bain. Voilà ce que j’ai sur ta colocataire. Elle a dix-huit ans, elle vient de Boston, et étudie comme moi à HBS. Son père est un personnage haut en couleur dans la ville. Elle sera parfaite pour t’aider à lâcher prise.

En entendant ses mots, je commence à me dire que Lisa me cache des choses, alors j’exprime

mon interrogation.

— Tu ne me dis pas tout !

— Mystère, je garde le meilleur pour la fin. Tu sauras le reste à la rentrée.

Son petit rire à la fin ne me rassure pas, alors je réplique telle une enfant pourrie gâtée que je suis en temps normal, dans l’intention de me détendre.

— Méchante…

Je prends une grande inspiration, je n’ai jamais fait ça de ma vie, c’est tout nouveau pour moi. Je me baisse, ouvre mon bagage, et commence à prendre mon linge un par un afin de les déposer le plus proprement possible sur les étagères. J’empile les chemises les unes sur les autres, suivis de mes pantalons. Sans bruit, je continue mon installation. Un nouveau rire me coupe dans mon rangement, je sais que Lisa en profite pour se moquer de moi.

— Super, tu vois que tu y arrives.

— Oui, Super, répliqué-je avec ironie.