Fyctia
Chapitre 1.2
Un second son strident se fait entendre à l’entrée de la prison, je tourne mon visage dans cette direction, je sais que c’est lui qui arrive. La ponctualité est de mise dans ce genre d’établissement. La grille s’ouvre dans un grincement sinistre, j’aperçois une ombre épaisse au fond du hall de sortie. Killer arrive dans une démarche lourde. C’est impressionnant la musculature qu’il a prise durant son séjour ici. Avant, il était imposant, mais aujourd’hui, il ressemble à un monstre, il va faire trembler plus d’un homme… Nos partenaires commerciaux seront peut-être rassurés par sa présence à mes côtés lors de nos prochaines affaires. Ses types nous rémunèrent afin d’effectuer le sale boulot, c’est-à-dire d'entreprendre de nombreuses heures de route entre le Mexique et le Canada afin de livrer diverses marchandises illicites. Ce job, nous l’effectuons sans rechigner depuis quelques années que nous roulons avec des cargaisons en provenance de ces pays. Bien après la création du MC, en mille neuf cent quatre-vingt-dix. Ils sont aussi nos principaux fournisseurs d’armes et de drogues. Bien entendu, nous en profitons pour nous faire payer gracieusement pour les risques pris par mes camarades.
— Encore perdu dans tes pensées, gamin, grogne Killer d’une voix rocailleuse, qui est à présent devant moi. Cet homme d’un mètre quatre-vingt-dix, cent cinquante kilos de muscles, aux yeux marron, m’observe avec son air d’ours mal baisé.
Je prends un air sérieux avant de l’interroger.
— Question, où est ta belle chevelure de Raiponce ?
— Dans ton cul de petit merdeux, réplique-t-il avec un sourire qui se dessine sur ses lèvres.
— Vice-Président, s’il te plait avec un peu plus de respect merde, argumenté-je en le prenant dans mes bras. Bon sang ! ça fait plaisir de voir ta carrure d’homme des cavernes.
— Plaisir partagé gamin.
Sa main vient taper mon dos dans un élan maîtrisé, car je sais qu’il n’a pas mis toute sa force, sinon je crois que je perdrais deux ou trois côtes au passage. Le surnom qu’il me donne me rappelle de nombreux souvenirs d’enfance, que j’ai avec les plus anciens membres des Angel’s. Ils m'ont toujours nommé ainsi, certes, je suis l’un des plus jeunes membres du Club, mais il faut penser aussi que je suis le fils du Prez. Du haut de mes un mètre quatre-vingts et de mes vingt-cinq ans, j’aborde les mêmes yeux bleus que ma mère, j’ai un physique aussi avantageux que mes camarades dus aux nombreuses heures en salle de sport. Donc oui, je suis le “bébé” du groupe, alors j’accepte docilement le titre donné par les anciens.
— Nous t’avons amené ta femme, je pensais qu’un road trip te ferait plaisir après tes vacances au Club Med.
Durant mes paroles, je lui désigne sa moto qui est installée sur une remorque à l’arrière du Van. Ses pieds se mettent en mouvement dans la direction indiquée, d’un saut souple, il se hisse sur la plateforme. Je remarque que ses prunelles pétillent, ma surprise lui plait, j’en suis heureux. D’un geste de la main, j’ordonne au Prospect de lui apporter son cuir. Il se dirige sans un mot vers l’avant du véhicule, ouvre la portière passagère avant d’en extraire son vêtement, puis il s’installe près de Killer afin de le lui donner. Mon ami l’attrape avant de l’enfiler sans prononcer un mot, pourtant je sais que ce geste a une grande importance pour nous les bikers. Un soupir de bien-être se fait entendre, je reconnais une lueur dans ses yeux, il se sent enfin entier, lui-même. Puis il s’active sur les cordes qui tiennent sa moto, je le laisse faire seul, car même moi, je n’accepte pas d’aide pour faire descendre mon bolide de la remorque. Killer est en train de retrouver ses marques. Au bout de longues minutes, il descend avec minutie son bébé, ses yeux sont brillants, il est ému, je le sais, je le sens. Il m’adresse un signe de la tête pour me remercier de cette attention envers lui.
Le moteur de Killer claque dans le silence relatif de ses lieux, car au loin, nous entendons les hurlements des détenus. Je démarre la mienne, je jette un coup d’œil afin de m’assurer que le conducteur du véhicule est prêt aussi et partons dans le bruit de nos motos.
Nous rentrons à Boston.
3 commentaires
loladu1480
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Il y a 4 mois