Manu69 Angel’s Boston Chapitre 3.1 Rose

Chapitre 3.1 Rose

Mi-août.

Ce vol a une saveur particulière, jusqu’à aujourd’hui, je n’avais jamais mis les pieds dans un aéroport aussi grand. Mes yeux parcourent le tarmac, observant les nombreux avions stationnés aux différents terminaux. Avant aujourd’hui, je ne me déplaçais qu’en jet privé pour de long voyage, mais ma venue ici à Boston a pour but de commencer une nouvelle vie. Enfin, surtout pour étudier à Harvard, où je vais retrouver ma meilleure amie. Elle est arrivée dans cette université l’année dernière, mais hélas à cause d’une rechute dans son cancer, elle a dû mettre un arrêt à ses projets. Pourtant nous avons décidé de ne pas stopper mes projets en vue d’être indépendants. Surtout que mes parents n’étaient pas totalement d’accord pour que je quitte le pays. Pour faire accepter mon choix, j’ai pris le meilleure cursus universitaire, dans ce prestigieux établissement afin de leur prouver qu’après mes années ici, je serais capable de reprendre les reines des affaires familiales. Donc depuis un an que nous préparons activement ma venue dans ce pays.

La peur me noue le ventre, je n’aime pas être conforté à l’inconnue, mais mes médecins affirment qu’il est temps que je sorte de mon cocon. Je sens que l’angoisse se propage en moi.

Inspire. Expire. Inspire. Expire.

Je me concentre sur ma respiration, mes mains sont moites, je les essuie délicatement sur mon pantalon. Un tintement de cloche me fait lever les yeux vers les hôtesses présentes dans l’appareil. Elles semblent se mettre en place pour notre sortie. Je remarque que quelques personnes sont déjà debout dans les allées. Ils sont pressés de quitter ce tas de ferraille. Je les comprends, nous venons tous de voyager durant plus de sept heures.

Une heure après l’atterrissage, je me tiens debout dans le hall de l’aérogare, j’observe le flux de passagers se déplacer à toute vitesse autour de nous. Mes yeux cherchent désespérément Lisa, elle m’a promis de venir me chercher. Pourtant, je suis seule dans cet espace, avec mes bagages à mes pieds. Les minutes semblent s’éterniser… puis soudain, j'aperçois une jeune femme blonde vêtue d’une tenue des années cinquante. Il n’y a bien que mon amie pour se vêtir ainsi. Nous sommes à l’opposé vestimentaire parlant. Je suis habillée sobrement, mais avec élégance. Mes valises sont remplies de chemisier et de pantalon en lin, depuis toute petite, je dois faire attention à l’image que je donne. Lisa, quant à elle, n’est pas soumise à cette pression sociale. Elle est libre d’être qui elle souhaite, même si nous avons été élevés ensemble. Sa mère a été ma nourrice durant mon enfance, aujourd’hui, elle fait partie des gouvernantes en chef de notre domicile écossais.

— Rose, je suis désolée de mon retard, j’avais oublié comment cette ville peut être bouchonnée !

Mon amie me prend dans ses bras. Moi qui n’apprécie pas spécialement les signes d’affection en public, je dois dire que je suis servie. Pour autant, aujourd’hui, cette étreinte me rassure. D’une voix mal à l’aise, je lui réponds.

— Ce n’est pas grave.

— C'est faux, tu n’as jamais su mentir ma belle. Allons-y, Mike nous attend garé en double file devant.


Sans me laisser le temps de répliquer, elle prend en charge mon gros sac de voyage. Et avance d’un pas décidé dans l’espace d’accueil des passagers. Lisa ne cherche pas à éviter les nombreuses personnes qui déambulent dans le but de trouver leur famille ou de prendre leur vol. Non, elle fonce droit dans le tas, je la suis dans une démarche précipitée, ma valise à roulette à la main, tout en m’excusant sur les rares individus que nous bousculons. Une fois au-dehors du bâtiment, elle ouvre le coffre d’un SUV stationné sur les places réservées aux Taxis. Je sens le regard furieux des chauffeurs à qui ils ont emprunté les airs de chargement. Le bruit d’une portière me sort de ma contemplation, un homme s’avance vers nous. Je reconnais Mike, le frère de Lisa, ils vivent tous les deux ici. Ce dernier fait partie d’une agence privée de sécurité, mes parents l’ont embauché pour s’assurer que je ne craigne rien dans cette ville. Je le salue d’un geste de la main, pendant qu’il m’ouvre l’arrière du véhicule afin que je m’installe à l’intérieur. Lisa s’assoit à mes côtés, et laisse échapper un soupir de fatigue.


— Ma vie est éreintante.

— Mère m’a appris que tu avais commencé un petit boulot avant …


Je me stoppe dans ma phrase en me rendant compte de quoi j’allais parler. Ce sujet n’est plus tabou entre nous, mais nous n’aimons pas aborder la maladie, car nous n’avons aucun moyen de savoir de quoi demain sera fait. Surtout pour Lisa.


— Oui, j’avais espoir à ce moment-là de pouvoir économiser assez d’argent dans le but d'obtenir un logement. Celui de la résidence étudiante est un peu trop bruyant.


Lors de ses paroles, je sens du coin de l'œil qu’elle m’observe se poser. Désirant changer de sujet de conversation, je la questionne avec sérieux sur son état de santé.


— Comment vas-tu ?

— Mieux, beaucoup mieux. Les médecins estiment que la chimio sera efficace. Ils sont confiants, alors je le suis aussi.

— C’est super Lisa, je suis tellement heureuse pour toi.


Le trajet jusqu’au campus de Harvard dure une bonne demi-heure, nous en profitons ce laps de temps pour parler de tout et de rien. Avec Lisa à mes côtés, je sais que cette année sera bonne.

Du moins je l’espère.


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