Béthanie.Fala Anathème Chapitre 2

Chapitre 2

Sur ma langue, la sienne fondit, nos goûts se lièrent, j’ouvris les yeux pour admirer ses longs cils qui me caressaient le visage. Il m’entraîna dans sa chambre à coucher et toujours sans un mot retira son pull-over, m’offris son torse au tracé parfait en y plaquant mes mains. Je ne résistai pas, nous fîmes l’amour, encore plus intensément que la première fois.


Enfin presque...


Encore ces foutues détails... Cette souffrance du corps mutilé...

Je restai songeuse en caressant sa tête nichée au creux de ma poitrine, me délectant de chacune de ses caresses. De ses paroles aussi.


- Tu es belle et forte, même magnétique !


Incomplète serait plus juste.

L'adjectif n'était pas méchant, pourtant il me crevait à

l'intérieur. Je dirais même qu'il s'évertue à me tuer.


Toutes les parties de mon corps vibraient encore d'une jouissance imaginée, avec lui, mon dévoiement est sauvage, brute, à l’instar de mes écrits et de mes fantasmes. Je ne connaissais rien de sa vie, hormis ce qui me paraissait évident ou nécessaire. Dans sa chambre à coucher, en haut d’une armoire, plusieurs masques africains témoignaient de sa connaissance de mes origines, ce constat me fit peur, car j’ai toujours accordé trop de confiance aux hommes de ma vie sans aucun gage de réciprocité. À commencé par mon géniteur...


- Ce sont des souvenirs d'anciennes missions humanitaires…


Il m’embrassa à la fin de sa phrase.


- Si tu le dis… Je te crois.


Été-t-il de ces briseurs de destins ? De ceux qui déchirent les chairs des femmes ?


Il renouvela son baiser auquel j’eus envie de me soustraire cette fois. La perplexité lui donnait un air juvénile faisant fi de sa trentaine. L’envie de le cuisiner d’avantage me brûlait la langue, mais la peur de tuer son désir pour moi m’en dissuada. Je feignis une moue féline, et me recroquevillai en cuillère contre lui telle une chatte en demande d’affection.


Ce qui me caractérise plutôt bien finalement, un animal sauvage en manque.


La tension nous tendit à nouveau, je sentis la sienne durcir au bas de mon dos. Il dégagea ma nuque pour la caresser du bout du nez.


Comment peux-ton me désirer ?


- Tes parents sont des bourreaux et ton mari un connard !


Je ne répondis pas à cette provocation tandis qu’il me consolait. Son regard devint suppliant, se heurtant à ma fragilité dévoilée. Sous les néons tamisés de sa lampe de chevet, les plaies de mon union et de mon passé étaient entièrement visibles. Il les recouvrit du drap, puis me réchauffa de compassion ou d’un tout autre sentiment que je peine toujours à m’expliquer.Je m’appliquais à graver ses interactions comme si j’aillais mourir ensuite, ce que je faisais toujours dans l'urgence lorsque quelque chose d'aussi bancale que le bonheur me submergeait . Mon subconscient se créa des phrases lapidaires distillées par milliers aux responsables de mon état de petite chose fragile respirant par à-coups.


Je les hais, les maudis, les renie.

Ce mantra serait mon absolution.


Je venais de trouver la réponse à ma question. A est de ceux qui guérissent, du moins tente de raccommoder. Je cultiverai ce mantra de manière régulière, avec un peu de chance, il suffira à tourner la page, même si les stigmates resterons à vie. Il, posa sa bouche sur mes mots avant même qu'ils ne s'échappent de ma bouche et en emporta un peu dans la sienne.


- Tu n'as rien à te reprocher, pas à avoir honte !


J'eus le cœur éventé de colère, et même la voix tapis quelque part s'apaisa un peu.


- J'ai passé toute mon adolescence à me blâmer ...


Il arqua un sourcil suspicieux, brûlant de cette colère dont il venait de me délester.


- Arrête maintenant ! Relève-toi et vis !


Je l'écoutais me dire à quel point j'étais forte et insaisissable, à quel point je n'avais besoin de personne pour exister. Qu'il est possible de guérir de ce genre de traumatisme, se remplumer, devenir une équation indéchiffrable imperméable à toute violence.


- Tu as raison, un jour, je partirais...

- Un jour ? C'est aisément soluble comme énigme, ça manque de détermination !

- Tu as raison...


Contre le torse de A, je déversais mes maux aussi facilement qu'un fruit pressé.


- On souffre tous quelque part, fait en une force.

- Mais ces voix, ce double, les cauchemars... j'en fais quoi?


Il tira sur le drap et m'attira encore plus contre le lui.


- Une force ! Un talent ! Peu importe, pardonne lui...


C'est ça l'amour ? Un flot de vérité soufflé par une brume de menthol sur un lobe ?


Cette révélation due me rendre jolie, car j'eus le droit à l'un de ses plus beau sourire.

La nuit commença à se peint peu à peu contre les carreaux, je passai la main dans ma chevelure, et me redressai, m'extirpant du cocon de soie et de la chaleur de mon amant. J'émergeai de mon adultère persuadée d'être une héroïne.


Il y a toujours eu du beau dans le laid.

J'étais une victime en rémissions, parfumée au menthol.


La petite voix se contorsionna dans mon esprit, je lui laissai le champs libre avec la même ferveur qu'on se sacrifie.


Ne plus avoir peur est une expérience particulièrement émouvante.

Je marchais gaiement sur le chemin retour, je flottais dans mon subconscient, j'attendais la revanche de la petite voix, celle de la petite fille mutilée. Je gardai espoir.



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