Fyctia
Chapitre 2.1
Notre arrivée dans les rues adjacentes de notre QG me rend serein. Je jette un coup d’œil à mon camarade de trajet, ses yeux observent les bâtiments qui nous entourent. Il y a eu du changement lors de ces dernières années, la ville s’est agrandie, ainsi que notre quartier, de nombreux immeubles sont sortis de terre. Les anciens bâtiments en brique rouge sont bientôt remplacés par des structures plus design, cela fait perdre du charme au lieu, ce que je trouve dommage, car c’était l’âme de la ville. Je sais que toutes ses nouvelles informations sont analysées par Killer, c’est son job, il doit tout connaître des alentours de notre club. Je ralentis l’allure afin de lui faciliter la tâche, puis je dois avouer que cela me fait du bien aussi, je vais pouvoir détendre un peu mes muscles endoloris par tous les miles que nous avons vu passer sous nos pneus.
Moins de vingt minutes après notre arrivée dans cette zone de résidence, nous stationnons nos engins sur le parking de notre Club. Mes yeux se posent sur le Pub que nous détenons, le Devils Angel, il semble que du monde y soit encore présent. Je jette un coup d’œil et remarque la présence d’un certain nombre de motos, le Van quant à lui s’insère entre deux immeubles afin de rejoindre la cour intérieure afin de mettre en sécurité notre précieuse cargaison.
Je coupe le contact de mon bolide, m'extraie de l’assise, salue les hommes présents devant la porte de l’établissement. Je lance les clés de ma Harley au prospect le plus proche.
— Prends-en soin, lui indiqué-je en pénétrant dans le bar.
À peine mes pieds foulent le sol en bois du commerce qu’une tornade brune me saute dans les bras. Je la rattrape avec facilité, son bonheur se lit sur son visage, elle me donne une étreinte avant de s’écrier dans mes oreilles.
— Ange, tu es rentrée enfin !
— Je ne suis pas parti depuis longtemps.
Je la laisse glisser au sol, mes yeux se posent sur elle, je sens qu’elle n’est pas dans son état normal, elle semble bourrée d’angoisse.
— Je t’attendais pour la lettre, je suis nerveuse.
— Tu es une tête, je suis sûr que tu es prise, la rassuré-je.
— Hum, oui, on peut aller le découvrir ?
Quand elle est dans cet état, je la trouve vulnérable, ce n’est pas sa faute, elle a grandi en étant entourée d’hommes aussi bourrus les uns que les autres. Ils se sont pliés en quatre pour qu’elle ait une enfance quasi normale, mais depuis qu’elle est entrée au lycée, j’ai l’impression qu’elle n’arrive plus à se faire confiance, elle se sent en décalage avec notre univers. Alors, savoir qu’elle a postulé dans une des plus grandes universités du pays, ça me fait un peu mal au cœur, car je ne la sens plus elle-même. Heureusement pour moi, elle ne sera pas loin. Nous pourrons toujours avoir un œil sur elle, même si elle a demandé à plusieurs reprises à notre père d’avoir une vie d’étudiante normale, de vivre pleinement cette expérience, elle souhaite résider sur le campus. Rien que d’y penser, j'en ai des sueurs froides.
Je la suis docilement vers le comptoir, où se trouve l’enveloppe de Harvard, ses doigts fébriles l’ouvrent, ses yeux parcourent les lignes, ses mains commencent à trembler. Je la sens submergée par les émotions. Son visage se lève vers moi, les larmes sont visibles dans ses yeux.
— Je suis prise en HBS.
— Vous avez entendu ! hurle notre père. Ma fille est prise à Harvard. Fêtons ça !
Tout le monde se met à bouger telle une fourmilière, les clients qui n’appartiennent pas au Mc sont gentiment escortés vers la sortie. Ils ne disent rien, ils savent qu’ils ne sont là que pour les boissons et les filles. Les règles sont simples chez nous, nous sommes les chefs des lieux, nous ordonnons, ils obéissent sans rechigner, sinon ils sont bannis pour la vie du Devils Angel.
En l’espace de quelques minutes, l’ambiance a littéralement changé dans l’établissement. Les membres du MC qui n’étaient pas présents, arrivent les uns après les autres, suivis par quelques régulières, elles sont rares dans notre groupe. Du coin de l’œil, j’aperçois les brebis qui s’affairent dans tous les coins, afin de préparer la plus grande fête qui soit donnée pour l’acceptation dans une université prestigieuse d’un noyau du « gang », comme l’appellent les civils qui ne connaissent pas notre mode de fonctionnement.
Lorsque les portes sont fermées, nous sommes enfin entre nous, la musique fait son apparition, ce n’est pas ce que les gars ont l’habitude d’écouter, mais plus de la pop, ma sœur raffole de ce type de chansons. Comme c’est sa soirée, on lui fait plaisir, car nous savons bien que les autres petites luxures que nous avons lors de nos fêtes privées ne seront pas présentes tant qu’elle sera là dans l’espace du Bar. Sexe, alcool et diverses petites substances illicites sont à l’abri de ses prunelles.
0 commentaire